L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) a révisé à la baisse, vendredi, ses prévisions de ventes de maisons pour cette année et la suivante, car moins d’acheteurs se lancent sur le marché.

L’Association s’attend à ce que 464 239 propriétés changent de main cette année, une baisse de 6,8 % par rapport à l’an dernier. Elle prévoit également que 516 043 propriétés seront vendues en 2024.

Dans ses prévisions d’avril, l’ACI avait indiqué s’attendre à ce que 492 674 propriétés soient vendues cette année, soit une baisse de 1,1 % par rapport à 2022. Elle projetait alors qu’au total, 561 090 maisons seraient vendues en 2024.

Alors que l’association affirme avoir constaté un rebond des ventes dans la plupart des régions du pays, les hausses de taux d’intérêt continuent de peser sur les coûts d’emprunt et le sentiment des acheteurs.

L’ACI constate en outre que les marchés sont toujours entravés par un manque d’offre, bien que les prix n’en souffrent pas autant que les ventes.

Elle prévoit maintenant que le prix national moyen des maisons diminuera de 0,2 % par rapport à 2022 pour s’établir à 702 409 $ cette année, avant de grimper à 723 243 $ en 2024.

Dans ses prévisions d’avril, elle évoquait un prix moyen de 670 389 $ cette année, et de 702 200 $ en 2024.

L’un des principaux facteurs qui pèsent sur les prix est les nouvelles inscriptions à la vente, qui, sur de nombreux marchés, restent inférieures aux niveaux d’avant la pandémie.

« Le nombre de nouvelles inscriptions rattrape maintenant celui des ventes, mais cette évolution ne devrait pas donner lieu à de nouvelles hausses importantes des ventes. En effet, certains acheteurs vont probablement se replier, comme ils l’ont fait en 2022, pour attendre des signes supplémentaires de la part de la Banque du Canada et connaître les données sur lesquelles elle fonde sa politique », a expliqué vendredi l’ACI dans un communiqué.

« À plus long terme, on observe également un consensus progressif quant au fait que les taux ne seront pas seulement plus élevés, mais qu’ils le resteront probablement plus longtemps, jusqu’en 2024. »

Les prévisions de l’ACI ont été publiées en même temps que ses données sur les ventes de logements pour le mois de juin, qui montraient une hausse de 1,5 % des transactions par rapport au mois de mai, sur une base désaisonnalisée, pour se chiffrer à 40 449.

Le nombre réel de ventes s’est établi à 50 155 en juin, soit une augmentation de 4,7 % par rapport au même mois l’an dernier.

En outre, le prix moyen a atteint 709 218 $, ce qui représentait une hausse de 6,7 % par rapport à juin 2023. Sur une base désaisonnalisée, il était de 709 103 $, en baisse de 0,7 % par rapport à l’année précédente.

Les nouvelles inscriptions ont diminué de 11,1 % par rapport à l’année dernière, pour s’établir à 84 749, mais en hausse de 5,9 % sur une base désaisonnalisée par rapport au mois précédent à 63 571.

« Les marchés de l’habitation semblent se stabiliser à l’approche de l’été, après une année en dents de scie », a souligné le président de l’ACI, Larry Cerqua, dans un communiqué.

« Plus important encore, l’augmentation du nombre de nouvelles inscriptions au cours des derniers mois donnera plus de choix aux acheteurs et devrait ralentir la hausse des prix dans la deuxième moitié de l’année. »

Une pause dans les mois à venir

L’économiste Shelly Kaushik, de BMO Marchés des capitaux, a vu dans les chiffres de juin la preuve que le marché continuait de se redresser et qu’il avait ignoré la hausse des taux de juin de la Banque du Canada.

« Une seule hausse des taux n’a pas suffi à calmer la psychologie du marché en juin », a-t-elle écrit dans une note aux investisseurs.

Son point de vue était soutenu par le fait que le pays avait enregistré sa cinquième augmentation mensuelle consécutive des ventes, avec des niveaux d’activité fermement dans la fourchette prépandémique.

Cependant, elle a noté que les données des ventes nationales masquaient certaines différences régionales, notamment une baisse de 6,9 % des ventes de maisons dans la région du Grand Toronto, qui a été plus que contrebalancée par des gains en Colombie-Britannique et en Alberta.

À l’avenir, Mme Kaushik s’attend à ce que l’activité « prenne une pause dans les mois à venir après (ce que nous pensons être) la dernière hausse de la banque » intervenue cette semaine.

« La banque devrait rester en attente pour le reste de l’année, mais [nous] surveillerons la situation de près pour voir dans quelle mesure la reprise du logement alimentera des mesures d’inflation plus larges. »