Un entrepreneur en série souhaite implanter un parc industriel écologique dans la région montréalaise.

La société Marimac, présidée par Paul Nassar, a fondé une coentreprise avec la française Tellos, experte dans les infrastructures écologiques et environnementales. Les deux partenaires, à la recherche de terrains industriels d’une superficie de 750 000 à 930 000 m⁠2, souhaitent s’établir à Terrebonne. Des discussions ont eu lieu avec l’administration municipale.

M. Nassar est le propriétaire de la chaîne de magasins Hart depuis 2015.

La coentreprise regarde favorablement Terrebonne parce qu’il y a un bassin de talents à proximité, la présence des réseaux de télécommunications et une disponibilité de terrains.

En 2021, la Ville de Terrebonne a acheté coup sur coup deux terrains de 1,6 million de mètres carrés au total dans le voisinage du site d’enfouissement de Lachenaie d’Enviro Connexions. Le but était d’y aménager le huitième parc industriel de la ville, un parc à vocation économique et écologique.

« On essaie de démontrer à la Ville de Terrebonne que Tellos et nous sommes le bon groupe pour développer ce parc industriel en raison de l’expertise de Tellos », dit-on chez Marimac.

Un premier exemple en Alsace

Existant depuis une quarantaine d’années, le groupe Tellos a aménagé récemment l’écoparc industriel Axioparc, près de Strasbourg, en Alsace. Trois autres parcs sont en voie de réalisation en France.

ILLUSTRATION TIRÉE DU SITE INTERNET DE TELLOS

Le modèle d’Axioparc serait adapté à Terrebonne.

Le modèle d’Axioparc serait adapté à Terrebonne. Entre autres particularités, on y trouve un réseau de chaleur en propre, alimenté par une chaufferie biomasse, un parc photovoltaïque (énergie solaire) au sol de 25 MW et sur les toitures, et une station de production d’hydrogène vert pour répondre aux besoins du transport lourd de demain.

« Un parc industriel a une durée de vie de 30 ans et plus », explique au bout du fil Nicolas Carboni, directeur général de Tellos.

Trop souvent, un parc est conçu uniquement en fonction des besoins actuels des entreprises. Tout notre travail a consisté à anticiper dans un horizon de 15 à 20 ans ce que pouvait être l’environnement dont les entreprises auraient besoin pour implanter des activités économiques ou industrielles.

Nicolas Carboni, directeur général de Tellos

« Nous avons la conviction que, dans un horizon de 10 à 20 ans, la capacité de fournir de l’hydrogène vert pour le transport routier sera un avantage compétitif pour une zone d’activités », poursuit M. Carboni.

Le but de cette sobriété énergétique est de réduire l’impact carbone de la zone industrielle.

À l’Axioparc, Tellos a également consacré le tiers des surfaces à des espaces verts et des espaces de détente, éléments essentiels, selon le groupe, pour faire de la zone des espaces de vie agréables.

D’après les plans de Marimac/Tellos, une petite partie du futur écoparc de Terrebonne serait réservée à la construction d’une usine d’oreillers, appartenant à Marimac. « Le coût de transport de Chine et la main-d’œuvre qui change là-bas font en sorte que nous voulons construire une usine automatisée ici pour fournir les États-Unis et le Canada », explique Paul Nassar.

Le parc industriel ne se concentrerait pas nécessairement sur le manufacturier traditionnel pour autant. « La Ville souhaite diviser le parc en trois parties », précise-t-on chez Marimac, sans pouvoir en dire davantage.

Prochaines étapes

Du côté de Terrebonne, on confirme la tenue de deux rencontres avec Tellos, la dernière en mai 2023 avec la direction municipale du développement économique. Le but « était de prendre connaissance de l’offre de Tellos concernant cet espace à vocation économique écologique », explique-t-on à l’hôtel de ville.

Dans le même courriel, Terrebonne a indiqué que le scénario privilégié pour l’instant est que la Ville demeure maître d’œuvre du développement de ce projet. Ce dernier est actuellement en planification. Des 1,6 million de mètres carrés, la Ville veut en consacrer 650 000 mètres carrés au futur parc industriel. « Pour la superficie résiduelle, la Ville de Terrebonne souhaite y maintenir des milieux humides et une partie du couvert forestier présent sur le site », précise-t-elle.

La phase d’avant-projet et de planification devrait être terminée d’ici la fin de l’année. La phase de conception devrait débuter en 2024, tandis que le site devrait accueillir ses premiers projets d’ici 2026.

Qui est Paul Nassar ?

Méconnu du public, M. Nassar dirige dans l’ombre ses nombreuses entreprises. Il a racheté pour 2,7 millions la chaîne de magasins Hart en 2015. Depuis son rachat, la chaîne de magasins est passée de 61 à 138 magasins. « D’ici trois ans, on a l’objectif d’avoir 200 magasins », confie M. Nassar. Hart vient d’ailleurs de faire construire un centre de distribution de 56 000 m⁠2 à Beauharnois. M. Nassar détient aussi les enseignes Maison en gros et Méga Meubles et exploite les sociétés Linencorp, Marimac et Cycle Babac. Il songe à acquérir deux chaînes de 50 magasins et moins actuellement. L’homme d’affaires détient un parc immobilier valant des dizaines de millions, a écrit Le Journal de Montréal.