En pleine crise du logement, le promoteur Prével sera sans doute contraint de stopper plus tôt que prévu son projet Esplanade Cartier, faute de fonds pour décontaminer le terrain situé dans le quartier Centre-Sud à Montréal. Au moins 500 nouveaux logements sont ainsi en péril.

Plus décevant encore, Prével envisageait de construire des logements sociaux parmi les 500 unités à risque.

En raison de la localisation de son projet, Prével n’a pas accès aux fonds publics destinés à la décontamination pour les deux derniers lots du quadrilatère.

« Je risque de ne pas acheter les deux derniers lots de mon terrain qui se rend à René-Lévesque », dit en soupirant Laurence Vincent, présidente de Prével. La Presse lui a parlé à l’occasion du Sommet de l’Est lundi au Stade olympique. Pendant que tous les participants étaient enthousiastes, Mme Vincent devait faire face à la plate réalité.

Sans subvention, la décontamination devient hors de prix, ce qui rend les futures habitations inabordables pour le secteur, explique le promoteur.

Occupant le quadrilatère Sainte-Catherine, De Lorimier, René-Lévesque et Parthenais, Esplanade Cartier est aménagé par étapes. L’achat et la décontamination des lots se font au fur et à mesure que le projet prend forme.

Actuellement, les quatre premiers lots ont été achetés et décontaminés. Prével a reçu des fonds publics pour la décontamination de ces premiers lots. Le chantier avance comme prévu.

La contamination du site en question est survenue avant l’adoption du principe pollueur-payeur dans les années 1990.

Le problème se pose avec les deux derniers lots, en façade du boulevard René-Lévesque. Il s’avère que ce sont les lots les plus contaminés.

Dans le budget pro forma, Prével prévoyait l’accès à des subventions pour éponger une partie de la facture comme ce fut le cas pour les quatre premiers lots du quadrilatère.

En matière de décontamination, l’argent vient de Québec, mais elle géré par la Ville de Montréal.

La première enveloppe de 75 millions est épuisée, selon les informations avancées par Prével. Le programme se termine le 31 décembre et il n’y a pas eu d’annonce de renouvellement.

« Les parties sont en discussions. Mais ça risque de prendre un an. Ça veut dire un an de pause sur le développement de l’habitation », avance Mme Vincent.

Le gouvernement du Québec a aussi mis à la disposition de la Ville une seconde enveloppe de 100 millions destinés à décontaminer les terrains de l’est de Montréal. Il en reste au moins 40 millions, au dire de la Ville de Montréal. Mais Prével n’y a pas accès parce que son projet n’est pas assez loin dans l’Est. En vertu de ce programme, l’est de Montréal commence au boulevard Pie-IX.

« Pour moi, l’Est commence au boulevard Saint-Laurent. On a besoin d’argent en décontamination à partir de Saint-Laurent. Je peux parler pour mon projet Esplanade Cartier. J’ai besoin d’argent en décontamination. C’est la même chose pour les terrains de l’ancienne brasserie Molson », fait valoir la femme d’affaires.