Après une semaine de gros frissons en Bourse, la semaine de l'Halloween s'annonce hantée par les fantômes d'une correction, de hausse de taux d'intérêt et de ralentissement de l'économie mondiale.

« Après leur repli de 4 % durant la semaine dernière, les indices S&P 500 [aux États-Unis] et S&P/TSX [au Canada] pourraient être en voie de connaître en octobre leur pire baisse mensuelle depuis janvier 2009 », résumait Martin Roberge, analyste des marchés nord-américains chez Canaccord Genuity, dans son billet hebdomadaire publié vendredi.

Cette semaine encore, les attentes demeurent élevées envers le prochain contingent d'entreprises phares en Bourse aux États-Unis et au Canada qui feront le point sur leurs résultats trimestriels et leurs perspectives d'affaires à moyen terme.

Selon le relevé de l'agence Thomson Reuters, la croissance des bénéfices du troisième trimestre aux États-Unis devrait s'avérer autour de 23 %, en terme annualisé.

Mais pour l'année prochaine, les analystes s'alignent déjà vers une croissance des bénéfices réduite de moitié, autour de 10 % sur un an.

« Avec la réduction attendue des bénéfices en 2019 et la hausse des taux d'intérêt, les investisseurs n'ont pas la même clarté pour l'avenir. C'est comme si un optométriste venait de glisser des lentilles d'essai devant les yeux des investisseurs et que leur vision de l'économie était beaucoup plus floue », a commenté Brooke Thackray, analyste des marchés chez la firme de fonds d'investissement Horizons ETF Management Canada, en entrevue avec BNN-Bloomberg News.

La tendance historique en Bourse suggère que la fin d'octobre et l'après-Halloween ont souvent été le point de transition vers la période de six mois la plus rentable pour les investisseurs.

Mais cette fois-ci, estime Martin Roberge, de Canaccord Capital, « rechercher les occasions d'achat lors de baisses du marché est devenu une proposition plus risquée pour les investisseurs. Non seulement parce que les marchés s'ajustent après avoir surévalué le potentiel de croissance des résultats, mais aussi parce que leur repli survient tardivement dans les cycles économique et boursier ».

APRÈS L'EMPLOI, L'INFLATION SALARIALE ?

Les mesures du marché de l'emploi en octobre au Canada et aux États-Unis seront publiées vendredi. Les taux de chômage dans les deux économies sont encore attendus à des bas historiques : autour de 5,8 % au Canada et 3,7 % aux États-Unis. Par conséquent, l'attention des marchés financiers ira davantage vers le taux d'inflation des salaires. Pour mesurer son risque d'impact sur les prochains résultats des entreprises et la cadence de remontée des taux d'intérêt par la Réserve fédérale (Fed) américaine et la Banque du Canada. De l'avis de Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale, il n'y a « aucun doute que le marché du travail américain est en excellente forme. Mais alors que les salaires avaient peu bougé depuis le début de l'année, leur croissance s'est accélérée durant le troisième trimestre à son plus rapide depuis 10 ans, ce qui pourrait constituer une entrave aux bénéfices des entreprises ».

JEUDI

Apple sous les projecteurs

L'entreprise-vedette du secteur des technologies divulguera les résultats de son quatrième trimestre 2018, terminé le 30 septembre. Les hauts dirigeants d'Apple mettront aussi à jour leurs objectifs d'affaires pour les prochains trimestres. Pourront-ils réconforter les investisseurs secoués par la récente correction des titres technologiques en Bourse ? Les analystes prévoient un bénéfice net encore en hausse significative de 26 %, à environ 13,6 milliards US, et des revenus accrus de 16 %, à 61,6 milliards US.

SNC-Lavalin au rapport

Les hauts dirigeants du géant de l'ingénierie feront le point sur ses résultats de son troisième trimestre 2018 ainsi que sur leurs perspectives d'affaires. Les investisseurs attendent aussi une mise à jour sur les accusations pour corruption, pour lesquelles le gouvernement canadien refuse de négocier un règlement avant procès et qui dépriment la valeur boursière de l'entreprise. Les analystes anticipent un bénéfice net en faible hausse de 2 %, à environ 105 millions, ainsi que des revenus accrus de 1,5 %, à quelque 2,6 milliards.