(New York) Les investisseurs ont continué de digérer les chiffres de l’inflation américaine jeudi, peinant à dégager une direction claire dans un contexte général lourd et assombri par les risques de récession et la guerre en Ukraine.

En forte baisse de plus de 2 % une bonne partie de la séance, les indices européens ont retrouvé des couleurs dans les derniers échanges. Paris (-1,01 %), Francfort (-0,64 %), Milan (-0,67 %) et Londres (-1,56 %) ont reculé, mais dans des proportions moindres que pour les forts gains de la veille.

Wall Street, qui a changé plusieurs fois d’orientation, a terminé en ordre dispersé avec une sixième perte d’affilée pour le Dow Jones (-0,33 %). Le NASDAQ a grignoté 0,06 %, le S&P 500 a cédé 0,13 %.

Les craintes d’« une propagation de la guerre » avec le souhait de la Finlande à entrer dans l’OTAN qui a suscité une riposte immédiate de Moscou, ont aussi assombri la séance new-yorkaise, a indiqué Peter Cardillo de Spartan Capital Securities.

Dollar et obligations d’État, perçus comme des valeurs refuges, ont été recherchés.

Mercredi, l’indice des prix à la consommation CPI a été publié aux États-Unis, en hausse de 8,3 % sur un an en avril, soit moins qu’en mars (8,5 %) mais plus qu’attendu par les analystes.

Jeudi, celui des prix à la production PPI a suivi la même tendance : en baisse par rapport à mars sur un an (11 % contre 11,5 %), mais supérieur aux prévisions.

Cette surchauffe pousse les banques centrales à durcir leur politique monétaire, ce qui pourrait avoir un effet plus pénalisant sur la croissance économique.

« Cela montre qu’il a encore des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement qui vont encore gripper le système, ce qui signifie que les prix à la consommation vont redescendre bien plus lentement qu’escompté », a estimé Christopher Vecchio analyste pour DailyFX.

« Cela veut dire aussi que la Fed va adopter un rythme rapide de hausse des taux », a-t-il poursuivi.

Le marché était aussi « de plus en plus concerné par les risques de récession », conséquences aussi de la guerre en Ukraine, ou encore des confinements en Chine, selon Michael Hewson, de CMC Markets.

Ce climat poussait les investisseurs vers le marché obligataire, entraînant une baisse des taux (les rendements évoluent en sens inverse de leur prix). Le taux d’intérêt pour le 10 ans américain baissait à 2,85 % vers 18 h 30 GMT, loin des 3,20 % atteint en début de semaine.

En Europe, les taux souverains allemands, français et italien à même échéance reculaient aussi nettement.

Le dollar encore plus fort 

Valeur refuge, le dollar grimpait à un plus haut en vingt ans face aux principales autres devises.

L’euro cédait vers 18 h 30 GMT 1,40 % à 1,0366 dollar, tout proche de son plus bas touché il y a cinq ans fin 2017 (1,0340).

Le prix du bitcoin, qui a sombré jusqu’à 25 424 dollars, revenait à 28 744 (+1,20 %).

Il a perdu 60 % depuis son sommet historique en novembre, l’ensemble du marché des cryptomonnaies ayant subi une cure d’amaigrissement similaire.

Les actions virales et très volatiles GameStop (+10 % à 89,57 dollars) et AMC (+8 % à 11,20 dollars) ont eu de nouveau les faveurs des courtiers en ligne.

GameStop, resté dans les mémoires pour avoir bousculé Wall Street au début de 2021 en devenant la coqueluche des investisseurs en ligne, a dû être suspendu de cotation plusieurs fois sur le NASDAQ tant elle était demandée.

Tensions sur le gaz 

Les prix du pétrole ont piétiné.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en juillet, a abandonné 0,05 %, pour clôturer à 107,45 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en juin, a lui grappillé 0,39 %, pour finir à 106,13 dollars.

La référence du marché du gaz naturel européen, le TTF néerlandais, prenait près de 10 %, évoluant à 103 euros le mégawattheure (MWh) après avoir touché les 115,00 euros le MWh.

Les télécoms en soutien 

Le groupe de télécoms espagnol Telefonica (+2,64 %) a confirmé ses objectifs pour 2022 après avoir engrangé 706 millions d’euros de profits au premier trimestre. Il échappait au marasme des indices européens, comme Deutsche Telecom (+2,50 %), ou BT Group (+0,96 %).  

Le groupe de construction Bouygues, qui compte aussi une branche télécom, se repliait en revanche de 0,96 % après ses résultats.