Le rouge était omniprésent sur les écrans des investisseurs mercredi. Le mois de mai s’avère catastrophique. Les résultats décevants et, surtout, inattendus de Walmart, dévoilés mardi, ont pesé sur la séance subséquente.

À un certain moment, l’indice Dow Jones perdait 1200 points dans la journée, ou 3,4 % de sa valeur, face aux craintes grandissantes d’un scénario de stagflation, mélange toxique de stagnation économique et d’inflation élevée pour les Bourses.

Les exemples d’entreprises comme Walmart, qui assistent, impuissantes, à une érosion de leur marge bénéficiaire en raison de la montée de leurs coûts de production, se multiplient.

Le NASDAQ a connu, encore une fois, une journée à oublier. L’indice à forte coloration technologique a glissé de près de 5 % en une seule séance. À un peu plus de 11 400 points, l’indice s’est vu retrancher 27 % de sa valeur depuis le début de l’année. Le S&P 500, sous les 4000 points, a subi une correction de 17 % depuis le 1er janvier. L’indice canadien, S&P/TSX, concentré en titres pétroliers et de ressources, s’en tire bien mieux avec un rendement de - 5,3 %, tandis que l’or est stable à défaut de mieux.

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Des occasions

En période de forte volatilité à la hausse comme à la baisse, le marché devient irrationnel. Dans ce mois de mai, les gestionnaires de portefeuille aguerris s’excitent des occasions qui se présentent sur le marché. De très bonnes entreprises profitables, en croissance et peu endettées, deviennent disponibles à des ratios cours-bénéfices bien plus raisonnables qu’à Pâques.

C’est le cas de Pierre-Olivier Langevin, gestionnaire de portefeuille et associé chez Medici, de Saint-Bruno-de-Montarville. « Ça fait longtemps que l’on n’a pas vu semblables occasions sur le marché. On a un enthousiasme qui est palpable dans notre équipe », confie-t-il dans un entretien.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre-Olivier Langevin, gestionnaire de portefeuille et associé chez Medici

« Quand on trouve que le prix a du sens, ça devient hasardeux d’attendre un prix encore meilleur. Comme investisseur, il faut avoir la justesse de dire : ‟OK, le prix est bon, on y va.” On va peut-être mal paraître sur trois semaines. Mais on va créer de la valeur pour le long terme à nos clients. »

« Tout ce qui touche à la technologie et au commerce en ligne s’est fait ramasser, poursuit-il, c’est comme jeter le bébé avec l’eau du bain. »

Il donne l’exemple de Google. « Depuis un an, la croissance des revenus publicitaires de Google s’est accélérée, or, l’entreprise a baissé en Bourse de façon significative », souligne-t-il. Avec Google, on parle du moteur de recherche par excellence dans le monde, en dehors de la Chine et de la Russie, fait remarquer le gestionnaire de portefeuille. Le titre se vend à moins de 20 fois ses profits ajustés, une fois éliminées les pertes de ses divisions travaillant sur les produits d’avenir comme les véhicules autonomes. Google a perdu 3 % mercredi et 23 % depuis le début de l’année.

Autre titre de qualité qui est malmené ce printemps, Costco a vu son prix glisser de près de 13 % mercredi. « Avec les prix de l’essence, les files pour aller remplir le réservoir sont juste plus longues qu’elles étaient ; les files pour entrer dans le magasin sont juste plus longues qu’elles étaient », fait remarquer M. Langevin, lui-même membre de Costco.

Medici n’est toutefois pas acheteur de Costco actuellement, parce que des occasions plus juteuses existent ailleurs. Néanmoins, M. Langevin n’a que du bon à dire au sujet de la société. « Quelqu’un qui achète le titre aujourd’hui va bien faire à long terme, sans aucun doute », dit-il, catégorique.

M. Langevin n’a pas parlé des banques canadiennes, mais celles-ci ont perdu quelque peu de leur superbe en raison des craintes d’un ralentissement du marché immobilier et, par ricochet, du très profitable marché hypothécaire, à la suite de la montée des taux obligataires du gouvernement canadien sur les échéances de cinq et dix ans. Deux des six grandes banques du pays donnent aujourd’hui un rendement courant tout juste sous les 5 % annuellement, pas autant que l’inflation, mais pas loin. Il s’agit de la Scotia et de la CIBC. Rappelons que les banques canadiennes n’ont pas réduit leur dividende ni pendant la récession de 2008-2010 ni pendant la pandémie de COVID-19.