(Paris) Les Bourses européennes ont un peu rebondi lundi, après deux semaines marquées par les fortes inquiétudes sur la croissance mondiale et en l’absence des marchés américains, fermés pour un jour férié.

Londres a progressé le plus vigoureusement, de 1,50 %, suivi par Francfort (+1,06 %) et Milan (+0,99 %). Paris a moins gagné (+0,64 %), au lendemain d’élections législatives françaises qui ont vu le président Emmanuel Macron perdre la majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Le résultat des élections françaises n’a pas semblé susciter d’inquiétude sur les marchés, l’euro étant en hausse de 0,32 % face au dollar, à 1,0533 dollars, vers 11 h 45. L’écart entre la dette allemande et la dette française a aussi peu évolué, et se situe à un niveau inférieur à celui de la semaine passée.  

Mais la progression des cours boursiers ne représente qu’une « petite partie des lourdes pertes » des deux semaines précédentes, note Craig Erlam, analyste d’Oanda.

La semaine passée, les investisseurs ont encaissé l’annonce de relèvements importants des taux directeurs de banques centrales, en premier lieu de la Réserve fédérale américaine (Fed) et sa hausse de 0,75 point de pourcentage.

Par sa politique restrictive, qui a un impact sur l’activité économique, la Fed espère faire revenir l’inflation sous contrôle, alors que la hausse des prix s’emballe depuis plusieurs mois et montre peu de signes d’essoufflement. L’inflation « est passée de l’un des sujets à la priorité », note M. Erlam.  

À l’inverse, les indicateurs d’un ralentissement économique aux États-Unis se sont multipliés rendant de plus en plus crédible la possibilité le pays bascule dans la récession.  

En Europe aussi, la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde a confirmé lundi devant une commission du Parlement européen une hausse des taux directeurs de la BCE de 25 points de base au cours de la prochaine réunion, en juillet.  

Baisse du pétrole et des métaux

Les prix des métaux étaient encore lestés par les craintes de récession économique.

Sur la Bourse des métaux de Londres (LME), le prix du cuivre évoluait sous la barre des 9000 dollars la tonne après avoir atteint un plus bas depuis octobre. Le minerai de fer a perdu quant à lui plus de 7 % la semaine dernière sur le Singapore Exchange, et s’échangeait à environ 127,25 dollars la tonne lundi.

Les prix du pétrole rebondissaient un peu après les nets replis la semaine passée.

Le baril de WTI américain prenait 0,47 % à 110,07 dollars, vers 11 h 30, et le baril de Brent de la mer du Nord montait de 0,47 % à 113,76 dollars.

La construction souffre, le transport bondit

Le géant de la construction irlandais Kingspan a dévissé après avoir averti d’une détérioration des conditions de marché. Le titre a chuté de 11,38 % à Dublin, entraînant tout le secteur : Saint-Gobain (-3,99 %) en France, Barratt (3,71 %) et Berkeley (-4,14 %) à Londres.  

Plusieurs grandes entreprises dans le secteur du transport se sont envolées, après plusieurs séances de baisse : à Paris, Renault a pris 9,74 % après une recommandation d’analyste, Safran 5,69 % et Airbus 3,04 %.  

Les compagnies aériennes IAG (+7,24 %), Lufthansa (+7,62 %) ou encore Air France (+7,87 %) se sont aussi distinguées le jour de l’assemblée générale annuelle de l’Association internationale du transport aérien. Elle a notamment affirmé que la « rentabilité au niveau du secteur en 2023 paraît à portée de main ».  

Toronto se relève

Une reprise généralisée a permis lundi à l’indice phare de la Bourse de Toronto de se remettre partiellement de son plongeon de la semaine dernière, le plus important en plus de deux ans.

Colin Cieszynski, stratège en chef des marchés chez SIA Wealth Management, a noté que de nombreux secteurs étaient en hausse pour commencer la semaine de négociation, ce qui n’est pas inhabituel lorsque le marché de Toronto est ouvert et que les marchés boursiers américains sont fermés.

« C’est donc une journée décente pour le Canada, tout en considérant que les États-Unis étaient fermés et que les marchés étrangers n’ont pas fait grand-chose », a-t-il souligné lors d’une entrevue.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a gagné 253,15 points, soit 1,3 %, pour terminer la séance avec 19 183,63 points. Il avait cumulé un recul de 6,6 % tout au long de la semaine dernière.

Après avoir été durement touchée la semaine dernière, la fermeture des marchés américains a probablement contribué à soulager une certaine pression de vente, a estimé M. Cieszynski.

« Le genre de pression de vente incessante que nous avons vu pendant la majeure partie de ce mois a simplement semblé prendre un jour de congé. »

Le secteur des services aux collectivités a été le seul à retraiter sur le TSX. Les dix autres ont progressé, menés par les télécommunications et l’énergie.

Le groupe des télécommunications a avancé de 3,6 %, les investisseurs ayant applaudi la vente annoncée de Freedom Mobile, l’opérateur sans fil de Shaw Communications, à Vidéotron, propriété de Québecor, pour 2,85 milliards.

L’action de Rogers a pris 5,9 %, celle de Shaw a gagné 7,8 % et celle de Québecor, 5,8 %.

Le groupe de l’énergie a aussi connu une solide performance, progressant de 2, 5 % grâce à la hausse du cours du pétrole brut. Le titre de Suncor a gagné 4,6 %.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 76,96 cents US, en hausse par rapport à celui de 76,72 cents US de vendredi.

Le prix de l’or s’est apprécié de 10 cents US à 1840,60 $ US l’once et celui du cuivre a perdu moins de 1 cent US à 4,01 $ US la livre.

Le bitcoin à la peine

Samedi, le bitcoin est descendu jusqu’à 17 599 dollars, son plus bas niveau depuis décembre 2020.

Les cryptomonnaies souffrent encore plus du renchérissement du coût de l’argent par les politiques des banques centrales.

Vers 11 h 45, le bitcoin valait 20 670 dollars, en hausse de 0,26 % par rapport à la clôture précédente, mais dégringolant d’environ 70 % de sa valeur par rapport à son sommet historique du 10 novembre 2021, à 68 991 dollars.

Avec La Presse Canadienne