(Paris) Les Bourses mondiales baissaient lundi, marquées par la crainte de restrictions sanitaires en Chine et des tensions sur le gaz en Europe dans un environnement économique peu lisible avant les chiffres de l’inflation aux États-Unis et les résultats d’entreprises.  

Les Bourses européennes ont fini dans le rouge : Paris a perdu 0,61 %, Francfort 1,40 % et Milan 0,87 %. Londres a terminé à l’équilibre.

Wall Street suivait cette tendance baissière. Vers 12 h HAE, le S&P 500 reculait de 1,12 %, le Dow Jones de 0,46 % et le NASDAQ de 2,02 %, l’indice technologique étant notamment marqué par la chute des actions Twitter.

Les tensions entre la Russie et l’Europe alimentent la menace d’une pénurie de gaz qui viendrait porter un coup à une économie déjà fragilisée.

Le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis a prévenu lundi que l’UE allait encore abaisser ses prévisions de croissance pour cette année et l’an prochain tout en relevant celles de l’inflation afin de tenir compte des conséquences de la guerre en Ukraine.

Le géant russe Gazprom entame lundi des travaux de maintenance des deux gazoducs Nord Stream 1, qui acheminent une grande quantité de son gaz livré encore à l’Allemagne ainsi qu’à plusieurs autres pays de l’ouest de l’Europe.

Cet arrêt pour dix jours des deux tuyaux, annoncé de longue date, ne devait en théorie n’être qu’une formalité technique. Mais dans le contexte de la guerre en Ukraine, personne ne peut parier sur la suite.

La société russe a également annoncé réduire ses livraisons de gaz au groupe autrichien OMV et à l’italien Eni.  

« Le marché va rester très nerveux jusqu’au 21 juillet », date prévue de la réouverture des gazoducs, estime auprès de l’AFP Harry Wolhandler, directeur de la gestion actions de Meeschaert Amilton AM.  

Auparavant, les chiffres de l’inflation aux États-Unis, attendus mercredi, seront observés de près et donneront une indication sur le rythme de hausse des taux d’intérêts par la Réserve fédérale américaine (Fed), poursuit-il.

La Fed a déjà monté trois fois ses taux cette année pour lutter contre l’inflation cette année, et certains de ses gouverneurs sont favorables à un durcissement de cette politique.

Les craintes des conséquences des politiques sur la croissance ont notamment pesé sur le secteur bancaire (Deutsche Bank -4,02 %) ou encore automobile (BMW -2,96 %).  

La publication des résultats d’entreprises, qui débute cette semaine aux États-Unis et en Europe, ne fait rien pour apaiser les appréhensions alors que de nombreux investisseurs craignent que les résultats annoncés jusqu’ici par les entreprises aient été surévalués.

 « Les investisseurs seront plus attentifs aux discours sur les perspectives pour la deuxième partie de l’année », a souligné M. Wolhandler.  

Les taux d’intérêt des emprunts d’État sur le marché obligataire se détendaient, signe d’une réticence au risque des investisseurs, le marché obligataire étant considéré comme plus sûr. Le taux pour l’emprunt américain à 10 ans repassait juste sous les 3 %, en baisse de 10 points de base vers 12 h HAE.

La tendance est la même en Europe avec une baisse de 10 points de base pour l’intérêt de l’emprunt allemand à même échéance, à 1,24 %.  

L’euro vers la parité

Expression de la fragilité qui discrimine le vieux continent vis-à-vis des États-Unis, l’euro approche plus que jamais de la parité avec le dollar, renforcé par son statut de valeur refuge.

Le dollar était à moins d’un cent de la parité lundi, sur un marché redoutant une crise énergétique majeure en Europe, qui souffre de la comparaison avec une économie américaine encore vigoureuse.

Vers 19 h 10 GMT, la monnaie unique ne valait plus que 1,0061 dollar, en baisse de 1,21 % après être descendue plus tôt jusqu’à 1,0053 dollar, pour la première fois depuis début décembre 2002.

Pour Kit Juckes, de Société Générale, les doutes sur le maintien de l’approvisionnement en gaz russe de l’Europe tirent la devise commune à 19 pays européens vers le bas.

Et même le rétablissement des exportations par Nord Stream 1, que la Russie avait déjà réduit à 40 % des volumes habituels, « maintiendrait la nervosité du marché et l’euro ne serait capable que d’un petit rebond technique. »

« Le dollar a clairement l’avantage sur à peu près tout en ce moment », a commenté Brad Bechtel, de Jefferies, soulignant que le « greenback » faisait aussi des dégâts face à d’autres devises.

Elon Musk c. Twitter

L’action de Twitter dégringolait de plus de 9 % vers 12 h HAE à la Bourse de New York après la décision du patron de Tesla Elon Musk d’abandonner son projet de rachat de la plateforme pour 44 milliards de dollars.

Du côté du pétrole 

Les prix du pétrole étaient en baisse lundi, lestés par les craintes de récession mondiale impactant la demande en or noir, contrebalançant les préoccupations relatives à l’offre.

Vers 12 h HAE, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison septembre baissait de 0,39 % à 106,53 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour échéance en août, perdait 0,77 %, à 103,96 dollars.

Les craintes de récession et celles de pénurie d’approvisionnement en or noir se disputent le premier rang des préoccupations du marché pétrolier depuis des semaines.

Le bitcoin baissait de 2,70 % à 20 400 dollars.