Les épiciers canadiens et des poids lourds comme Canadian Tire et Dollarama devraient éviter, dans la mesure du possible, les écueils que vit actuellement Walmart aux États-Unis, selon Valeurs mobilières Desjardins.

Le géant américain, souvent considéré comme le baromètre de la vitalité des ventes au détail, a revu lundi à la baisse ses résultats du 2e trimestre et ses prévisions pour l’ensemble de l’année. Le titre du géant s’est d’ailleurs affaissé de 7,6 % mardi à la Bourse de New York. Force est de constater que les consommateurs américains, saignés par le prix élevé des aliments et de l’essence, réduisent leurs dépenses en vêtements, croit-on chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD).

« Le souci chez Walmart se limite en partie aux États-Unis, car le détaillant y a bénéficié de fortes dépenses de la part des consommateurs à faible revenu l’année dernière, soutenus par de généreux chèques de relance. Nous pensons que cette situation se vit moins intensément au Canada », écrivent Chris Li et Milad Marvasti dans une note destinée aux investisseurs parue mardi.

Canadian Tire

Pour le détaillant au triangle rouge, VMD trouve que l’évaluation actuelle du titre (à 8,6 fois les profits futurs comparativement à une moyenne historique de 12 à 13 fois) incorpore déjà le ralentissement appréhendé de la croissance de ses profits.

La nature diversifiée des catégories de produits de Canadian Tire (automobile, habitation, saisonnier, réparation et loisirs) devrait contribuer à atténuer l’impact d’un ralentissement des dépenses de consommation.

Valeurs mobilières Desjardins

De plus, la direction a indiqué lors de la conférence téléphonique du 1er trimestre, en mai, que la demande des consommateurs depuis le début du 2e trimestre est restée saine malgré des prix de vente élevés, et que la gestion des marges par différents outils (marques privées, optimisation des prix, etc.) se révèle efficace.

Metro, Loblaw, Dollarama

Les épiciers sont en mesure de refiler l’augmentation du prix des intrants au consommateur final avec la forte inflation dans le prix des aliments, de 8 % en glissement annuel en juin.

Les résultats de Walmart dans ces produits d’épicerie confirment la popularité des enseignes aux prix réduits dans un environnement inflationniste, soutient VMD.

Cette tendance [inflationniste] devrait favoriser Loblaw et Metro étant donné leur exposition relativement plus élevée aux enseignes aux prix réduits, soit environ 60 % et 40 % des ventes, respectivement.

Valeurs mobilières Desjardins

Les deux analystes ne s’attendent pas à une guerre de prix dans ce contexte. Pour Walmart, par exemple, le volume intéressant des ventes des produits d’épicerie devient précieux pour couvrir la faiblesse de celles associées aux vêtements et aux marchandises générales. « Nous pensons que cela devrait favoriser une concurrence rationnelle », indiquent-ils.

Ce contexte devrait favoriser également Dollarama, avance VMD, comme le démontre une récente enquête sur les prix réalisée par Desjardins. La chaîne de magasins propose ainsi des prix de 40 à 50 % moins chers que Walmart et Amazon.

Lisez « Moins cher que Walmart et Amazon »

Gildan

Le manufacturier de chaussettes et de t-shirts n’est pas un détaillant, mais sa bonne fortune dépend de celle des distributeurs américains comme Walmart, les États-Unis étant son principal marché.

Le titre de Gildan a certes reculé à 9 fois les profits futurs comparativement à une moyenne historique de 15 fois, mais la volatilité reste au programme dans les prochains mois, prévient VMD.

À la mi-juillet, la filiale haïtienne S&H Global du groupe textile sud-coréen Sae-A, le sous-traitant qui fournit notamment Gap, Target et Walmart, a annoncé la suppression de 4000 emplois (40 % de ses effectifs) d’ici la fin de l’année en raison du récent déclin économique du marché américain.

Les usines de sous-traitance constituent le principal fournisseur d’emplois formels en Haïti avec près de 50 000 employés, selon l’AFP.

Invitée par La Presse à préciser l’état de ses activités en Haïti, la porte-parole de Gildan a assuré, dans un courriel, que le « volume de production en Haïti est relativement stable depuis le début de 2022 et [qu’il est attendu] à ce qu’il reste à peu près le même pour le reste de l’année. »

Gildan ne sous-traite pas de production à Sae-A en Haïti. La Société utilise cependant d’autres sous-traitants dans le pays qui assemblent une partie du textile, produit dans notre usine en République dominicaine, en vêtements finis.

Geneviève Gosselin, directrice, communications mondiales, chez Gildan

« Nous communiquerons nos résultats du deuxième trimestre le 4 août prochain, date à laquelle nous fournirons une mise à jour sur nos activités et l’évolution de l’environnement commercial », a poursuivi Geneviève Gosselin, directrice, communications mondiales.

Avec Julien Arsenault, La Presse