(New York) La Bourse de New York a conclu mercredi en petite hausse dans un marché très peu étoffé, en attendant la conférence des banquiers centraux de Jackson Hole et après trois séances de repli.

Selon des résultats définitifs, l’indice Dow Jones a pris 0,18 % à 32 969,23 points, le NASDAQ, à dominante technologique, a avancé de 0,41 % à 12 431,53 points et le S&P 500 a progressé de 0,29 % à 4140,77 points.

« Le marché a observé un petit rebond, peut-être un soupir de soulagement avant le discours de Jerome Powell (le président de la Fed) vendredi et après plusieurs séances de baisse », a souligné Peter Cardillo de Spartan Capital.

Depuis le début de la semaine, les marchés sont dans l’expectative de l’intervention du patron de la banque centrale américaine, prévue vendredi à 14 h GMT à la tribune du symposium annuel des banquiers centraux à Jackson Hole (Wyoming).

Les investisseurs espèrent y déceler un indice de la politique monétaire à venir : la Fed va-t-elle s’engager à continuer à fortement relever les taux pour combattre l’inflation au risque d’accentuer un ralentissement qui pointe dans le monde ou bien pourrait-elle signaler la possibilité plus tard d’un changement de ton pour une politique plus souple ?

« Le discours du président de la Fed sera le point culminant de l’évènement donnant aux investisseurs des indices sur ce qu’on peut attendre de la politique monétaire face à l’inflation », entonnait Lillian Currens de Schaeffer.

Ces dernières séances, les taux obligataires sont remontés et les actions ont reculé, montrant que les investisseurs ont davantage pris en compte la possibilité d’une Fed résolument déterminée à serrer la vis monétaire sans intention de changer de cap dans les mois qui viennent.

Jeudi, une deuxième estimation du PIB américain d’avril à juin devrait confirmer que la première économie mondiale s’est contractée (-0,9 % en rythme annualisé) pour un deuxième trimestre d’affilée.

Vendredi, avant la prise de parole de M. Powell, un indicateur crucial d’inflation pour juillet, l’indice PCE — baromètre préféré de la Fed —, dira si la course des prix s’est ralentie, comme l’avait montré l’indice concurrent du CPI plus tôt en août (8,5 % sur un an au lieu de 9,1 % en juin).

Indicateurs mitigés

Des données mitigées sur le front macroéconomique ont émaillé la journée. Les promesses de ventes de logements se sont repliées de 1 % en juillet pour un deuxième recul mensuel consécutif, mais moins important que prévu par les analystes.

Les commandes de biens durables ont stagné le mois dernier, du fait d’une chute des commandes d’avions militaires.

« On a eu la confirmation que le marché immobilier était en récession, mais dans les commandes de biens durables, les livraisons étaient en hausse, ce qui a enlevé un peu de négativité », a jugé Peter Cardillo.

À la cote, les grands magasins Nordstrom ont plongé de 19,96 % alors que la chaîne a taillé dans ses prévisions de ventes sur l’année, indiquant qu’elle avait notamment observé en juin un ralentissement des achats des consommateurs à moindre revenu.

Salesforce, le spécialiste de la relation client sur l’infonuagique, chutait de 5,17 % dans les échanges électroniques après une clôture positive à +2,28 % (180,01 dollars).

Le groupe a divulgué des prévisions de revenus plus faibles que prévu au troisième trimestre, même si son deuxième trimestre s’est inscrit en hausse.

Le fabricant de semiconducteurs Nvidia (-2,80 % après la clôture) a également révisé en baisse ses projections de ventes pour le troisième trimestre tandis que son résultat pour le deuxième s’est fortement dégradé par rapport à la même époque l’année d’avant. Comme il en avait prévenu le marché début août, son chiffre d’affaires dévolu aux jeux vidéo s’est écroulé de 33 % sur un an.

Peloton, en chute libre depuis novembre avec l’amenuisement de la pandémie de COVID-19 et des confinements, a bondi de 20,36 % à 13,48 dollars. Les investisseurs ont accueilli avec enthousiasme l’initiative du fabricant de vélos d’appartements intelligents de vendre désormais ses appareils sur Amazon, abandonnant sa politique de distributeur exclusif.

Dernière séance pour une valeur nominale approchant les 900 dollars pour l’action Tesla (+0,22 % à 891,29 dollars) qui sera divisée par trois jeudi. Le constructeur de véhicules électriques avait déjà divisé son action par cinq en 2020 pour rendre le titre plus accessible à ses salariés et aux petits actionnaires, imitant ainsi plusieurs grands noms de la technologie.

À Toronto

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a gagné 36,03 points à 20 021,38 points.

Le manque d’élan de mercredi montre que les marchés financiers attendent la conférence de Jackson Hole pour voir si le président de la Fed, Jerome Powell, fera des commentaires qui pourraient indiquer ce que la banque centrale américaine prévoit de faire en ce qui concerne l’inflation et les futures hausses de taux d’intérêt, a indiqué Vincent Tonietto, premier vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Fiduciary Trust Canada.

Les craintes de récession parmi les investisseurs sont toujours élevées, a observé M. Tonietto, malgré une solide reprise de six semaines cet été qui a aidé les marchés boursiers à récupérer une grande partie des pertes subies lors du marché baissier de juin.

M. Tonietto a souligné que les courbes de rendement restent inversées, un signal d’alarme potentiel pour l’économie et les marchés financiers. Il a ajouté que tous les commentaires de M. Powell vendredi serviront probablement de « point de recalibrage » pour les marchés.

« Ce sera probablement un moment où vous verrez à quel point le côté baissier contre haussier est bondé à ce moment-là », a-t-il complété.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est échangé à 77,02 cents US, en baisse par rapport à son cours moyen de 77,09 cents US la veille.

Au Canada, le secteur des services financiers a été touché pour une deuxième journée consécutive en raison des bénéfices trimestriels plus faibles que prévu de la plus grande banque du pays. Mercredi, un jour après que les bénéfices de la Banque Scotia ont fait chuter les actions bancaires, la Banque Royale du Canada a annoncé que son bénéfice du troisième trimestre avait diminué par rapport à l’an passé en raison d’un recul important des marchés financiers ainsi que de la détérioration des perspectives économiques provoquée par la hausse des coûts d’emprunt.

Le cours de l’action RBC a clôturé en baisse de 3,29 $, ou 2,60 %, pour s’établir à 123,20 $ mercredi, tandis que le sous-indice financier S&P/TSX était en baisse de 1,23 % à la fin de la journée.

« Si la trajectoire des (futures) hausses des taux d’intérêt est plus élevée que ce à quoi les marchés s’attendaient, cela pourrait affecter la rentabilité des banques, a expliqué M. Tonietto. Et donc je suppose qu’avec les nouvelles (sur les bénéfices) que nous voyons aujourd’hui et les inconnues du discours (de Powell) de vendredi, les investisseurs sont un peu plus prudents. »

L’indice des soins de santé a été le plus performant de la journée, en hausse de 4,36 % sur la journée, en grande partie grâce à une reprise importante des actions des sociétés de cannabis. Le cours de l’action de Canopy Growth a augmenté de plus de 13 % à 5,03 $ mercredi, tandis qu’Aurora Cannabis a connu une hausse de près de 10 % à 2,02 $ par action.

Avec La Presse Canadienne