(New York) Au terme d’une semaine d’attente anxieuse, les marchés boursiers ont accusé le coup après le discours du président de la banque centrale américaine (Fed) vendredi, qui a réaffirmé avec force sa volonté de combattre l’inflation, quitte à pénaliser l’activité économique.

À Wall Street, le Dow Jones a abandonné, 3,03 % lâchant plus de 1000 points, sa pire performance sur une séance depuis mi-mai, soit plus de trois mois. L’indice NASDAQ a lui perdu 3,94 %, et l’indice élargi S&P 500, 3,37 %.

Même tendance, un peu moins marquée, en Europe, où Francfort (-2,26 %), Milan (-2,49 %), Paris (-1,68 %) et Londres (-0,70 %) ont décroché en fin de séance, terminant en baisse sur l’ensemble de la semaine.  

Les mouvements ont aussi été significatifs sur les autres marchés, avec une nouvelle nette hausse des taux d’intérêt des emprunts d’États, notamment en Europe : le rendement allemand pour l’emprunt à 10 ans est passé à 1,38 %, alors qu’il n’était encore qu’à 0,89 % le 15 août. L’écart avec le taux italien se creusait aussi.

Revenu au-dessus de la parité avec l’euro avant l’intervention du président de la Fed, le dollar est reparti tambour battant dans la foulée face à la monnaie unique, mais aussi au franc suisse, à la livre sterling ou au yen

Vers 20 h 25 GMT, il gagnait 0,06 % à 0,9969 dollar pour un euro.

Le président de la Fed Jerome Powell a confirmé les orientations de l’institution : la banque centrale américaine va « vigoureusement user de ses outils » pour juguler l’inflation, ce qui va entraîner « une longue période de croissance plus faible », mais y renoncer serait, selon lui, encore plus dommageable pour l’économie.  

Le ralentissement de l’inflation américaine en juillet mesuré notamment par l’indicateur PCE, publié vendredi, n’est pas suffisant pour baisser la garde, a-t-il également commenté.  

« On s’attendait à un discours “hawkish” (en faveur d’une politique monétaire stricte, NDLR), il l’a été plus que prévu. Il n’a laissé aucune porte » de sortie aux investisseurs qui anticipaient un assouplissement, estime Lionel Melka, directeur de la recherche chez Homa Capital.

Cette baisse des actions efface pour les marchés une partie des gains accumulés cet été, où les investisseurs avaient penché pour « les chimères » d’une politique monétaire plus souple, selon M. Melka.

Pression sur le gaz et l’électricité en Europe

En zone euro comme au Royaume-Uni, la hausse des prix de l’énergie, notamment le gaz et l’électricité, met encore plus sous pression l’économie.  

Le prix du gaz naturel européen sur le marché de référence, le TTF néerlandais, restait proche de son record de clôture de jeudi, à 306,00 euros le mégawattheure.

Dans une semaine folle pour les cours de l’énergie en Europe, les prix de gros de l’électricité pour 2023 en Allemagne et en France ont battu vendredi de nouveaux records à respectivement 995 euros et plus de 1130 euros le mégawattheure (MWh) avec des hausses autour de 25 % sur la séance. Ces prix étaient autour de 85 euros il y a un an.  

La présidence tchèque de l’Union européenne a annoncé vouloir convoquer une réunion d’urgence sur la crise énergétique.  

Les valeurs technologiques pénalisées

La détermination de la Fed à monter ses taux directeurs, ce qui se répercute ensuite sur le marché de la dette, a pénalisé plus fortement les valeurs technologiques, très sensibles aux conditions de financement, essentielles pour leur croissance.  

Amazon (-4,76 %), Alphabet (-5,44 %), et même Apple (-3,77 %) ont tous décroché, de même que le fabricant de cartes graphiques Nvidia (-9,23 %) et l’éditeur de logiciels Adobe (-5,67 %).

Des entreprises techs dont les résultats n’ont pas convaincus ont été encore plus durement sanctionnées, comme le fabricant d’ordinateurs Dell Technologies (-13,53 %), le spécialiste du paiement échelonné en ligne Affirm (-21,33 %).  

Electronic Arts a surnagé (+3,57 %), poussé par l’information du média suédois GLHF, selon lequel Amazon serait sur le point de faire une offre de rachat de l’éditeur de jeux vidéo.

En Europe, les plateformes de livraison de repas ont aussi dérapé, comme Just Eat (-7,79 %), HelloFresh (-7,21 %) ou encore Deliveroo (-5,64 %).  

Du côté du pétrole

Les cours du pétrole ont terminé en hausse. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du brut en Europe, pour livraison en octobre, a gagné 1,66 %, à 100,99 dollars, et le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, 0,58 % à 93,06 dollars.

Le bitcoin chutait de 3,90 % à 20 735 dollars.