(New York et Toronto) Les marchés boursiers nord-américains ont fortement réagi en baisse, vendredi, à la suite de l’annonce de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui prévoit d’autres hausses des taux d’intérêt pour mater l’inflation.

À l’issue de cette séance calamiteuse, le S&P 500 a retrouvé son plus bas niveau en clôture depuis un mois.

Les investisseurs espéraient entendre Jerome Powell donner un signe que les taux d’intérêt allaient ralentir leur tendance à la hausse, mais ce n’est pas du tout ce qu’ils ont entendu.

Le discours du président de la Fed s’est fait beaucoup plus sévère alors qu’il a clairement annoncé l’intention de la banque centrale d’en finir avec l’inflation en poursuivant la forte hausse des taux d’intérêt pour un bon moment encore.

« Il a été plus explicite qu’il ne l’avait jamais été pour affirmer clairement que les taux d’intérêt vont continuer de demeurer élevés pour une période plus prolongée afin de combattre l’inflation », a commenté le vice-président d’AGF Investments, Mike Archibald.

« Ça a mis de la pression sur diverses branches des marchés de capitaux, et certainement sur les actions aujourd’hui », a-t-il ajouté.

« Les marchés ne réagissent pas comme ça parce que le discours du président Powell était brutal », croit Keith Buchanan, de Globalt Investments, mais plutôt parce que la dernière possibilité d’un repositionnement et d’un assouplissement à court terme de la politique monétaire de la Fed « a été écartée ».

Parmi les secteurs le plus durement affectés par le plongeon des marchés, on retrouve les technologies, qui sont plus sensibles à la fluctuation des taux d’intérêt. L’indice technologique du S&P/TSX a perdu 4,4 % alors que l’indice des soins de santé – qui inclut le cannabis – a reculé de 5,1 % à la fermeture des marchés.

Tous les secteurs du TSX ont fini dans le rouge vendredi. Aux États-Unis, toutes les entreprises, sauf six, au sein de l’indice de référence S&P 500 ont fini en territoire négatif.

Pas de « voie facile »

Dans son discours, Jerome Powell a admis que la stratégie de la Fed allait faire mal aux foyers américains et aux entreprises, mais il a soutenu qu’il y aurait encore plus de dégâts si on laissait l’inflation galoper.

« Il n’y a clairement pas de voie facile pour se sortir de cette situation », concède Mike Archibald en rappelant que les politiques sévères des banques centrales n’ont jamais été favorables au marché des actions.

Je crois qu’on va traverser une période de volatilité avec le resserrement des taux d’intérêt.

Mike Archibald, vice-président d'Investissements AGF

Le dollar canadien s’échangeait à 76,99 cents US comparativement à 77,30 cents US jeudi.

Sur le marché obligataire, le rendement des bons du Trésor américain à 3 mois, échéance plus sensible aux variations de politique monétaire que le taux à 10 ans, a atteint son plus haut niveau depuis près de 14 ans, à 2,82 %.

L’indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, a bondi de plus de 17 % vendredi.

La poursuite de l’offensive de la Réserve fédérale « diminue radicalement la probabilité d’un atterrissage en douceur » de l’économie, a estimé Cliff Hodge, de Cornerstone Wealth, « et donc les chances d’un scénario à la hausse et de nouveaux sommets » boursiers d’ici la fin de l’année.

Pour autant, « cela ne veut pas nécessairement dire que nous allons redescendre jusqu’aux plus bas » de 2022, qui datent de la mi-juin, a poursuivi l’analyste, qui table sur des marchés « agités, dans des marges resserrées », pour les mois à venir, et prône d’adopter une « posture défensive » sur les actions.

Le message autoritaire de Jerome Powell a éclipsé la série de bons indicateurs américains, qui avaient initialement porté le marché, en particulier le léger recul des prix aux États-Unis en juillet par rapport au mois précédent, selon l’indice PCE publié vendredi.

Le rythme de l’inflation sur un an a, lui, rétrogradé à 6,3 % contre 6,8 % en juin.

Autre chiffre encourageant, l’indice de confiance des consommateurs, établi par l’Université du Michigan, est fortement remonté en juillet, bien au-dessus des attentes. En outre, les consommateurs ont revu à la baisse leurs prévisions d’inflation à un horizon d’un an et de cinq ans.

La valeur de l’or pour les contrats de décembre a perdu 21,60 $  US, à 1749,80 $ US l’once, alors que le cuivre a perdu moins de 0,05 $ US, à 3,70 $ US la livre.