(New York) La Bourse de New York a terminé en forte hausse jeudi à l’issue d’une séance folle, qui a vu les indices plonger initialement après un indicateur d’inflation avant de rebondir vigoureusement.

Le Dow Jones a gagné 2,83 %, l’indice NASDAQ a pris 2,23 % et l’indice élargi S&P 500 a engrangé 2,60 %.

Wall Street avait démarré la journée par « une réaction instinctive » et dévissé après la publication de l’indice des prix à la consommation américain CPI, a expliqué Patrick O’Hare, de Briefing.com.

Le S&P 500 et le Dow Jones sont brièvement descendus à leur plus bas niveau depuis près de deux ans, tandis que le NASDAQ a frôlé le seuil symbolique de 10 000 points, pour la première fois depuis juillet 2020.

Le CPI est ressorti en hausse de 0,4 % sur un mois en septembre, soit davantage que les 0,3 % attendus par les économistes.

Sur un an, l’inflation s’affiche à 8,2 %, soit moins que les 8,3 % d’août mais plus que la prévision de 8,1 %.

Quant à l’inflation dite sous-jacente, c’est-à-dire hors alimentation et énergie, elle a atteint son rythme le plus élevé sur un an depuis 40 ans, à 6,6 %.

« Il n’y a aucune preuve irréfutable (que) l’inflation se rapproche de la cible des 2 % » par an, fixée par la banque centrale américaine (Fed) comme objectif de long terme, a commenté Edoardo Campanella, d’UniCredit, dans une note.

« La Fed est maintenant clairement contrainte de forcer (son resserrement monétaire), au risque de pénaliser l’économie pour ménager sa crédibilité », a-t-il ajouté.

Les opérateurs ont recalibré leurs prévisions et accordent désormais une probabilité de 68 % à deux nouveaux relèvements de 0,75 point de pourcentage chacun du taux directeur de la Fed en novembre et décembre, contre 7 % il y a une semaine seulement.

Les investisseurs voient même à 84 % le taux directeur aller jusqu’à une fourchette de 4,75 % à 5 % au moins d’ici mars 2023, un scénario ultra-minoritaire il y a un mois.

Après la publication du CPI, les taux obligataires, qui évoluent en sens opposé du prix des obligations, se sont envolés.

Le rendement des emprunts d’État américain à 10 ans est monté jusqu’à 4,07 % pour la première fois depuis 14 ans et le taux à 2 ans a atteint 4,52 %, un sommet de 15 ans.

Mais ce coup de sang n’a pas duré et actions et obligations ont rapidement relevé la tête.

Ce rebond « souligne le fait que les investisseurs étaient positionnés pour une surprise à la hausse » du CPI, selon Angelo Kourkafas, d’Edward Jones. « Et le fait qu’on en ait vu une a entraîné une réaction opposée à celle qu’on aurait pu attendre. »

Pour Karl Haeling, de LBBW, le fait que l’indice VIX, qui mesure la nervosité des investisseurs et la volatilité du marché, ne soit monté guère plus haut que la veille « était un signe montrant qu’il n’y avait pas de panique. […] Les investisseurs ont déjà un positionnement tellement défensif… »

Le plongeon initial de jeudi a « établi un plancher à court terme », selon Angelo Kourkafas. « Mais pour voir un rebond prolongé, il nous faudrait une série de chiffres montrant que l’inflation se calme. […] On n’en est pas là. »

Tous les membres du Dow Jones ont fini dans le vert jeudi. Les valeurs financières y ont été particulièrement recherchées, que ce soit Goldman Sachs (+4,10 %), JPMorgan Chase (+5,49 %) ou Visa (+3,58 %).

Au rayon technologique, le NASDAQ a fait la fête à Apple (+3,36 %) et Microsoft (3,76 %), ainsi qu’au secteur des semi-conducteurs, de Nvidia (+4,00 %) à Intel (+4,30 %), en passant par Qualcomm (+3,88 %) et Micron (+4,00 %).

Netflix (+5,27 % à 232,51 dollars) a fait la une après la présentation formelle de son offre d’abonnement à prix réduit, avec publicité. La plateforme n’a pas communiqué de prévisions mais compte sur cette nouvelle formule pour relancer sa croissance.

Le géant de la pharmacie Walgreens Boots Alliance a été recherché (+5,35 % à 33,65 dollars), malgré l’annonce d’une perte trimestrielle inattendue pour son quatrième trimestre comptable (achevé fin août). Le marché saluait le relèvement des prévisions du groupe pour sa branche santé américaine à horizon 2025.

La compagnie aérienne Delta Air Lines (+3,97 % à 30,37 dollars) a elle profité de prévisions de bénéfice nettement supérieures aux attentes pour le quatrième trimestre.  Le directeur général Ed Bastian a indiqué que la reprise de la fréquentation se poursuivait.

L’enseigne de pizzas à emporter Domino’s a bondi (+10,48 % à 333,38 dollars) après avoir fait état d’un chiffre d’affaires trimestriel légèrement supérieur aux attentes, malgré un bénéfice net en deçà des prévisions.