Il est très difficile de battre les marchés boursiers ou obligataires avec une certaine régularité.

Chaque année, certains investisseurs y parviennent, bien sûr, mais peuvent-ils le faire de manière constante ? Une nouvelle étude des fonds communs de placement gérés activement par S&P Dow Jones Indices a posé cette question et a abouti à un résultat surprenant.

Elle a révélé que pas un seul fonds commun de placement – pas un seul – n’a réussi à battre son indice de référence sur les marchés boursiers ou obligataires américains de manière régulière et convaincante au cours des cinq dernières années. Ces résultats sont encore pires que ceux de 2014 et 2015, la dernière fois que j’ai examiné ce sujet de près.

« Si vous voulez être aventureux et choisir des actions ou des fonds gérés activement, allez-y, bien sûr, a déclaré Tim Edwards, responsable mondial de la stratégie d’investissement indicielle chez S&P Dow Jones Indices, dans une interview. Mais comprenez les risques que vous prenez. »

Ces résultats viennent étayer des conseils pratiques qui font l’objet d’un consensus depuis des décennies. Oubliez d’essayer de battre les probabilités et d’être plus malin que les autres. Utilisez plutôt des fonds indiciels d’actions et d’obligations à faible coût qui reflètent le marché global, et conservez-les pendant des décennies. Ne vous préoccupez pas des modes ou des prévisions de marché fantaisistes.

S’il est possible de battre les fonds indiciels, ce n’est pas facile à faire sur le long terme, et comme l’a dit Paul Samuelson, le premier Américain à recevoir le prix Nobel d’économie dans les années 1970, cela ne vaut pas la peine pour la plupart d’entre nous d’essayer.

Pourtant, surtout dans une année comme celle-ci- – où les marchés boursiers et obligataires ont subi des pertes épouvantables –, il est tentant de chercher une meilleure solution. Pourquoi s’en tenir aux fonds indiciels, qui se contentent de suivre le marché, et s’assurer d’avoir des résultats que toute personne saine d’esprit considérerait comme terribles ?

Choisir soi-même des actions et des obligations – ou faire appel à un professionnel pour le faire – peut sembler une meilleure solution. Mais avant de vous engager dans cette voie, examinez les dernières données disponibles. Elles montrent qu’aussi mauvais que les fonds indiciels aient été, les fonds gérés activement ont généralement été pires.

Les cartes de pointage

Depuis 20 ans, S&P Dow Jones Indices fournit des « cartes de pointage » qui comparent la performance des gestionnaires de fonds communs de placement actifs avec une série de repères, ou indices, qui représentent les marchés boursiers et obligataires au sens large, ou des parties de ceux-ci.

De nombreux fonds communs de placement et fonds négociés en Bourse reflètent ces indices, et une question fondamentale se pose pour toute stratégie d’investissement : bat-elle l’indice ? S&P Dow Jones Indices recense également le nombre de fonds qui battent les indices de façon régulière, année après année.

En bref, ces bulletins n’ont jamais été particulièrement bons pour les fonds gérés activement. Les études ont montré que la plupart des fonds communs de placement gérés activement font moins bien que leur indice de référence, tant sur le long terme que dans la grande majorité des années civiles, aux États-Unis et ailleurs dans le monde.

Par exemple, la dernière fois que le fonds d’action américain actif moyen a battu l’indice boursier S&P 500 pendant une année civile complète, c’était en 2009. Et sur une période complète de 20 ans se terminant en décembre dernier, moins de 10 % des fonds d’action américains actifs ont réussi à battre leur indice de référence.

Vous pensez peut-être qu’il est plus facile de battre le marché lorsque la valeur des actions et des obligations diminue. Il s’avère que ce n’est pas le cas.

Manque de régularité

Au cours des cinq dernières années, pas un seul fonds commun de placement n’a battu le marché régulièrement, selon la définition employée par S&P Dow Jones Indices depuis deux décennies.

L’équipe de S&P Dow Jones a examiné l’ensemble des 2132 fonds communs de placement d’actions nationales à large spectre, gérés activement, qui étaient en activité depuis au moins 12 mois en juin 2018. (L’étude a exclu les fonds sectoriels étroitement ciblés et les fonds à effet de levier qui, essentiellement, ont utilisé de l’argent emprunté pour amplifier leurs rendements.)

L’équipe a sélectionné les 25 % des fonds ayant obtenu les meilleures performances sur les 12 mois jusqu’en juin 2018. Ensuite, les analystes ont demandé combien de ces fonds restaient dans le quart supérieur pour les quatre périodes de 12 mois suivantes, jusqu’en juin 2022.

La réponse : aucun.

Pas un seul des 2132 fonds initiaux n’a réussi à atteindre une performance du quartile supérieur pendant ces cinq années successives. Cela ne s’est pas produit pour les fonds d’action depuis 2011. Cette fois, S&P Dow Jones Indices a effectué les mêmes mesures pour les fonds à revenu fixe et a abouti au même résultat : zéro. Pas un seul fonds obligataire n’est resté dans le quart supérieur pour chaque période de 12 mois.

Bien que le fait de figurer parmi les 25 % les plus performants année après année soit un objectif assez élevé, il me semble raisonnable. Mais S&P Dow Jones Indices a également utilisé un test plus simple. Combien de fonds se sont retrouvés dans les 50 % supérieurs année après année sur cinq ans ? Pour ces 2132 fonds d’action, la réponse n’a été que de 1 %. C’est tout de même un résultat lamentable.

Les implications

Pourquoi tous les fonds gérés activement ont-ils obtenu de si mauvais résultats lors des tests du S&P Dow Jones ? Dans une interview, M. Edwards a déclaré que deux choses se passaient.

Premièrement, il est toujours difficile de battre le marché de manière constante. Nous avons deux décennies qui le montrent. Très peu de gens peuvent le faire dans les meilleures périodes.

Tim Edwards, responsable mondial de la stratégie d’investissement indicielle chez S&P Dow Jones Indices

« Ce qui est plus subtil, c’est le fait que personne n’a été capable de le faire ces derniers temps, a-t-il poursuivi. Et ce que cela montre, c’est que ce qui a bien fonctionné pour les investisseurs de 2017 à 2021, par exemple, n’a tout simplement pas fonctionné en 2022, lorsque les marchés se sont retournés. » En d’autres termes, les marchés sont suffisamment efficients pour qu’il soit difficile d’être meilleur que la moyenne pendant longtemps, et lorsque les tendances changent brutalement comme ce fut le cas cette année, presque tout le monde est pris à contre-pied.

C’est une raison classique pour se fier principalement aux fonds indiciels – essentiellement, accepter les rendements globaux du marché, ni meilleurs ni pires. Notez que pendant les 20 années jusqu’en juin, le S&P 500 a enregistré un rendement annuel moyen de plus de 9 %, ce qui signifie que votre investissement a doublé de valeur tous les huit ans. C’est à peu près ce qu’un fonds indiciel aurait fait pour vous – et c’est mieux que ce que la grande majorité des fonds gérés activement ont pu faire.

C’est pourquoi les fonds indiciels constituent des investissements de base à long terme, même au cours d’une année comme celle-ci, lorsque les marchés sont en baisse.

Cet article a été initialement publié dans le New York Times.

Lisez l’article original (en anglais)