(Paris) Les marchés boursiers ont refermé vendredi d’humeur chagrine une année 2022 qui les a marqués au fer rouge, avec des indices actions qui ont chuté sous le poids de l’envolée des taux d’intérêt et de l’inflation.

La morosité s’est installée sur les places européennes de Francfort (-1,05 %) à Londres (-0,81 %) et de Paris (-1,52 %) à Milan (-1,45 %).  

L’indice Stoxx Europe 600, qui représente 600 des principales capitalisations boursières européennes, a reculé de plus de 12 % depuis le début de l’année, à l’instar du Dax allemand, qui a inhabituellement fait moins bien que ses consœurs. Le CAC 40 a baissé lui de 9,50 % par rapport au 31 décembre 2021 et Londres a résisté (+0,91 %).

Au bout du compte, « les marchés européens s’en tirent vraiment bien. Enfin l’Europe a surperformé les États-Unis », en cela c’est « une année atypique », souligne Pierre Bismuth, directeur général et responsable des gestions de Myria AM.

Globalement, l’indice des actions mondiales MCSI World a perdu près de 20 % depuis le 1er janvier, sa pire performance depuis 2008.

Un millésime de même amertume à Wall Street, où le Dow Jones fléchissait de 0,60 %, le NASDAQ de 0,77 % et le S&P 500 de 0,69 % vendredi vers 12 h 10 (heure de l’Est).

En Asie sur 2022, la Bourse de Tokyo a perdu plus de 9 %, sa pire année depuis 2018, tout comme les Bourses de Shanghai (-15,13 %) et Shenzhen (-21,63 %). La place de Hong Kong a chuté de plus de 15 %, pire performance depuis 2011.

L’année écoulée a été marquée par l’inflation et le resserrement historique des politiques monétaires des grandes banques centrales, qui ont renchéri le coût du crédit pour ralentir la demande afin de brider la hausse des prix.

Les obligations aussi en ont souffert, comme toutes les classes d’actifs.  

Les taux d’intérêt des dettes souveraines européennes touchaient des plus hauts depuis plus de dix ans. Le taux de l’obligation de l’État allemand valait 2,55 % vers 12 h 20 (heure de l’Est). Le rendement de l’obligation de l’État américain à 10 ans valait 3,90 % contre seulement 1,5 % en janvier.

Les taux d’intérêt se sont envolés « bien plus que ce que nous avions prévu il y a un an, la Réserve fédérale américaine ayant relevé ses taux d’intérêt de 425 points de base à partir de mars », rappelle Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.

« Tout a été affreux cette année, sauf pour l’énergie et le dollar », résume l’analyste de Swissquote Bank.

Soutenu cette année par le resserrement monétaire de la banque centrale américaine (Fed), le billet vert bondit de 6,3 % sur l’année selon le Dollar index qui compare le billet vert à un panier de grandes devises.

À l’orée de 2023, « la plupart des opérateurs à Wall Street suivent la même feuille de route qui présente aux investisseurs que l’économie va croître en deçà de la tendance normale, entrer en légère récession et connaître une réouverture cahoteuse de la Chine », commente Stephen Innes, analyste de SPI Asset management.

Du côté du pétrole, des devises et du bitcoin 

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février rebondissait de 1,29 %, à 84,53 dollars, et son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois, gagnait 1,02 %, à 79,18 dollars.

Sur l’année, les cours sont en hausse de 8,54 % pour le Brent et de 5,25 % pour le WTI. Mais ils ont perdu près de 40 % de leur valeur par rapport aux pics enregistrés en mars, dans les premières semaines de la guerre en Ukraine. Le gaz naturel européen est aussi redescendu des sommets atteints en mars (345 euros le mégawattheure) et valait 76,31 euros vers 12 h 30 (heure de l’Est).

Le yen poursuivait sa progression face aux principales devises, renforcé par des achats d’obligations effectués par la Banque du Japon pour le troisième jour consécutif, selon l’agence Bloomberg.

La monnaie japonaise prenait 1,31 % face au dollar à 131,36 yens pour un dollar.

L’euro gagnait 0,41 % face au billet vert à 1,070 dollar pour un euro.

Le bitcoin était en baisse de 0,45 % à 16 518 dollars. Sur l’année, la cryptomonnaie a dégringolé de plus de 64 %.