(New York) La Bourse de New York a terminé en nette hausse vendredi, toujours poussée par un rebond technique ainsi que par des investisseurs qui entrevoient la fin du cycle de resserrement monétaire d’ici l’été.

Le Dow Jones a gagné 1,17 %, l’indice NASDAQ a pris 1,97 % et l’indice élargi S&P 500, 1,61 %.

Pour Jack Ablin, de Cresset Capital, le mouvement a été impulsé jeudi par le rebond du S&P 500 sur un seuil technique majeur, à savoir la moyenne des 200 derniers jours de Bourse, avant de poursuivre vendredi.

« Cela montre que le marché est solide techniquement », a expliqué le responsable des investissements de Cresset.

Après plusieurs semaines tourmentées, qui ont vu un recalibrage des anticipations de la place new-yorkaise quant à la trajectoire de la Réserve fédérale (Fed), les opérateurs estiment avoir digéré ce nouveau scénario.

Ils ont été rassurés par les déclarations, jeudi, du président de l’antenne de la Fed à Atlanta, Raphael Bostic, évoquant une pause du resserrement monétaire cet été.

« Le sentiment que nous arrivons (au pic du cycle monétaire) gagne du terrain », selon Jack Ablin. « Cela ne sera peut-être pas en mai, ou même en juin, mais d’ici quelques mois, la Fed va en finir avec son programme de resserrement. »

Une analyse qui s’est traduite par une nette détente des taux obligataires. Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans est ainsi descendu à 3,95 %, contre 4,05 % la veille en clôture.

Wall Street a aussi été encouragée par l’indicateur du jour, l’indice ISM, qui a montré que l’activité dans le secteur des services avait conservé, en février, un rythme sensiblement équivalent à celui de janvier (55,1 % contre 55,2).

L’enquête de l’ISM a aussi fait ressortir une légère décélération des prix payés par les directeurs des achats pour ce même secteur, à 65,6 % contre 67,8 en janvier, offrant une rare bonne nouvelle sur le front de l’inflation.

La détente des taux a été une bénédiction pour les valeurs technologiques, très dépendantes du coût de l’argent pour financer leur croissance accélérée.

Apple (+3,51 %), Tesla (+3,61 %), Amazon (+3,01 %) ou Meta (+6,14 %) ont été aux avant-postes.

Le fabricant de semi-conducteurs Broadcom (+5,70 %) a aussi brillé grâce à des résultats supérieurs aux attentes. Le groupe s’estime bien positionné pour profiter de l’accélération de l’intelligence artificielle (IA), qui requiert des puces de plus en plus rapides.

C3 AI, l’une des rares entreprises cotées à Wall Street entièrement dédiée à l’IA, survolait le marché (+33,65 %) grâce à des prévisions supérieures aux attentes pour le trimestre en cours. Le directeur général, Thomas Siebel, a fait état de « vents porteurs » liés à l’intérêt actuel pour l’intelligence artificielle.

Les valeurs bancaires ont aussi été en verve, grâce à l’accalmie des taux obligataires de court terme, dont elles dépendent pour financer leurs activités. Goldman Sachs (+2,29 %), Bank of America (+2,00 %) ou JPMorgan Chase (+1,84 %) ont toutes avancé.

L’enseigne de lingerie Victoria’s Secret (+5,22 %) profitait de résultats supérieurs aux attentes. Les investisseurs ont néanmoins jugé décevante la prévision de bénéfice pour le premier trimestre et, pour l’analyste de GlobalData, Neil Saunders, Victoria’s Secret « est une marque en déclin ».

La chaîne de magasins de semi-gros Costco a lâché 2,15 %, après avoir publié un chiffre d’affaires inférieur aux prévisions et des commentaires prudents du directeur général, Craig Jelinek.

Le fabricant d’ordinateurs Dell (-0,95 %) a souffert de prévisions en deçà des projections des analystes, malgré des résultats trimestriels meilleurs qu’attendu.

La Bourse de Toronto

La Bourse de Toronto a clôturé en hausse de près de 250 points vendredi, Wall Street enregistrant également de solides gains.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a dégagé un gain de 244,37 points à 20 581,58 points.

« C’était une très belle journée au Canada aujourd’hui », affirme Colin Cieszynski, stratège en chef du marché chez SIA Wealth Management.

Il ajoute qu’avec une hausse de plus de 2,1 % du pétrole brut au cours de la journée et l’or gagnant également du terrain, le TSX, riche en ressources, était sur une hausse.

« Une bonne journée pour les mineurs, une bonne journée pour l’énergie, est une bonne journée pour le Canada », renchérit M. Cieszynski.

Cette reprise a été la cerise sur le gâteau de la première semaine de gains de Bay Street après trois semaines consécutives de pertes. La semaine dernière en particulier a été difficile pour les actions canadiennes, qui ont enregistré leurs plus fortes pertes depuis le début de 2023.

Selon M. Cieszynski, les marchés semblent se stabiliser après ce qui a été une hausse rapide, puis la chute qui en a résulté, au cours des deux premiers mois de l’année.

Au début de 2023, Wall Street s’était ralliée à l’espoir que le ralentissement de l’inflation inciterait la Fed à faciliter ses hausses de taux d’intérêt. Mais le mois dernier, la reprise s’est inversée après que plusieurs rapports sur l’économie ont été plus effervescents que prévu. Ils comprenaient des données sur le marché du travail, les dépenses de consommation et l’inflation elle-même à plusieurs niveaux.

Les données solides signifient que les investisseurs ont dû se résigner à la probabilité de hausses supplémentaires des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine cette année, dit M. Cieszynski.

« Il semble que les gens aient été un peu choqués au début, surpris si vous voulez, et maintenant les gens s’habituent à nouveau à l’idée », ajoute-t-il.

Preuve que les investisseurs s’installent dans leurs attentes nouvellement ajustées, le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans est retombé à 3,96 % contre 4,06 % jeudi soir. C’était un répit après sa hausse du mois dernier, car les attentes concernant une Fed plus belliciste ont contribué à faire grimper les rendements obligataires.

« Le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans, qui revient en dessous de 4 %, aide les marchés en général », précise M. Cieszynski.

À l’approche de la semaine prochaine, M. Cieszynski avance que les investisseurs surveilleront la prochaine annonce de taux d’intérêt de la Banque du Canada prévue pour mercredi, pour voir si elle confirme réellement une pause dans les hausses de taux comme prévu.

« Je soupçonne qu’ils feront une pause », affirme-t-il.

« Mais la question est alors : qu’est-ce que cela signifie pour le dollar canadien, si la Banque du Canada fait officiellement une pause pendant que la Fed américaine continue d’augmenter ses taux ? »

L’autre chose à surveiller la semaine prochaine, selon M. Cieszynski, ce sont les nouvelles données sur l’emploi provenant des États-Unis et du Canada. Le marché de l’emploi au cours des derniers mois est resté constamment plus hyperactif que prévu — et bien que ce soit une excellente nouvelle pour les travailleurs, cela suggère également que les banques centrales ne sont peut-être pas encore disposées à relâcher leurs efforts pour freiner l’inflation.

« C’est le prochain grand indicateur économique à venir, et bien sûr, il ne s’agit pas seulement de données sur l’emploi, mais tout le monde surveille également l’inflation des salaires », conclut M. Cieszynski.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 73,48 cents US, en hausse par rapport à celui de 73,45 cents US de jeudi.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a grimpé de 1,52 $ US à 79,68 $ US le baril, pendant que celui du gaz naturel s’est emparé de 24 cents US à 3,01 $ US le million de BTU.

Le prix de l’or a gagné 14,10 $ US à 1854,60 $ US l’once et celui du cuivre a perdu 1 cent US à 4,07 $ US la livre.

Amanda Stephenson, La Presse Canadienne, avec des informations de l’Associated Press