(New York) L’aversion au risque a dominé mardi dans les salles de marché qui ont de nouveau mis la pression sur le secteur bancaire en attendant les décisions des banques centrales américaine et européenne sur leurs taux d’intérêt.

Les craintes de récession mondiale ont aussi lourdement pesé sur le secteur pétrolier.

Confrontées à plusieurs indicateurs contradictoires pour la politique monétaire, les places européennes ont abandonné 1,45 % à Paris, 1,23 % à Francfort et 1,24 % à Londres.

D’une part, l’inflation est repartie à la hausse en avril en zone euro interrompant une série de cinq reculs mensuels consécutifs, et d’autre part, les conditions d’octroi de prêts se sont durcies au premier trimestre, selon la Banque centrale européenne (BCE).

Ces données « rendent encore plus probable une hausse des taux de 25 points de base » à l’occasion de la réunion de l’institution jeudi, commente Ulrike Kastens, économiste chez DWS.

« La BCE reste dépendante des données et de nouvelles hausses de taux sont susceptibles d’être envisagées. Elle devrait le réaffirmer » jeudi, ajoute l’experte.

L’institution francfortoise a relevé ses taux de 3,50 points de pourcentage depuis juillet 2022 dans le cadre d’une campagne sans précédent de resserrement monétaire destiné à combattre l’inflation.

À la Bourse de New York, de nouvelles inquiétudes sur le sort des banques régionales américaines ont fait chuter les indices : le Dow Jones et le NASDAQ ont lâché 1,08 % et le S&P 500 a perdu 1,16 %.

Aux États-Unis, la Réserve fédérale (Fed) devrait mercredi annoncer relever son taux directeur de 25 points de base. Mais le langage de son communiqué et celui de Jerome Powell, son président, en conférence de presse, sera scruté par les investisseurs qui espèrent une pause à venir dans les hausses de taux.  

Le contexte économique est en effet de plus en plus morose, avec une croissance au ralenti au premier trimestre, à tout juste 0,3 % par rapport au trimestre précédent et à 1,1 % en rythme annuel.

La possibilité d’une légère récession au cours des deux prochains trimestres fait de moins en moins de doute pour la majorité des analystes, qui n’attendent une reprise que pour le dernier trimestre de cette année.

Les banques régionales américaines au centre de l’attention

Malgré le rachat de First Republic par JPMorgan la veille censé apaiser la crise bancaire, le secteur a de nouveau été pris pour cible : la banque régionale PacWest a plongé de 27,78 % et Western Alliance de 15,12 %. Ces deux titres ont été suspendus de cotation à plusieurs reprises à Wall Street pour volatilité.

En Europe, les Allemandes Deutsche Bank (-2,79 %) et Commerzbank (-4,16 %) comme les Françaises BNP Paribas (-2,78 %) et Société Générale (-1,79 %), ont fini dans le rouge. À Londres, l’action du groupe bancaire HSBC a en revanche grimpé de plus de 3 % après l’annonce d’un bénéfice net ayant presque quadruplé sur un an au premier trimestre.

Chegg fait les frais de ChatGPT

L’action de la société américaine de soutien scolaire en ligne Chegg a plongé de plus de 48 % à Wall Street, après avoir averti que ses revenus avaient souffert de l’émergence de l’interface d’intelligence artificielle ChatGPT.

Les cours du brut au plus bas depuis mars

Les prix du pétrole ont creusé leurs pertes, les inquiétudes quant à une possible récession mondiale continuant de peser sur la demande de brut, avant la décision de politique monétaire de la Fed.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, a perdu 5,03 % à 75,32 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en juin, a abandonné 5,28 % à 71,66 dollars, au plus bas depuis plus d’un mois.

Le dollar cédait du terrain face à l’euro, le regain de tension au sein du secteur bancaire américain effaçant le rebond que s’était offert, plus tôt, le billet vert. L’euro gagnait ainsi 0,22 % à 1,1000 dollar pour un euro à 16 h 40 (heure de l’Est).

Le bitcoin avançait de 3,93 % à 28 769 dollars.