(New York) La Bourse de New York a terminé en baisse mardi pour la seconde séance consécutive, dans un mouvement de tassement après plusieurs semaines positives, mais sans inquiéter les investisseurs, qui restent optimistes, dans l’ensemble.

Le Dow Jones s’est replié de 0,72 %, l’indice NASDAQ a cédé 0,16 % et l’indice élargi S&P 500 a lâché 0,47 %.

« Les marchés ne peuvent pas monter tous les jours, ce n’est pas soutenable », a commenté Steve Sosnick, d’Interactive Brokers. « On a juste quelques prises de bénéfices. C’est sain. »

La place new-yorkaise a ainsi accueilli ce fléchissement avec flegme, d’autant que les indices se sont redressés en fin de séance.

« Il faut garder à l’esprit qu’on n’a fait que redescendre aux niveaux de jeudi », qui marquaient des sommets de plus d’un an, a souligné Steve Sosnick. « Ce n’est pas ce qu’on appelle une correction majeure. »

Illustration du fait que Wall Street reste sereine, l’indice de volatilité VIX mesurant la nervosité des opérateurs est demeuré mardi proche de son plus bas niveau depuis plus de trois ans, atteint jeudi dernier. La Bourse de New York était fermée lundi, jour férié aux États-Unis.

Le seul indicateur du jour a confirmé la vision du marché, qui voit, dans son ensemble, l’activité économique américaine atterrir en douceur.

Les mises en chantier ont atteint, en mai, leur plus haut niveau depuis 13 mois, et les dépôts de permis de construire, considéré comme un indicateur avancé du marché de l’immobilier, ont bondi de 5,2 % sur un mois, alors que les économistes s’attendaient à un statu quo.

Pour Edward Moya, d’Oanda, l’affaiblissement de l’immobilier ces derniers mois était un atout pour la banque centrale américaine (Fed) dans sa lutte contre l’inflation, « mais il semble qu’on soit à un point bas », signe que le marché pourrait rebondir et les prix avec lui.

Les investisseurs continuent à douter ostensiblement des signaux de la Fed, dont la majorité des membres prévoient une nouvelle série de hausses de taux d’ici la fin de l’année. Le marché ne table, lui, que sur un relèvement, en juillet, suivi d’un statu quo jusqu’en 2024.

Alors que le marché actions se tassait, les obligations ont repris des couleurs après plusieurs séances difficiles. Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans ressortait à 3,71 %, contre 3,76 % vendredi en clôture.

À la cote, le constructeur de véhicules électriques Rivian est monté (+5,51 %) après avoir dévoilé un accord avec son concurrent Tesla (+5,34 %) qui permettra aux propriétaires de ses voitures d’accéder au réseau de chargeurs de la compagnie dirigée par Elon Musk.

Un autre concurrent de Tesla, Nikola, a bondi (+10,92 %) après avoir révélé vendredi un plan social qui va réduire de quasiment un quart ses effectifs et doit permettre au groupe de Phoenix (Arizona) de ménager sa trésorerie.

Alibaba a reculé (-4,53 %) après l’annonce d’un remaniement de la direction du groupe, avec la désignation de deux proches du co-fondateur et personnalité emblématique du géant chinois, Jack Ma, aux postes de président et de directeur général.

Nike a été sanctionné (-3,57 %) après un abaissement d’objectif de cours d’UBS, qui s’attend à ce que l’équipementier publie, la semaine prochaine, des prévisions décevantes.

Le secteur des cryptomonnaies a profité du lancement, par plusieurs sociétés financières établies, notamment Charles Schwab, Fidelity ou Citadel, d’une plateforme d’échange de crypto-actifs. Il montre que les acteurs de la finance traditionnelle n’ont pas renoncé à s’engager dans les cryptomonnaies malgré les récentes turbulences qu’a connues cette industrie.

Les spécialistes du « minage » de cryptomonnaies Marathon Digital (+17,43 %) et Riot Platforms (+8,17 %), ont été portés par cet élan, de même que la plateforme d’échange Coinbase (+2,70 %).

La Bourse de Toronto

La Bourse de Toronto a retraité mardi de 180 points, tirée vers le bas par les pertes des secteurs de l’énergie et des métaux de base, pendant que les grands indices américains ont culbuté eux aussi.

La faiblesse des groupes de l’énergie et des matériaux a entraîné des pertes des deux côtés de la frontière, mais a pesé davantage sur le TSX, a souligné Ian Chong, gestionnaire de portefeuille associé pour First Avenue Investment Counsel.

Le pétrole était plus bas en raison des inquiétudes persistantes concernant l’économie chinoise, a poursuivi M. Chong.

La Chine a abaissé ses taux d’intérêt directeurs alors que la deuxième économie mondiale continue de trébucher dans sa reprise postpandémique.

« On craint que la santé de l’économie ne soit fragile, c’est pourquoi ils doivent stimuler l’économie et, vous savez, la Chine est le plus grand importateur de pétrole au monde, ce qui a manifestement des implications négatives sur le prix », a affirmé M. Chong.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a perdu 180,07 points pour terminer la séance avec 19 754,14 points.

Les investisseurs attendent avec prudence le rapport semestriel que le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, présentera au Congrès cette semaine, a indiqué M. Chong.

« Les marchés pourraient voir une plus grande volatilité, car nous pouvons nous attendre à certaines réactions fortes aux explications de M. Powell au sujet de la décision de prendre une pause (de hausse de taux d’intérêt) ce mois-ci », a prévenu M. Chong.

« Je pense qu’il va se montrer plus belliciste que pacifiste, a-t-il ajouté. Je ne pense pas qu’il veuille attiser davantage le feu sur les marchés boursiers. »

Alors que les marchés ont enregistré de solides gains depuis le début de l’année, cette reprise a été limitée à certains titres et secteurs en particulier, a observé M. Chong, et bien qu’elle se soit quelque peu élargie, elle constitue toujours une base discutable pour que le marché puisse se maintenir à l’approche de la seconde moitié de l’année.

« Cette reprise est-elle vraiment durable, en particulier à l’approche de la saison des résultats du deuxième trimestre fin juillet et août ? » s’est-il demandé.

« Les bénéfices du deuxième trimestre en diront beaucoup, car non seulement nous obtiendrons les chiffres pour le trimestre, mais nous aurons également les perspectives de bon nombre de ces entreprises à l’approche du troisième trimestre. »

Au Canada, les plus récentes données sur les ventes des détaillants, pour le mois d’avril, seront dévoilées mercredi. Celles-ci devraient donner un meilleur aperçu de la situation du consommateur dans un contexte de taux d’intérêt plus élevés. Les ventes du mois de mars avaient montré un recul de 1,4 %.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 75,52 cents US, en baisse par rapport à celui de 75,72 cents US de lundi.

Le prix de l’or a culbuté de 23,50 $ US par rapport à vendredi pour finir la séance à 1947,70 $ US l’once et celui du cuivre s’est déprécié de moins de 1 cent US par rapport à vendredi pour terminer à 3,88 $ US la livre.

La Presse Canadienne