(Hong Kong) La cotation du promoteur chinois ultra-endetté Evergrande a repris lundi à la Bourse de Hong Kong, où le titre a chuté d’environ 80 %, après 17 mois de suspension pour non-publication de ses résultats financiers.

Le titre a plongé de près de 87 % pendant les échanges lundi matin, la valeur de marché d’Evergrande tombant à environ 590 millions de dollars à la mi-journée. Elle avait atteint un pic de plus de 50 milliards de dollars en 2017.  

L’hémorragie a continué tout le restant de la journée, Evergrande ayant clos la séance en repli de 79,4 %.

La société avait déclaré vendredi dans un communiqué avoir « rempli » ses obligations, dont la publication de ses résultats, et « respecté les directives de reprise » établies par la Bourse.  

La cotation du titre avait été interrompue en mars 2022, car l’entreprise, aux abois, n’avait alors pas publié ses résultats pour 2021.

Les résultats annuels pour 2021 et 2022 ont finalement été publiés le mois dernier et c’est pour cette raison que la place boursière a donné son feu vert à la reprise des échanges.

Réunions avec les créanciers

Evergrande a reporté lundi des réunions sur la restructuration de sa dette extraterritoriale quelques heures seulement avant leur tenue prévue avec les créanciers.  

Le report d’environ un mois permettra aux créanciers de « considérer, comprendre et évaluer » le plan, a indiqué la société dans un document boursier.  

Le plan proposé par Evergrande offre aux créanciers le choix d’échanger leur dette contre de nouveaux titres émis par la société ou des actions de deux filiales, Evergrande Property Services Group et Evergrande New Energy Vehicle Group.  

Les réunions se tiendront entre les 25 et 26 septembre, ce qui, selon le promoteur, est « conforme » au calendrier attendu par les créanciers.

Plus tôt ce mois-ci, la société a déposé une demande de mise en faillite aux États-Unis, une mesure visant à protéger ses actifs américains pendant sa restructuration.

L’entreprise a aussi repoussé les requêtes en liquidation devant les tribunaux de Hong Kong, l’audience d’une affaire ayant été reportée à octobre.

Evergrande, dont la descente aux enfers est emblématique de la crise de l’immobilier en Chine, a annoncé dimanche avoir réduit ses pertes au premier semestre, malgré un inquiétant manque de liquidités.

Ses pertes nettes pour la période janvier-juin se sont élevées à 33 milliards de yuans (4,53 milliards de dollars), selon un communiqué publié sur le site internet de la Bourse de Hong Kong.  

Elles étaient de 66,4 milliards de yuans pour la même période de l’année dernière.

Le groupe a toutefois vu fondre sa trésorerie durant le premier semestre 2023, puisqu’elle est passée d’environ deux milliards de dollars à seulement 556 millions, une somme faible pour un groupe de cette taille.

Une situation qui devrait compliquer ses remboursements ces prochains mois.

« Atténuer les risques »

L’endettement abyssal du groupe préoccupe depuis deux ans les marchés et fait régulièrement les gros titres de la presse chinoise et internationale.

Evergrande estime désormais sa dette totale à 2388,2 milliards de yuans (328 milliards de dollars) contre près de 340 milliards de dollars fin 2022.

La mise sur pause des chantiers d’Evergrande avait entraîné des manifestations dans plusieurs provinces de Chine de la part de futurs propriétaires mécontents de ne pouvoir emménager dans les logements promis.

Beaucoup avaient également refusé de payer leurs mensualités, aggravant la situation financière du groupe.

Au 30 juin 2023, les emprunts du groupe s’élevaient à 624,77 milliards de yuans (86 milliards de dollars), soit une augmentation de plus de 12 milliards de yuans par rapport à fin 2022.  

Là encore, cette situation fragilise la possibilité pour le groupe de rembourser sa dette.

Ex-numéro un déchu de l’immobilier en Chine, le groupe était jadis l’un des plus puissants du pays et, outre son cœur de métier, avait investi dans l’eau minérale, un club de football ou encore les véhicules électriques.

À l’avenir, l’entreprise va s’atteler à « atténuer les risques » et « s’efforcera d’assurer la livraison des biens immobiliers », a promis Evergrande dimanche dans son communiqué.