(San Francisco) Les premiers appels publics à l’épargne sont de retour, avec toutes leurs imperfections.

Après deux ans de disette, les actions de la société de livraison de produits alimentaires Instacart ont clôturé leur première journée de mardi à 33,70 $ US, soit une hausse de 12 % par rapport au prix de leur introduction en Bourse, qui était de 30 $ US. Cette performance montre que les investisseurs sont prêts à tenter leur chance auprès de jeunes entreprises technologiques, mais seulement au bon prix.

La capitalisation boursière d’Instacart, qui comprend toutes les actions en circulation, s’élève à 11,1 milliards de dollars. Mais même avec l’envolée du cours de l’action, la valorisation de l’entreprise est restée très éloignée des 39 milliards de dollars que les investisseurs lui avaient attribués sur le marché privé en 2021.

Ce fut une perte douloureuse pour les investisseurs qui avaient acheté à ce pic, envoyant un dur rappel à la réalité à d’autres start-up qui ont recueilli des fonds à des valorisations gonflées.

Fidji Simo, PDG d’Instacart, a affirmé que l’évaluation reflétait l’évolution des cours boursiers, même si l’entreprise a amélioré ses performances au cours des deux dernières années, notamment en réalisant des bénéfices.

« Les marchés fluctueront toujours », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle se concentrait davantage sur ce qu’elle pouvait contrôler.

Les secteurs de la technologie et de la finance attendaient avec impatience les nouvelles introductions en Bourse dans l’espoir qu’elles entraîneraient une augmentation du nombre de cotations. L’inflation et la hausse des taux d’intérêt, ainsi qu’un ralentissement général marqué par des licenciements et d’autres réductions, ont renforcé le scepticisme des investisseurs à l’égard des entreprises technologiques, ce qui a entraîné un quasi-gel des introductions en Bourse au cours des deux dernières années.

Seulement 144 entreprises sont entrées en Bourse aux États-Unis au cours de cette période, recueillant 22,5 milliards de dollars, en baisse par rapport aux 397 introductions en Bourse qui ont recueilli 142 milliards de dollars en 2021, selon Renaissance Capital, qui suit les nouvelles cotations.

Changement en vue ?

Les choses ont commencé à changer la semaine dernière lorsque Arm, un concepteur de puces appartenant à SoftBank, est entrée en Bourse. Le prix de son action a été fixé au sommet de la fourchette proposée et a bondi de 25 % le premier jour de cotation. Beaucoup espéraient que l’introduction en Bourse d’Arm encouragerait davantage d’investisseurs à réinvestir dans la technologie.

De nombreuses entreprises sont impatientes d’entrer sur le marché public. Selon EquityZen, une place de marché pour les actions privées, plus de 1400 start-up privées, d’une valeur totale de plus de 4900 milliards de dollars, pourraient être candidates. Parmi elles figurent la société de réseaux sociaux Reddit, la société de billetterie SeatGeek et la société de location de voitures Turo.

Klaviyo, jeune pousse spécialisée dans les logiciels de marketing, devrait également entrer en Bourse cette semaine. Les investisseurs ont évalué la société à 9,5 milliards de dollars lorsqu’elle était privée.

Les investisseurs ont souvent été sceptiques quant à la capacité des entreprises technologiques très valorisées de la dernière génération – appelées « licornes » en raison de leur rare valorisation à 1 milliard de dollars – à dégager des bénéfices.

Instacart et Klaviyo ont défié ces attentes. Instacart a réalisé 428 millions de dollars de bénéfices pour un chiffre d’affaires de 2,5 milliards de dollars l’année dernière, en partie parce qu’elle s’est développée au-delà de son activité principale de livraison d’épicerie et s’est lancée dans la publicité et les services logiciels. Klaviyo a perdu de l’argent l’année dernière, mais a réalisé un bénéfice de 15 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 320 millions de dollars au premier semestre de cette année.

Ensemble, ces entreprises ont montré que les attentes des investisseurs à l’égard d’une société qui entre en Bourse sont désormais plus élevées qu’elles ne l’étaient auparavant. « La rentabilité sera un élément clé », a déclaré Kyle Stanford, analyste chez PitchBook, qui suit les entreprises en phase de démarrage.

Cet article a été publié à l’origine dans The New York Times.

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