(New York) La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé vendredi, digérant à la fois des perspectives décevantes dans le secteur des semi-conducteurs et des nouvelles positives de l’inflation avant une semaine cruciale avec la réunion de la Fed.

L’indice Dow Jones a gagné 0,16 % à 38 109,43 points, le NASDAQ, à dominante technologique cédé 0,36 % à 15 455,36 points et le S&P 500 -0,07 % à 4890,97 points.

En dépit de ce modeste ralentissement, Wall Street a conclu sur un gain hebdomadaire grâce aux records empilés ces dernières séances.

L’indice élargi S&P 500, le plus représentatif du marché, a ainsi gagné presque 0,80 % sur la semaine.

« On a eu un marché mitigé aujourd’hui avec les annonces d’Intel qui de toute évidence ont pesé sur le NASDAQ », a relevé Peter Cardillo de Spartan Capital.

Le géant des micro-processeurs a lâché 11,91 % à 43,65 dollars après avoir signalé des prévisions inférieures aux attentes pour le trimestre en cours. Intel a dit qu’il s’attendait désormais à des ventes de 12,2 milliards à 13,2 milliards de dollars, bien en dessous des 14,2 milliards attendus par les analystes.

Cet avertissement a fait aussi chuter les titres du secteur comme AMD (-1,71 %), Nvidia (-0,95 %), Broadcom (-2,04 %) et Qualcomm (-2,43 %).

Peu avant l’ouverture de la séance, le département du Commerce a publié les chiffres de l’inflation aux États-Unis, mesurée par l’indice PCE, l’outil favori de la Réserve fédérale (Fed) pour jauger l’évolution des prix.

La hausse des prix est restée à 2,6 % en décembre sur un an. Sur un mois cependant, elle est repartie à la hausse, les prix augmentant de 0,2 % par rapport à novembre, comme attendu. Mais hors alimentation et énergie, l’inflation dite « sous-jacente » est elle tombée à 2,9 %, son plus bas niveau depuis près de trois ans.

« On a eu de bonnes nouvelles du côté de l’inflation qui évolue dans la bonne direction », a noté M. Cardillo interrogé par l’AFP. « Mais on a aussi eu des signes d’une forte consommation ce qui a effrayé le marché obligataire et les rendements sont remontés », a-t-il ajouté.

Les dépenses des ménages (+0,7 %) ont en effet grimpé plus vite que leurs revenus (+0,3 %) en décembre.

Réagissant à cet allant du consommateur qui risque de retarder les baisses de taux de la Fed attendues cette année par les investisseurs, les rendements obligataires à dix ans ont grimpé à 4,15 % au lieu de 4,11 % la veille.

Alors que le Comité monétaire de la banque centrale américaine rendra une décision mercredi, « le ton du message de la Fed restera à moitié strict », estime Peter Cardillo.

« Son message sera de dire que si l’inflation va dans la bonne direction, il est encore trop tôt pour clamer victoire, ce qui repousse tout espoir de baisses des taux à la deuxième moitié de l’année », a affirmé l’analyste.

La semaine prochaine sera aussi lourde en nouvelles d’entreprises avec les résultats d’Apple (-0,90 %) et de Microsoft (-0,23 %), les deux plus grosses capitalisations du marché. Microsoft qui, jeudi, avait dépassé brièvement les 3000 milliards de dollars de capitalisation, a annoncé le licenciement de 1900 salariés de sa filiale de consoles Xbox et d’Activision Blizzard.

Les comptes trimestriels d’Alphabet (+0,10 %), d’Amazon (+0,87 %) et de Meta (+0,24 %) sont aussi attendus.

Sur le front macro-économique, le rapport sur l’emploi pour janvier sera publié vendredi.

Parmi d’autres valeurs, Salesforce, le groupe de logiciels de relations clients qui fait partie du Dow Jones, a grappillé 0,32 % alors que la compagnie s’apprêterait à supprimer 700 emplois, selon le Wall Street Journal, soit 1 % de ses effectifs mondiaux.

Bénéficiant de l’allant du consommateur, la compagnie de cartes de crédit American Express s’est envolée de 7 %, portée aussi par un bond de 27 % de son bénéfice trimestriel par action et la prévision d’une une hausse de son chiffre d’affaires de 9 % à 11 % en 2024, dans la fourchette haute des projections des analystes.

Son concurrent Visa a reculé de 1,72 % après avoir signalé un ralentissement de la croissance des transactions de paiements en janvier.

Le fabricant de dentifrices et produits d’hygiène et ménagers Colgate-Palmolive a gardé le sourire (+1,97 %) après des performances financières supérieures aux attentes du marché au quatrième trimestre, anticipant le maintien de cette « dynamique de croissance » en 2024 et au-delà.

L’indice TSX en hausse

Le principal indice boursier canadien a fait un léger gain, vendredi, tandis que les marchés boursiers américains ont terminé la journée de façon mitigée, tirés vers le bas par le secteur technologique.

L’indice composé S&P/TSX a augmenté de 23,74 points à 21 125,28.

Les actions ont repris leur souffle pour conclure une semaine solide, a déclaré Angelo Kourkafas, stratège principal en investissement chez Edward Jones.

« Même si le secteur technologique a fait le gros du travail, poussant les principaux indices vers de nouveaux sommets, pour la journée, le NASDAQ est en baisse », a-t-il noté, vendredi.

Intel a pesé sur le marché dans son ensemble après que ses prévisions de revenus et de bénéfices eurent suscité de la déception, malgré de solides résultats. Son action a clôturé en baisse de près de 12 %.

Parallèlement, deux rapports aux États-Unis ont dressé vendredi le portrait d’une économie toujours résiliente.

La mesure de l’inflation privilégiée par la Réserve fédérale américaine a continué de ralentir le mois dernier, selon le dernier rapport du gouvernement. Les prix de base ont augmenté de 2,9 % par rapport à la même période de l’année précédente.

Les données donnent à la Fed un peu plus de marge pour commencer à réduire son taux d’intérêt directeur, a déclaré M. Kourkafas, même s’il demeure difficile de prédire la date à laquelle cela pourrait se produire. Les attentes sont plutôt divisées sur la possibilité de premières réductions dès le mois de mars.

Un autre rapport, quant à lui, a montré que les dépenses de consommation se sont renforcées à un niveau plus important que prévu en décembre.

« Cela s’inscrit dans le cadre d’un récit plus large alors que nous terminons la semaine et réfléchissons aux solides gains », a déclaré M. Kourkafas.

La résilience de l’économie américaine augmente les chances d’un atterrissage en douceur, a-t-il fait valoir.

La semaine prochaine aura lieu la première réunion de la Fed de l’année, où elle devrait faire écho à la posture du Canada cette semaine : des taux inchangés, mais un message davantage orienté vers des réductions à venir, a souligné M. Kourkafas.

Certains des plus grands noms de la technologie qui ont dominé le marché publieront également leurs résultats pour le dernier trimestre, notamment Microsoft, Alphabet, Amazon et Meta.

« Tout cela, bien sûr, compte beaucoup pour les marchés et pour le S&P en particulier », a affirmé M. Kourkafas.

« Mais il sera également intéressant de voir quel genre de perspectives ils offrent », a-t-il ajouté, notamment sur l’intelligence artificielle, qui a été un facteur clé de la surperformance récente du secteur technologique.

Le Canada recevra également de nouvelles données sur le PIB.

L’économie canadienne n’a pas été aussi résiliente que celle des États-Unis et est au bord d’une récession technique alors que les taux d’intérêt pèsent lourd dans la balance.

Le dollar canadien se situait à 74,35 cents US, en hausse comparativement à 74,10 cents US jeudi.

Sur la bourse des matières premières de New York, le pétrole brut était en hausse de 65 cents à 78,01 $ US le baril et le gaz naturel glissait d’un demi-cent à 2,18 $ US le million de BTU.

L’or a baissé de 50 cents à 2017,30 $ US pour l’once et le cuivre a perdu deux cents à 3,85 $ US la livre.

Rosa Saba, La Presse Canadienne