(Los Angeles) Les journalistes syndiqués du Los Angeles Times ont cessé le travail vendredi, une première dans l’histoire de ce journal américain créé il y a 142 ans, pour protester contre un vaste plan de licenciements prévu au sein de ce titre en grande difficulté financière.

Dans un contexte de crise de la presse écrite américaine, des dizaines d’employés du journal ont débrayé et se sont rassemblés dans un parc du centre de Los Angeles pour dénoncer les projets de la direction, qui envisage actuellement une large vague de suppressions d’emplois.

« Les modifications de notre contrat que la direction tente de nous faire accepter sont indécentes et intenables », a dénoncé Brian Contreras, un responsable syndical du journal. « Si la direction pense que notre situation financière est intenable, elle doit s’asseoir à la table des négociations en toute bonne foi et élaborer un plan de rachat avec nous. »

Ce mouvement de grève ponctuelle a été suivi par 90 % des salariés syndiqués du journal, selon lui, y compris par des correspondants d’autres villes des États-Unis, dont la capitale Washington.

La direction de ce titre symbolique de la presse américaine a annoncé jeudi « prévoir des licenciements » pour réduire son budget de fonctionnement.

Aucun chiffre de suppression d’emplois n’a été avancé, mais le plan pourrait concerner une centaine de journalistes, selon plusieurs médias américains. Soit environ un cinquième de la rédaction du L. A. Times.

Cette menace d’une nouvelle vague de licenciements intervient alors que le quotidien, qui appartient au milliardaire Patrick Soon-Shiong, a déjà supprimé 70 postes en juin dernier.

Comme beaucoup de titres de la presse traditionnelle, le L. A. Times a eu du mal à s’adapter aux bouleversements induits par l’avènement de l’internet. Le journal lutte face à la diminution de ses revenus publicitaires et à l’érosion de son nombre d’abonnés.

L’année dernière, le journal a ainsi perdu 30 à 40 millions de dollars, selon les confidences de sources proches du dossier à ses journalistes.  

La presse écrite est en difficulté aux États-Unis et son extinction s’accélère, selon le dernier rapport annuel de l’école de journalisme de la Northwestern University.

Plus de 130 journaux ont fermé ou été absorbés en 2023 dans le pays, soit 2,5 par semaine, selon ce document. D’ici la fin 2024, les États-Unis devraient avoir perdu un tiers de leurs journaux en un peu moins de vingt ans.