(Halifax) Un fonds de capital-investissement entame une procédure d’insolvabilité contre le groupe SaltWire, qui possède plusieurs journaux dans les provinces des maritimes. Selon ce fonds, l’entreprise médiatique doit des dizaines de millions de dollars après plusieurs années de mauvaise gestion.

Dans des documents déposés lundi à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse, Fiera Private Debt Fund a déclaré que SaltWire et The Halifax Herald lui devaient conjointement 32,7 millions. À cette somme s’ajoutent près de 600 000 $ d’intérêts courus et impayés.

Environ le trois quarts de cette somme est due par SaltWire, qui possède un certain nombre de médias d’information dans toutes les provinces des maritimes, dont le Chronicle Herald d’Halifax, le Telegram de St. John’s et le Guardian de Charlottetown.

Dans les documents déposés, Fiera a accusé la haute direction de l’entreprise de mauvaise gestion, d’utiliser les fonds de pension des employés pour ses opérations et de ne pas verser la taxe de vente harmonisée (TVH) entre autres allégations.

Les documents indiquent que les entreprises de SaltWire sont insolvables et « au bord d’une crise de liquidité ».

SaltWire elle-même s’est placée sous la protection de ses créanciers en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), a affirmé son directeur de l’exploitation, Ian Scott, dans un communiqué lundi soir.

M. Scott a expliqué qu’il s’agissait d’une décision stratégique visant à relever les défis financiers de l’entreprise et à assurer sa viabilité à long terme.

Il a ajouté que les « défis sans précédent » auxquels est confrontée l’industrie des médias au Canada ont affecté les opérations et la santé financière de SaltWire.

Cependant, il a déclaré que les opérations se poursuivraient comme d’habitude, car la société espère restructurer ses finances et ses opérations et prend toutes les mesures nécessaires pour minimiser l’effet du processus sur les parties prenantes.

« Nous restons pleinement engagés à fournir un journalisme de haute qualité et à maintenir la confiance et le soutien de nos communautés, comme nous le faisons depuis près de deux siècles », a déclaré M. Scott.

Dans ses documents déposés, Fiera affirme avoir prêté de l’argent à SaltWire pour l’aider à financer son acquisition en 2017 de plusieurs entreprises de Transcontinental Nova Scotia Media Group.

Les documents indiquent que The Herald a récemment été condamné à payer plus de 2,6 millions au titre de retraite impayée et que SaltWire a récemment été condamné à verser 500 000 $ en garantie des frais liés au litige concernant son acquisition de Transcontinental.

La dette résultant de l’acquisition, « les pressions créées par les réseaux sociaux multinationaux » et la décision de justice exigeant une contribution de 2,6 millions de dollars à un fonds de pension ont exercé « une pression insupportable » sur SaltWire, a confié M. Scott.

Les documents déposés par Fiera indiquent qu’au 2 janvier, SaltWire et The Herald devaient à l’Agence du revenu du Canada plus de 7 millions combinés en TVH perçue et non remise.

Fiera affirme que les entreprises sont en défaut depuis plus de cinq ans, ont fait peu de progrès dans le remboursement de leurs dettes principales et n’ont pas l’intention de le faire. Fiera affirme avoir accordé des « concessions importantes » aux emprunteurs, qui refusent de discuter de manière significative des préoccupations des prêteurs concernant les entreprises et leur dette.

Récemment, a affirmé Fiera, SaltWire et The Herald ont cherché à trouver un investisseur ou un acheteur pour l’entreprise, mais n’ont pas réussi à sécuriser une offre acceptable.

Les documents déposés visent à nommer KSV Restructuring comme contrôleur nommé par le tribunal pour les procédures en vertu de la LACC, et à nommer un directeur chargé de la restructuration de l’entreprise.

Ils confirment que Fiera sera le premier prêteur à être remboursé en cas de vente ou de dissolution de SaltWire.

Pendant ce temps, SaltWire cherche à nommer la firme Grant Thornton comme contrôleur, a déclaré M. Scott.

Il a déclaré que la société ne ferait pas de commentaires supplémentaires sur le dépôt, mais qu’elle fournirait en ligne des mises à jour sur le processus en vertu de la LACC.