La transaction a été bouclée comme on noue ses lacets : en un tour de main.

« Un appel de 12 minutes », résume le président de Chaussures Régence, Alexandre Bergeron.

Chaussures Régence, spécialisée en chaussures de sécurité, vient d’acquérir son homologue Paragone, fondée en 1995 par Claude et Philippe Bernadet.

« J’ai reçu un appel de l’un des deux proprios, raconte Alexandre Bergeron. Ils étaient prêts à prendre leur retraite. Ils étaient en discussion pour trouver un acheteur, et leur banquier a eu la gentillesse de dire qu’ils devraient faire affaire avec Bergeron. »

Chaussures Régence, à Québec, fait la conception, le développement et la commercialisation de chaussures de sécurité sous les marques Acton, STC, Wilkuro et Oshatoes.

Située à Saint-Augustin-de-Desmaures, Paragone conçoit et distribue les bottes NAT’S et la marque de chaussures et vêtements de travail pour femmes Pilote & Fille, fondée par l’ancienne humoriste Marie-Lise Pilote.

Aiguillés par leurs banquiers communs, Claude et Philippe Bernadet ont pris contact avec Alexandre Bergeron durant l’été 2022.

« Ils m’ont appelé le vendredi à 15 h, relate celui-ci. Le samedi matin, on s’est rencontrés pendant une heure. »

Alexandre Bergeron pensait mener une négociation d’affaires. Il s’est vite aperçu qu’il passait l’équivalent d’une entrevue d’embauche.

« Je m’attendais à ce qu’ils me parlent de leur entreprise, qu’ils me disent ce qu’ils voulaient, et je me suis rendu compte que l’interview n’était pas ça du tout. C’était une rencontre pour savoir s’ils voulaient vendre à moi. »

Les Bernadet cherchaient avant tout à assurer la survie de leur entreprise et préserver ses 26 emplois.

Alexandre Bergeron a réussi le test.

« Le lundi à midi moins dix, ils m’ont avisé : “C’est beau, on va vendre à toi." À 14 h, on s’est appelés. À 14 h 12, c’était fini. »

Le reste était entre les mains des avocats. La transaction a été officialisée le 4 janvier.

De grands souliers à chausser

« L’entreprise a été fondée par mon grand-père Henri en 1979 », relate Alexandre Bergeron.

Henri Bergeron voulait lui donner le nom de sa femme Adrienne, mais un magasin de chaussures de Montréal portait déjà cette enseigne. Après de multiples demandes d’enregistrement, toutes refusées, il s’est rabattu sur le nom Régence suggéré par son épouse, fervente admiratrice de ce style de mobilier très orné.

La confection de chaussures était pourtant déjà en déclin au Canada. Henri Bergeron a concentré son entreprise sur les bottes d’hiver en cuir, où le prix et la quantité du matériel réduisaient proportionnellement le coût élevé du travail manuel.

Christian Bergeron a chaussé les souliers de son père au début des années 1990. Dix ans plus tard, Régence employait quelque 400 travailleurs et persistait dans la fabrication.

« À ma connaissance, on était la plus grosse usine de chaussures au Canada en termes d’employés », raconte son fils Alexandre.

Malheureusement, les couturières spécialisées prenaient une à une leur retraite, sans que la moindre relève se pointe. De surcroît, les fournisseurs nord-américains de pièces de chaussures délocalisaient eux aussi leur production.

À rebours de la tendance, Christian Bergeron a enfilé les acquisitions : les bottes Acton en 2004, les couvre-chaussures de sécurité Wilkuro en 2012, les bottes de travail industrielles STC et les couvre-chaussures Oshatoes en 2017.

« Au fur et à mesure que les autres usines faisaient faillite, mon père les rachetait, commente Alexandre Bergeron. Comme ça, il était capable d’obtenir les employés, les clients, les marques et les équipements pour pas cher. Ça a maintenu l’entreprise en vie pendant longtemps. »

En 2015, après s’être départie de sa marque de bottes urbaines Blondo, Chaussures Régence, en dépit de son nom aristocratique, s’est concentrée sur les bottes de sécurité.

La même année, elle s’est finalement résignée à transférer sa production en Asie, « pas parce que les commandes n’étaient plus là, mais parce qu’il n’y avait plus de monde », souligne Alexandre.

Il travaillait lui-même dans l’entreprise depuis 2000.

« Ma première responsabilité, ça a été de mettre des feutres dans les bottes », à raison de 400 paires par jour, soit 800 chaussons (de feutre) avec ça.

Alexandre marchait dans les pas de son père quand celui-ci est décédé subitement à 57 ans, « le 21 septembre 2019 », précise-t-il. Admis à l’hôpital pour ce qu’on croyait d’abord être une méningite, on lui a diagnostiqué un cancer généralisé après trois semaines. « Il est mort le lendemain. »

Alexandre avait 33 ans.

« Je devais avoir encore plusieurs années de préparation avant de prendre la relève. Ça a été plus vite et plus soudain que prévu », glisse-t-il sobrement.

« J’ai perdu dans la même journée mon patron et mon père. Habituellement, tu peux demander à l’un ou à l’autre des conseils, mais les deux n’étaient plus là. »

Heureusement, l’équipe qui l’entourait était solide et expérimentée.

« Je suis arrivé aux commandes d’un bateau qui ne prenait pas l’eau et qui allait bien. Tout ce qu’il fallait, c’était le maintenir dans la même direction. »

La suite

Alexandre Bergeron a maintenant 37 ans et dirige une entreprise d’une soixantaine d’employés.

L’acquisition de Paragone permet à Chaussures Régence d’élargir sa gamme de produits, notamment auprès des femmes.

« La première étape sera d’assimiler leur entreprise vers la nôtre pour que tout soit dans le même système informatique et dans le même entrepôt », décrit-il.

« Ensuite, c’est de combiner les équipes de travail : leur équipe des achats avec la nôtre, leur équipe de développement avec la nôtre. Et après, on va regarder comment on fait pour faire grandir l’entreprise grâce à ça. »

Car il veut passer à la pointure supérieure.

Des ambitions électriques sans bornes

PHOTO FOURNIE PAR BORNES QUÉBEC

Maurice Côté, Julie Boutin et Guy Lamarche, de Bornes Québec

Une nouvelle borne semble franchie : Bornes Québec annonce « une révolution dans la manière de recharger les véhicules électriques ». L’entreprise de Victoriaville a conclu un partenariat avec la société finlandaise Kempower pour l’utilisation de son système de bornes de recharge électriques – des satellites, dit-on. Ces appareils sont peu encombrants et peuvent s’implanter dans un espace restreint, fait valoir l’entreprise. Avec ces satellites intelligents, seule la charge requise est fournie au véhicule branché, ce qui conserve l’énergie dans le boîtier de puissance pour la répartir aux autres charges en cours. « La Finlande possède le même climat nordique que nous. Elle est toutefois beaucoup plus avancée en développement durable », a indiqué par communiqué le directeur général de Bornes Québec, Guy Lamarche. « Nous cherchions une expertise fiable, novatrice et flexible pour soutenir nos développements au Québec. Grâce à ce partenariat, nous prenons un nouveau virage en offrant une mobilité électrique durable, adaptée au marché de masse et, surtout, avec tous les avantages technologiques actuels et à venir. » Un virage sans dérapage, espère-t-on.

Pour galvaniser la jeunesse de Charlevoix

ILLUSTRATION FOURNIE PAR GALV-ÉCO

GALV-ÉCO annonce que Charlevoix accueillera en 2024 la première usine de galvanisation à chaud écoresponsable au Québec.

Un projet qui va certainement galvaniser la région : GALV-ÉCO annonce que Charlevoix accueillera en 2024 la première usine de galvanisation à chaud écoresponsable au Québec. Ce projet de 70 millions de dollars est mené par l’homme d’affaires Charles Simard, président de Finition Béton Charlevoix (FBC), une entreprise spécialisée dans la pose de glissières de sécurité. Le complexe s’érigera sur un site de 110 000 m⁠2 dans le parc industriel de la municipalité de Saint-Urbain, la bien nommée. Pour combler ses besoins énergétiques, GALV-ÉCO prévoit combiner l’hydroélectricité et un système de chauffage à la biomasse. L’entreprise entend construire « une usine qui deviendra un modèle à l’échelle internationale, tant par son approche écoresponsable que par la qualité des emplois et de l’environnement de travail », a indiqué Charles Simard, président de GALV-ÉCO, par voie de communiqué. Le projet devrait créer une centaine d’emplois. « Ce sera définitivement un levier important pour dynamiser l’économie régionale et inverser la tendance de l’exode rural des jeunes vers les grandes villes », a-t-il ajouté.

Express Mondor acquiert Transport W.J. Deans

L’une s’est mise à la remorque de l’autre : Express Mondor, spécialisée dans le transport d’équipement lourd et surdimensionné, a acquis à la fin de 2022 Transport W.J. Deans, qui effectue pour sa part le transport de produits métallurgiques lourds sur des remorques spécialement adaptées. La nouvelle entreprise se targue de former désormais l’un des plus grands groupes de transport de marchandises par remorques ouvertes au Canada. Express Mondor a été fondée en 1995 par les frères Billy, Dany et Éric Mondor. Sous les marques Express Mondor, Transport L’Épiphanie et Établissements Dubois, le groupe réunit 130 camions et 425 remorques. Fondée pour sa part en 1986 par Bill Deans, Transport W.J. Deans détient un parc de 40 camions et 125 remorques, répartis entre son siège social de Delson et son terminal de Stoney Creek, en Ontario. L’acquisition de Transport W.J. Deans, « qui dessert déjà de nombreux États américains et clients majeurs, permet d’accroître notre rayonnement à travers l’Amérique du Nord », a indiqué par communiqué le président et chef de la direction d’Express Mondor, Éric Mondor.

70

Un gros chiffre apparu en fin d’année : 70 millions de dollars dévolus au virage numérique des PME québécoises. Le Programme canadien d’adoption du numérique (PCAN) a été officiellement lancé au Québec à la fin de décembre par la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et le Réseau des SADC et CAE. Pendant quatre ans, près de 6300 microsubventions maximales de 2400 $ seront offertes annuellement aux PME québécoises admissibles.