Un risotto, un ramen et un daal peuvent-ils venir du Nord ? Absolument – surtout si on leur a (discrètement…) ajouté de petits ingrédients boréaux par-ci, par-là. C’est précisément ce que fait Dunord, avec ses sachets de repas gourmands prêts à cuisiner.

Qui ?

Jonathan Dumas avait deux idées en tête lorsqu’il s’est lancé en affaires, l’année dernière : faire du prêt-à-cuisiner pratique et local, mais en utilisant des ingrédients récupérés de fermes d’ici.

« Je travaillais dans l’alimentaire et je voyais un besoin pour des repas faciles à manger, qui ne prennent pas beaucoup de temps à cuisiner, car on est tous occupés, raconte l’entrepreneur. Je voulais qu’ils ne soient pas chers et qu’ils aient un impact environnemental minime. La déshydratation s’est imposée. Ça me permet de prendre des surplus de fermes du Québec et de les déshydrater. »

En intégrant des produits déclassés dans sa production, Dunord participe à réduire le gaspillage alimentaire, ce qui est au cœur des valeurs de son fondateur.

La déshydratation permet aussi de garder des ingrédients plus longtemps, en attendant de les intégrer dans un repas, au moment où la production le commandera.

Quoi ?

Il y a trois plats Dunord : un daal boréal, un risotto forestier et un ramen gaspésien. Le mariage entre un mets clairement identifié à la cuisine internationale et son qualificatif très local n’est pas fortuit. Dès le départ, dans sa philosophie d’affaires, Jonathan Dumas voulait inclure des ingrédients sauvages du Québec. Ce qu’il a fait.

Les sachets sont hyper pratiques – on ajoute de l’eau et de l’huile. Les adeptes de plein air qui sont aussi gourmets y verront sans aucun doute un intérêt. Les produits sont aussi destinés à être préparés à la maison. Peut-être davantage, même, dans le cas du risotto, précise l’entrepreneur. Car il faut pratiquement 30 minutes pour le préparer – ce qui impose une certaine (mais pas impossible) patience sur le coin du feu en camping.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Les trois sachets Dunord

Un sachet compte deux portions. « Nous avons surtout une clientèle urbaine », dit Jonathan Dumas. L’image de marque et les ingrédients sains et bios plaisent beaucoup. « C’est intentionnel, je voulais rejoindre cette clientèle-là. »

Où ?

Dans ce projet s’est aussi incluse, tout naturellement, la Centrale agricole de Montréal. Ce lieu unique est un espace coopératif où plusieurs petites entreprises, qui travaillent autour de la nourriture, partagent de l’équipement et du savoir. C’est maintenant là que travaille Jonathan Dumas, ce qui a élargi son réseau de collaborateurs. Dunord travaille désormais avec Tangui Conrad qui fait toute la déshydratation pour lui, avec des équipements de la Centrale. Il y a une possibilité de déshydrater 300 kilos de légumes par jour, sur place.

« Nous sommes des facilitateurs d’économie circulaire », dit Tangui Conrad, dont l’entreprise, Boomerang, a une spécialisation pour la transformation et le recyclage de la drêche de bière.

Le jour de notre passage à la Centrale, Jonathan avait récupéré des champignons shiitakes qui ne convenaient pas aux standards de la ferme productrice, car trop petits. Ils seront toutefois parfaits pour les ramens Dunord, une fois déshydratés.

Et maintenant ?

Dunord vit une croissance douce. Après presque une année d’existence, l’entreprise compte embaucher ses premiers employés cet été – pour l’instant, le modèle d’affaires inclut plutôt des collaborateurs qui se partagent les tâches. Jonathan teste aussi de nouveaux produits dans les boîtes Dunord, une formule d’abonnement pour les adeptes qui ont ainsi droit à des exclusivités. « Le service d’abonnement est notre laboratoire », dit Jonathan Dumas. Si une ferme a un surplus de poivrons rouges, il pourrait être tenté de les récupérer pour créer un plat unique. « Ça me permet ainsi de tester des recettes qui pourraient un jour être commercialisées. »

Actuellement, l’entreprise produit entre 3000 et 5000 repas par mois. Elle vend en ligne et a une quarantaine de points de vente dans la province. Essentiellement des petites épiceries fines, mais aussi le service des Fermes Lufa.