Le peu d’options saines et durables offertes sur le marché, le sentiment de culpabilité chaque fois qu’elle jetait un applicateur de tampon en plastique dans les poubelles et la quasi-absence de distributeurs dans les toilettes fournissant gratuitement des produits menstruels sont autant de raisons qui ont incité Roxane Champagne-Duval à fonder l’entreprise Alea Protection en novembre 2022.

L’entreprise

L’idée : offrir des produits sains pour le corps et l’environnement. La jeune entrepreneure de 32 ans a également été inspirée après qu’Ottawa eut annoncé des modifications au Code canadien du travail qui obligent les entreprises sous réglementation fédérale à offrir gratuitement, depuis le 15 décembre, tampons et serviettes à leurs employées.

Résultat : depuis l’automne, les produits écolos d’Alea Protection se retrouvent dans les distributrices de plus de 450 toilettes d’entreprises partout au pays, comme Northvolt, Intelcom, les sacs Lambert, la Banque de développement du Canada (BDC) ainsi que plusieurs bureaux gouvernementaux. Un projet-pilote a également été mis sur pied au collège André-Grasset.

L’innovation

Les tampons et serviettes d’Alea sont conçus avec du coton biologique à 100 %. « Je me suis aperçue que les produits menstruels [sur le marché] n’étaient pas très bons pour le corps, remplis de fibres synthétiques, de matières dérivées de plastique et de produits chimiques. Je me suis mise à regarder pour une option qui était plus naturelle », raconte en entrevue Roxane Champagne-Duval.

« Il n’y a aucune fibre synthétique comme la rayonne, par exemple, ajoute-t-elle. Et les serviettes sont certifiées biodégradables en 90 jours. Les tampons, eux, sont faits avec un applicateur en carton biodégradable. Un applicateur de plastique conventionnel peut prendre jusqu’à 800 ans à se décomposer », souligne-t-elle.

Autre particularité : le produit se trouve dans un emballage léché, estime la jeune femme, qui a déjà travaillé pour L’Oréal Canada.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Roxane Champagne-Duval, fondatrice de l’entreprise Alea Protection

Tant qu’à être menstruée pendant 36 ans de sa vie, pourquoi ne pas offrir une belle expérience ? On donne de l’importance à l’image, à l’emballage des produits cosmétiques, mais on ne s’est jamais attardé aux produits menstruels. On va à la pharmacie et on cache notre boîte en s’en allant à la caisse.

Roxane Champagne-Duval, fondatrice de l’entreprise Alea Protection

Ses produits pour les entreprises, et également vendus en ligne, sont ainsi offerts dans des boîtes rectangulaires grises ou blanches. Pas de couleurs criardes ici ou de sac en plastique.

« Les gens me disent : “Wow ! J’ai hâte d’être dans ma semaine pour mettre la boîte sur mon comptoir.” C’est quand même fou de se faire dire ça. »

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Les produits pour les entreprises, et également vendus en ligne, sont offerts dans des boîtes rectangulaires grises ou blanches.

« L’expérience est plus intéressante parce que le produit est beau et parce qu’il est bon, soutient-elle. On sait que le produit est bon pour le corps, on sait qu’il a moins d’impact sur l’environnement et le branding est beau. »

L’avenir

Celle qui dirige une entreprise comptant à peine trois employés souhaite que ses produits se retrouvent sur les tablettes des grandes surfaces. Mais pour le moment, Mme Champagne-Duval a décidé de se concentrer sur les ventes aux entreprises et en ligne afin de faire connaître ses produits.

Son autre cheval de bataille ? L’accessibilité. Dans un monde idéal, tous les lieux publics et les écoles offriraient gratuitement des produits menstruels. L’entrepreneure s’est récemment retrouvée dans un évènement d’entreprise où, pour se procurer une serviette hygiénique, elle devait insérer une pièce de 2 $ dans la distributrice. « Qui a de la monnaie dans ses poches en 2023 ? », se demande-t-elle.