Après des années d'incertitude, l'industrie aérospatiale entend accroître ses effectifs, portée par les mises en production de grands manufacturiers et par la bonne santé du secteur. Mais les entreprises s'inquiètent, car la main-d'oeuvre se fait rare. Les établissements de formation sont même contraints d'annuler des cours, faute d'élèves à former.
L'emploi en forte croissance
D'ici un an, l'industrie manufacturière aérospatiale du Québec comptera 7 % de travailleurs de plus qu'en 2016, soit 44 000 contre 41 000 l'an passé, selon des chiffres avancés par Nathalie Paré, directrice générale du Comité de main-d'oeuvre en aérospatiale (CAMAQ). Cette progression de 3000 emplois en deux ans s'explique par la mise en production de la CSeries et par la livraison prochaine des premiers Global 7000 de Bombardier, mais aussi par la croissance de l'ensemble du secteur. «Nous sommes revenus au niveau d'emploi d'avant la crise, explique Mme Paré. Et il n'y a plus personne sur les listes de rappel. Nous devons remplir les écoles !»
Pénurie de candidats
« Nous ne sommes pas capables de remplir nos diplômes d'études professionnelles (DEP) à hauteur de ce que nous demandent les entreprises », confie Mario Héroux, directeur de l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal (EMAM). Les firmes du secteur ont transmis à l'école leurs prévisions d'embauche pour la prochaine année. « Nous en sommes loin ! » souligne M. Héroux. L'EMAM a dû se résoudre à reporter plusieurs cours en montage de structures et en usinage. L'établissement recherche notamment des personnes souhaitant être formées en montage de structures d'aéronefs, en tôlerie de précision, en montage de câbles et de circuits... Autant de métiers où le salaire horaire moyen en carrière peut atteindre près de 30 $.
Reports de cours à l'ENA
L'École nationale d'aérotechnique (ENA) connaît des difficultés de recrutement comparables à celles de l'EMAM. Le seul établissement d'enseignement collégial spécialisé en aérospatiale vient de se voir contraint de reporter le début des cours de son attestation d'études collégiales (AEC) en maintenance d'aéronefs. À la date limite d'inscription, fixée au 2 septembre, le nombre d'inscrits ne permettait pas de commencer la formation, indique Geneviève Dalcourt, directrice adjointe à la formation continue et aux services aux entreprises du cégep Édouard-Montpetit, dont fait partie l'ENA. Pour cette formation comme pour l'AEC en avionique, l'établissement prévoit chaque année de former respectivement 118 et 64 diplômés. « Mais les besoins des entreprises sont bien supérieurs », précise Mme Dalcourt.
Des efforts de promotion
La pénurie de candidats aux formations a poussé l'EMAM à dépenser 30 000 $ en publicité cet été. « Nous n'avons pas obtenu les résultats escomptés », se désole Mario Héroux, directeur de l'EMAM. L'école envisage désormais d'organiser des événements en partenariat avec des représentants de l'industrie, pour mieux faire connaître les métiers de l'aérospatiale à la population. L'École nationale d'aérotechnique (ENA) s'en va dans la même direction. Se heurtant aux mêmes difficultés de recrutement de candidats, l'école travaille présentement avec des entreprises pour trouver le moyen de toucher davantage la population. La campagne de promotion menée en 2013 avec l'ensemble des acteurs de l'industrie pourrait servir de référence pour de prochaines actions à venir, indique-t-on du côté de l'ENA. À l'époque, un site web (www.desemploisenaero.com) avait été lancé pour faire connaître les métiers de l'industrie.
Les principaux postes à pourvoir d'ici 2018
500 emplois en finition intérieure et extérieure d'aéronefs (ébénistes, assembleurs...)
260 ingénieurs
75 machinistes
50 monteurs d'aéronefs
30 agents de méthode
Source : CAMAQ