Nova Film réalise et produit plus d’une centaine de publicités par an. L’entreprise de Québec a pour clients de grandes agences d’ici (Cossette, lg2, Sid Lee, etc.), mais aussi d’ailleurs. Elle a même réalisé deux publicités lors du Super Bowl 2021. Par choix, elle plafonne le nombre de ses productions, mais a fait exploser son chiffre d’affaires, qui atteint les 20 millions de dollars. Cette croissance n’était pourtant pas acquise au départ. Portrait.

« En 2007, nous avions des mandats de quelques milliers de dollars, maintenant, cela peut facilement atteindre les 500 000 $ et même 1 million. Les clients sont plus importants », indique David Poulin, cofondateur avec François Lallier de Nova Film.

Confondre les sceptiques

Pas mal pour une entreprise qu’on vouait à l’échec. « Lorsqu’on était à l’université, nos professeurs aimaient notre plan d’affaires, mais ne croyaient pas du tout qu’il allait fonctionner. Ils croyaient que la ville de Québec n’avait pas le potentiel pour concurrencer Montréal dans ce domaine. Nous avons prouvé le contraire », raconte l’entrepreneur.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, COLLABORATION SPÉCIALE

François Lallier et David Poulin, cofondateurs de Nova Film

Profiter des avantages de Québec

S’ils ont réussi à confondre les sceptiques, c’est parce que les deux jeunes entrepreneurs ont su jouer avec les forces de la ville.

Le gros avantage avec Québec, c’est que tout est plus simple. On veut faire barrer une rue, on a une seule personne à contacter et c’est fait.

David Poulin, cofondateur de Nova Film

« Il y a aussi le fait que nos mandats ne sont pas dérangeants parce qu’il n’y a pas une tonne de productions en même temps », explique l’homme d’affaires. À cela s’ajoute aussi la beauté de la ville, son côté européen, sa proximité avec la nature et, surtout, les coûts de production qui y sont moindres.

Le fait que Nova Film compte une petite équipe de 25 personnes et qu’elle embauche plus d’une centaine de pigistes n’est pas non plus étranger à son succès, car elle peut compter sur la force de ce réseau. « Ici, c’est comme un village. Tout le monde connaît tout le monde. On se sert aussi beaucoup de nos réseaux sociaux. Tout cela devient une force incroyable et on fait des miracles comme dénicher un lutteur sumo ou un cheval qui arrive à monter sur une plateforme », témoigne David Poulin.

Des concours payants

En hommes d’affaires avisés, les deux entrepreneurs ont également le flair pour saisir les bonnes occasions. « À nos débuts, on se spécialisait dans les vidéos de sports extrêmes et on avait loué les bureaux voisins de la compagnie Red Bull. C’est ainsi que, de fil en aiguille, on a réussi à se faire connaître. »

Quinze ans plus tard, ils poursuivent cette stratégie en participant à des concours, et le résultat est payant. Ils ont remporté trois prix Lion du Festival international de la créativité de Cannes, et cette carte de visite leur a permis de se faire connaître en dehors de la province. Si bien qu’aujourd’hui, 25 % de leurs contrats proviennent de l’Europe, du reste du Canada et des États-Unis.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, COLLABORATION SPÉCIALE

Depuis la fin de l’obligation du télétravail, tous les employés de Nova Film sont de retour au bureau.

L’effet pandémique

Pour Nova Film, la pandémie a eu des effets positifs, puisqu’elle a obtenu plusieurs contrats publicitaires gouvernementaux visant la santé. « Nous avons été considérés comme un service essentiel. Contrairement aux compagnies de production à Toronto, nous n’avons jamais été fermés. La technologie nous a également été d’une précieuse aide, puisqu’il était possible de faire visionner à distance à 50 personnes en même temps le fruit de notre travail. Tout cela nous a donné un élan incroyable et nous a ouvert les portes sur le marché de l’Ontario. »

Prochaine étape ? Convaincre des clients encore plus gros de leur faire confiance à eux, mais aussi à la ville de Québec. « On veut rester une petite équipe, demeurer à Québec et garder notre nombre de productions, mais que celles-ci soient encore plus rémunératrices », conclut l’entrepreneur.