Alors que les risques de récession ne cessent d’augmenter et que les hausses de taux d’intérêt ne semblent pas vouloir s’estomper, doit-on craindre que les PME aient de la difficulté à financer leurs projets innovants qui n’assurent pas nécessairement des revenus dans l’immédiat ? Éléments de réponse.

Chez Investissement Québec (IQ), on nous assure que le financement est plus que jamais disponible pour propulser l’innovation. « Nous avons des cibles de financement, et les enveloppes sont là. Nous n’avons jamais disposé d’autant d’argent », dit Sylvie Pinsonnault, première vice-présidente, stratégies, innovation et développement durable.

Mais l’accompagnement est aussi au premier plan de l’aide que l’organisme apporte aux entreprises, surtout pour s’automatiser, prendre le virage vert et accroître leurs exportations. La moitié des 1100 employés d’Investissement Québec sont maintenant dans des fonctions d’accompagnement des entreprises, souligne Mme Pinsonnault.

L’argent est là, et il y en aura encore plus si nécessaire

Investissement Québec avait prévu, dans le cadre de son plan stratégique de septembre 2020, une enveloppe de 2,4 milliards de dollars en financement pour aider à l’éclosion de la productivité des PME québécoises. Plus de 1,8 milliard est déjà avancé dans plus de 600 projets. Et on est prêt à accroître l’enveloppe si cela s’avère nécessaire.

Au-delà de la productivité, Investissement Québec entend bien aider les PME innovantes à prendre le virage vert. L’organisme a mis en place l’an dernier le programme de financement Compétivert. Le succès du programme ne laisse aucun doute, assure Sylvie Pinsonnault.

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Sylvie Pinsonnault, première vice-présidente, stratégies, innovation et développement durable d’Investissement Québec

Nous avions prévu pour Compétivert une enveloppe de 375 millions sur une période de trois ans, mais l’objectif a été atteint dès la première année. Nous ajoutons maintenant 1 milliard.

Sylvie Pinsonnault, première vice-présidente, stratégies, innovation et développement durable, chez Investissement Québec

Le capital de risque ne manquera sûrement pas, car l’organisme est partenaire dans 73 fonds d’investissement auxquels participent des investisseurs extérieurs, explique Sylvie Pinsonnault. La participation d’IQ dans ces fonds est généralement de 10 à 15 %. « On travaille avec l’ensemble de l’écosystème québécois, dont bien sûr la Caisse de dépôt et placement du Québec, Desjardins, le Fonds FTQ et Fondaction », dit-elle.

La qualité du crédit se maintient

Pour Geneviève Turbide-Potvin, première vice-présidente, entreprises et gestion privée, Banque Nationale, la question de la capacité de financer les PME ne se pose pas vraiment.

« Les entreprises viennent de connaître deux très bonnes années et disposent de liquidités plus élevées que jamais », dit-elle. Les diverses mesures de soutien des gouvernements ont eu l’effet voulu pour les entrepreneurs, et ceux-ci ont profité de la pandémie pour parfaire leur habileté à gérer les crises.

Elle reconnaît que la situation économique est maintenant beaucoup plus fragile, mais la santé financière des PME n’y est pas nécessairement corrélée, explique-t-elle. « Lors des cycles économiques baissiers, les entrepreneurs profitent de l’occasion pour réduire les coûts, ce qui préserve leur cote de crédit », dit-elle.

À la Banque Nationale, on appuie les entrepreneurs de façon systématique, explique Mme Turbide-Potvin. L’institution a à son service des spécialistes dans la plupart des secteurs névralgiques, tels la technologie, le transfert d’entreprise, l’agriculture, les pêches, les forêts et les services, afin d’appuyer les entrepreneurs. « On sera là, peu importe le cycle économique », assure la première vice-présidente.