C’est unanime, les étudiants sont de retour en force cet automne sur les campus et on sent vraiment une frénésie postpandémique quand on parle à différents représentants d’université contactés pour ce dossier. Les gens sont heureux de se retrouver ensemble en classe, mais il n’en demeure pas moins que le monde universitaire a été changé à tout jamais par son passage forcé en ligne.

« Depuis septembre, on sent vraiment que la pandémie est derrière nous et c’est avec grand bonheur qu’on voit que la vie a été ramenée sur le campus et c’est important, parce que cette effervescence est essentielle à une vie universitaire riche », indique Jean-Christian Pleau, vice-recteur à la vie académique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Toutefois, il remarque que les options se sont multipliées en matière de types de cours qui peuvent être offerts. « Nous offrons maintenant environ 800 cours en ligne ou hybrides dans nos programmes crédités, ce qui est bien plus qu’en automne 2019 où c’était une niche, remarque Jean-Christian Pleau. Après l’expérience de la pandémie, bien des étudiants voulaient que l’on continue d’offrir des cours en ligne. »

Il n’était pas question toutefois de seulement mettre une caméra devant un cours conçu pour être donné en classe.

Nous avons formé nos professeurs qui souhaitaient offrir des cours en ligne pour qu’ils apprennent les meilleures façons de présenter la matière et de développer des exercices pédagogiques pour ce mode d’enseignement.

Jean-Christian Pleau, vice-recteur à la vie académique à l’UQAM

Par contre, même pour les cours en personne, la pandémie a laissé ses traces. « Elle nous a permis d’expérimenter une foule d’outils technologiques qui peuvent aussi venir bonifier l’enseignement en présentiel, ajoute Jean-Christian Pleau. Par exemple, des plateformes permettent de partager des documents, de discuter, de réaliser des ateliers, de faire des exercices ou des tests. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

L’Université McGill

Vers des lignes directrices à McGill

À McGill aussi, on est très excité de voir le monde de possibilités en matière d’enseignement que la pandémie a permis d’expérimenter.

« Nous nous demandons tous quelles sont les meilleures façons d’intégrer les outils virtuels pour servir de compléments aux cours en présentiel et, d’ailleurs, nous produirons des lignes directrices pour guider les enseignants afin qu’ils puissent offrir la meilleure expérience possible à leurs étudiants », indique Chris Buddle, vice-recteur adjoint à l’enseignement et aux programmes d’études à l’Université McGill.

Mais déjà, cette université a pris une décision claire : pas question d’avoir des classes hybrides qui mélangent des étudiants en classe et d’autres à distance. « Un cours en ligne doit être pensé différemment d’un cours en personne, alors on ne veut pas mélanger les deux, précise-t-il. Cette décision a été prise en pensant autant à l’expérience des étudiants qu’à celle du personnel enseignant. »

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Campus de l’Université Laval, à Québec

30 % des cours sont à distance à Laval

De son côté, l’Université Laval avait déjà développé beaucoup son enseignement en ligne avant la pandémie, et ce, sous différentes formes. Certains cours offrent une portion des sessions en classe et d’autres à distance, qu’elles soient asynchrones ou synchrones. Certains cours sont offerts uniquement en ligne, alors que d’autres mélangent des étudiants en classe et en ligne.

« Même si nous étions déjà très avancés dans l’enseignement en ligne, la pandémie nous a permis de nous perfectionner, et les outils technopédagogiques se sont aussi beaucoup développés, alors en équipant les classes adéquatement, les professeurs peuvent donner des cours de qualité dans les différents modes », indique Cathia Bergeron, vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes, responsable de la santé à l’Université Laval.

Cet établissement de Québec tente donc d’offrir une flexibilité dans ses modes d’enseignement afin de répondre aux besoins de ses différents types de clientèles. Résultat ? Alors que 70 % des cours, tous cycles confondus, ont une composante en présentiel, pas moins de 30 % se déroulent uniquement à distance.

C’est surtout les gens qui ont déjà leur formation initiale, donc qui sont généralement âgés de plus de 25 ans, qui ont un travail et une famille, qui cherchent davantage des cours en ligne parce qu’ils sont plus faciles à faire entrer dans leur horaire déjà bien rempli.

Cathia Bergeron, vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes, responsable de la santé à l’Université Laval

Cette multiplication des possibilités a permis à l’Université Laval de connaître une croissance soutenue de ses inscriptions. Dans les cinq dernières années, ses inscriptions ont connu une hausse de près de 12 %, tous cycles et toutes modalités d’enseignement confondus. Si on regarde seulement les personnes inscrites au premier cycle à temps plein cet automne, l’augmentation est de plus de 13 %.