Recruter des talents – et les garder – en ces temps où les entreprises s’arrachent le moindre employé disponible relève presque du miracle. Salaire compétitif, environnement sain, flexibilité, possibilités d’avancement… Il faut mettre en place les meilleures pratiques pour réussir.

Le salaire trône encore en tête de liste des incitatifs qui poussent les travailleurs à changer d’emploi. C’est du moins ce que révèle la plus récente étude de Randstad, réalisée en partenariat avec Ipsos.

« En cette ère de grande démission, comme on l’appelle aux États-Unis, les entreprises n’ont pas le choix d’offrir des conditions encore plus avantageuses qu’avant », constate Patrick Poulin, président de groupe pour Randstad Canada.

Par contre, l’argent ne suffit pas. Le spécialiste conseille ainsi aux sociétés de peaufiner leur marque employeur, surtout auprès de leurs salariés. « Il faut s’assurer qu’on a une super réputation, un bon engagement de nos employés, que nos gestionnaires incarnent nos valeurs. Il faut aussi s’assurer que nos employés sont heureux avant de propager cette image à l’externe. »

La flexibilité, notamment la possibilité d’opter pour le télétravail, fait maintenant partie des éléments clés pour attirer de la main-d’œuvre. En plus des avantages traditionnels, la possibilité d’acquérir de nouvelles compétences, de l’aide financière pour des projets personnels comme une allocation d’études et de petits privilèges comme un abonnement au gym sont recherchés.

Au-delà de la rémunération

L’accueil et l’intégration des employés ne sont pas à négliger. « L’expérience doit être satisfaisante dès le départ », estime Patrick Poulin. Pour y parvenir, les entreprises doivent instaurer un processus d’intégration efficace. Les gestionnaires peuvent par exemple formuler des commentaires constructifs et donner des objectifs clairs aux nouveaux venus.

Jacques Forest, professeur au département d’organisation et ressources humaines de l’ESG UQAM, insiste pour sa part sur l’importance de combler les besoins des salariés. La recette de l’employeur de choix tient en trois ingrédients, selon lui : autonomie, compétence et affiliation.

« Les pratiques doivent être porteuses pour l’expérience employé. Par exemple, on peut impliquer les employés dans la génération des objectifs. On doit éviter si possible les classements chiffrés pour que les gens s’entraident plutôt qu’ils se comparent. On doit aussi travailler sur les forces de chacun et non sur les faiblesses », illustre-t-il.

L’expert de la motivation au travail suggère également de donner constamment de la rétroaction positive et ce qu’il appelle du feed forward, soit l’anticipation des besoins et des buts des employés. « Ça permet de donner de l’élan, d’alimenter la machine pour ce qui s’en vient », croit Jacques Forest.

Selon lui, la pandémie a amené avec elle un questionnement de carrière. Cette période particulière a poussé les gens à mettre en perspective la place qu’occupe le travail dans leur vie.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Jacques Forest, professeur au département d’organisation et ressources humaines de l’ESG UQAM

Plusieurs cherchent aujourd’hui l’équilibre, ou au moins le déséquilibre contrôlé, entre le travail et la vie personnelle.

Jacques Forest, professeur au département d’organisation et ressources humaines de l’ESG UQAM

Les employés sont de plus en plus sollicités en raison du manque de main-d’œuvre, remarque de son côté Patrick Poulin. Ils demandent donc plus à leur patron. « Les jeunes de 35 ans et moins s’attendent notamment à ce que leur employeur s’implique socialement et tiennent compte de l’environnement. »

Le mode de vie Authentik

Authentik Canada, un planificateur de road trips en ligne établi à Montréal, s’évertue à instaurer des pratiques pour recruter et fidéliser ses talents.

« Nous avons mis en place un paquet d’initiatives », souligne le cofondateur de l’entreprise, Simon Lemay.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Simon Lemay, cofondateur d’Authentik Canada

On a le programme Authentik Care, qui regroupe différentes activités pour prendre soin de la santé physique et mentale de nos employés. On peut par exemple organiser une conférence, créer des occasions de se voir ou offrir des cours de yoga.

Simon Lemay, cofondateur d’Authentik Canada

Depuis cet automne, l’organisation encourage le télétravail avec son programme On-the-Go. « Tous nos employés peuvent travailler de n’importe où. Ils peuvent aussi faire du télétravail dans les endroits qu’on loue. Présentement, c’est un chalet dans les Laurentides. En janvier, ce sera une villa en République dominicaine », explique Simon Lemay.

Il ajoute que les bons salaires sont évidemment aussi un incitatif. « Notre mission à nous, c’est de réaliser des rêves. En faisant adhérer les employés à cette mission, ça donne en plus un sens à leur travail et une raison de se lever le matin. »

Avec ses divers programmes, la marque employeur d’Authentik Canada est forte. « Ce ne sont pas les logos qui changent la donne, assure toutefois le dirigeant. C’est l’intégrité de notre démarche. On ne fait pas ça seulement depuis qu’il y a une pénurie. C’est dans nos valeurs d’entreprise. » Grâce à ces pratiques, les curriculum vitæ s’accumulent dans leurs bureaux et l’entreprise peut choisir seulement les meilleurs. Un luxe dans le contexte actuel.