La forte inflation des derniers mois vous pousse à diminuer votre cotisation annuelle au REER ? Réfléchissez-y à deux fois avant d’agir. Les stratégies suivantes pourraient vous permettre de continuer à épargner pour vos vieux jours en toute quiétude.

Prendre un prêt REER

Il peut être avantageux d’emprunter pour cotiser à votre REER. Ces prêts accordés par les institutions financières et offerts à taux fixe ou variable vous permettent de maximiser votre cotisation au REER et d’ainsi bénéficier d’un remboursement d’impôt plus élevé que si vous aviez peu ou pas cotisé. En date du 20 janvier 2023, la moyenne des taux d’intérêt d’un prêt REER était de 6,45 %.

Attention, toutefois, car cette stratégie comporte un risque : celui de ne pas utiliser votre remboursement d’impôt pour rembourser votre prêt. « Vous devez avoir la capacité de rembourser votre prêt REER sur une courte période de temps, le plus rapidement possible, et savoir que si ce prêt vous donne une déduction d’impôt, les intérêts, eux, ne sont pas déductibles », souligne le planificateur financier indépendant Simon Houle.

Connaître son TEMI

Connaître votre quoi ? Votre taux effectif marginal d’imposition (TEMI), soit la mesure du taux de charge fiscale sur un revenu supplémentaire. En connaissant l’impact d’une hausse du revenu annuel, y compris les mesures sociofiscales, sur votre taux d’imposition, vous serez en mesure de déterminer s’il serait mieux d’investir davantage dans vos REER afin d’obtenir une plus grande économie d’impôt.

Le fiscaliste et professeur retraité de l’Université du Québec à Montréal Claude Laferrière publie chaque année des courbes démontrant les taux réels d’imposition sur un revenu additionnel gagné. Ces courbes sont consultables gratuitement sur le site web du Centre québécois de formation en fiscalité (CQFF). « On sous-estime souvent la réelle économie d’impôt que peut avoir une cotisation REER. Quand on prend en compte les allocations familiales, les crédits d’impôt et toutes les mesures sociofiscales, ça fait en sorte que de baisser son revenu par une cotisation REER, pour notamment les parents d’enfants mineurs de la classe moyenne, c’est très, très payant », affirme Charles Hunter-Villeneuve, fiscaliste et planificateur financier à Banque Nationale Gestion privée 1859.

Consultez le site du Centre québécois de formation en fiscalité

Vérifier les cotisations au REER non déclarées

Incroyable, mais vrai : vous avez peut-être des cotisations au REER non déclarées qui dorment quelque part. Si c’est le cas, cela pourrait vous rapporter un bon magot !

Il y a des personnes qui ont bel et bien fait un effort de cotiser à leur REER, mais qui ne l’ont jamais déclaré. C’est le CPA Simon Elliott qui en a fait la découverte il y a quelques années.

Charles Hunter-Villeneuve, fiscaliste et planificateur financier à Banque Nationale Gestion privée 1859

Pour le vérifier, rendez-vous sur le site de l’Agence de revenu du Canada (ARC) et connectez-vous à « Mon dossier ». Une fois connecté, sélectionnez l’onglet « Régimes d’épargne et de pension » dans le menu de gauche. Choisissez ensuite « Historique des cotisations » versées à vos REER des années antérieures et notez les contributions REER des 10 dernières années. Cliquez ensuite sur « Feuillets de renseignement d’impôt » (T4 et autres) et notez les cotisations figurant sur les reçus REER des 10 dernières années. En comparant les chiffres, vous verrez peut-être que des sommes n’ont pas été déclarées à l’ARC et vous pourrez ainsi les réclamer.

Si tout cela vous semble trop compliqué, parlez-en à votre comptable ou à votre conseiller.

Consultez le site de l’Agence de revenu du Canada

Se payer en premier

Une stratégie bien connue pour épargner, en temps d’inflation ou non, c’est de vous payer en premier – donc de vous verser en épargne une somme d’argent tous les mois, ou toutes les payes – et de dépenser ce qui reste.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Simon Houle, planificateur financier indépendant

Si on épargne pour la retraite ou pour autre chose, c’est toujours mieux de le faire de façon périodique. Quelqu’un qui attend toujours les 60 premiers jours de l’année pour cotiser, il y a de bonnes chances que rendu là, il ne reste plus d’argent, surtout en contexte d’inflation.

Simon Houle, planificateur financier indépendant

En cotisant à votre REER sur une base régulière, vous pourrez savoir exactement combien il vous manque à la fin de l’année afin d’atteindre votre cotisation maximale et vous pourrez vous ajuster en conséquence. S’il ne vous reste plus d’argent à investir à la fin de l’année en raison de l’inflation, vous aurez au moins investi quelque chose, ce qui est toujours mieux que rien, disent les experts.