Cette question revient immanquablement en cette période de l’année où l’on songe à cotiser à son REER. La décision d’investir ou non en Bourse, lorsque l’on vient de traverser une période de fortes turbulences, nécessite certainement de pouvoir s’appuyer sur une bonne approche. Conseils d’experts.

Il existe plusieurs approches quand on parle REER. Certaines stratégies d’investissement reposent principalement sur une bonne sélection de titres, alors que d’autres s’appuient simplement sur l’évolution des indices boursiers.

L’évaluation

Philippe Hynes, président de Tonus Capital, favorise un style d’investissement axé sur la valeur plutôt que sur la croissance. « Les rendements sont moins spectaculaires, mais beaucoup plus constants », dit-il. Mais après avoir sélectionné les titres qu’il juge intéressants, il cherche à déterminer le moment propice pour les acheter.

« Nous investissons dans des entreprises saines dirigées par des gestionnaires compétents, mais seulement lorsque leurs actions sont sous-évaluées par le marché. Nous obtenons ainsi une marge de sécurité dans l’éventualité de la dégradation de certaines variables internes ou externes », dit Philippe Hynes. C’est par l’évolution de certains indicateurs financiers, tel le ratio cours/bénéfices, que l’on détermine si un titre est bon marché on non.

Demeurer prudent

Mais aussi, Philippe Hynes n’hésite pas à augmenter ou diminuer ses positions en fonction des perspectives de l’économie et des marchés. Et bien que les marchés boursiers amorcent l’année 2023 sur une bonne lancée, pour lui la prudence demeure de mise actuellement.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Philippe Hynes, président de Tonus Capital

D’abord, plusieurs participants aux marchés tablent sur la fin des hausses de taux d’intérêt et même l’annonce de quelques baisses au premier signe de récession. De plus, le consensus des analystes prévoit que les entreprises qui composent le S&P 500 à la Bourse de New York réaliseront des hausses de profits intéressantes en 2023. Ces deux facteurs lui semblent quelque peu optimistes. L’absence de baisses de taux d’intérêt et des profits moins bons qu’espéré pourraient faire basculer les marchés de nouveau, selon Philippe Hynes. D’où l’importance d’une bonne sélection de titres et d’une gestion active du portefeuille.

Investir quand on a de l’argent

Philippe Leblanc, chef des placements chez Cote 100, une boutique de gestion de portefeuille personnalisée, insiste aussi sur la nécessité de faire une bonne sélection de titres, tout en ayant à l’œil l’évaluation de ces titres. Toutefois, il croit que tenter de prévoir à court terme les fluctuations boursières pour déterminer le moment d’investir est un exercice futile.

Le bon moment d’investir, c’est quand on a l’argent pour le faire.

Philippe Leblanc, chef des placements chez Cote 100

À long terme, il est profitable d’être investi en Bourse en tout temps. De nombreuses études le démontrent. « Mais on veut bien sûr profiter de la volatilité et non pas simplement en subir les contrecoups. La façon de le faire, c’est en investissant de façon systématique, soit à intervalles réguliers », dit Philippe Leblanc. On profitera ainsi des creux pour établir un coût moyen intéressant. « Cette approche permet également d’enlever la pression liée à la prise de décision », ajoute le gestionnaire. Il croit lui aussi que c’est une bonne sélection de titres qui assurera la croissance du portefeuille.

Utiliser les fonds négociés en Bourse

Pour les épargnants dont les investissements sont plus modestes, investir dans quelques fonds négociés en Bourse (FNB) qui calquent les indices boursiers est une bonne façon de faire, explique Philippe Leblanc. Et il suggère d’utiliser la même approche d’investissement systématique. On profitera là aussi de la volatilité, ce qui favorisera l’appréciation à long terme de son patrimoine. Et, là encore, sans la pression d’avoir à décider si le moment est opportun ou non pour investir.