Les principes d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) sont de plus en plus présents dans les entreprises. Pour rester pertinents avec les besoins du monde des affaires, les MBA s’adaptent et intègrent aussi ces principes dans le contenu des cours et dans l’environnement des étudiants.

« Le monde change rapidement par rapport aux principes EDI, et les MBA doivent prendre le devant de la vague en adaptant la formation et en allant plus loin dans le développement du leadership », affirme Kevin J. Johnson, directeur du programme de MBA à HEC Montréal.

Cette école de gestion y porte d’ailleurs une attention particulière dès la formation des cohortes d’apprentissages qui permettent aux étudiants de créer leur réseau professionnel.

Nous nous assurons que nos cohortes aient une bonne diversité de profils sociodémographiques et professionnels. Ensuite, comme les étudiants ont beaucoup de travail d’équipe à faire, nous formons les petits groupes de quatre ou cinq personnes pour nous assurer qu’ils soient diversifiés afin que l’expérience soit vraiment enrichissante.

Kevin J. Johnson, directeur du programme de MBA à HEC Montréal

Pour que les étudiants puissent évoluer dans des groupes diversifiés, des efforts doivent aussi être faits sur le plan des inscriptions. Par exemple, alors que les femmes sont traditionnellement sous-représentées dans les programmes de MBA, elles peuvent aller chercher différentes bourses à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia.

À l’EMBA McGill-HEC, on organise des séances d’information sur invitation pour les femmes seulement, on réalise des publicités ciblées pour elles et on met de l’avant des diplômées. Résultat ? Les deux dernières cohortes du programme comprenaient 50 % de femmes. Deux bourses sont aussi offertes chaque année pour les gestionnaires d’origine autochtone.

Des cours créés et adaptés

Des changements se font aussi sur le plan des contenus. Par exemple, HEC Montréal vient de créer un cours obligatoire pour soutenir les étudiants dans leur travail d’équipe afin que les principes EDI soient intégrés de façon harmonieuse. D’autres cours sont aussi offerts dans le domaine plus large qu’est la responsabilité sociale des entreprises. L’étudiant qui en choisit suffisamment peut même aller se chercher une attestation de deuxième cycle en stratégie et développement durable.

Dans l’EMBA McGill-HEC, les principes EDI sont couverts dans le module qui touche à la durabilité.

À Concordia, on travaille à intégrer les principes EDI dans tous les cours. « Cela fait partie de notre processus d’amélioration continue », affirme Frédérica Martin, cheffe des programmes d’études, de l’internalisation et de la durabilité à l’École de gestion John-Molson.

Des efforts se font aussi sur le plan des études de cas. « Traditionnellement, les MBA proposent des cas issus de grandes organisations à but lucratif, ajoute-t-elle. Mais nous essayons de présenter une diversité de modèles d’affaires et de populations. Par exemple, nous avons introduit cette année dans le MBA pour cadres un cours où les étudiants ont pu aller passer une journée dans une communauté d’une Première Nation pour comprendre les facteurs sociaux et politiques qui influencent leurs modèles et pratiques d’affaires. »

Concordia offre aussi depuis plusieurs années la possibilité pour les étudiants du MBA de choisir un cours en services aux communautés où ils réalisent des mandats avec des organismes à but non lucratif. « Ces organismes sont presque toujours gouvernés par des personnes qui appartiennent à des minorités visibles, ou ils les desservent, ou ils s’adressent à des populations marginalisées », indique Frédérica Martin.

Études de cas ciblées

HEC Montréal porte aussi une attention particulière aux études de cas, aux photos dans les PowerPoint et aux invités dans les cours. « Nous avons une volonté “aspirationnelle”, affirme Kevin J. Johnson. Comme nous voulons davantage de femmes et de personnes appartenant aux minorités visibles dans les postes de haute direction des entreprises, ces personnes doivent se retrouver dans notre programme. Or, souvent, les héros des études de cas sont des hommes blancs ! Nous devons penser à cette question à chacun de nos choix pour mieux représenter la diversité. »

Intégrer les étudiants étrangers avec le MBA+

HEC Montréal démarre en septembre le MBA+ pour faciliter l’intégration des étudiants étrangers dans le marché du travail québécois toujours en pénurie de talents. « Nous avons des enjeux de francisation au Québec et nous voulons prendre les devants, affirme Kevin J. Johnson, directeur du MBA à HEC Montréal. Dans ce MBA+, nous enseignerons en anglais, mais en même temps, nous franciserons ces étudiants internationaux. » Cela se fera de différentes façons, par exemple en leur offrant des cours de français des affaires, en les faisant socialiser avec les étudiants locaux et en leur permettant d’intégrer le monde des affaires québécois grâce à des stages en français dans des entreprises québécoises. « C’est un programme intensif de 17 mois plutôt que les 12 mois du MBA régulier, précise Kevin J. Johnson. C’est un grand défi pour ces étudiants, mais c’est une belle occasion d’intégrer le monde des affaires québécois. »