Trois ans après le début de la pandémie, bien des entreprises ont encore des espaces de travail plutôt vides ou ont troqué les bureaux fermés contre des places partagées. Pour les patrons, dont plusieurs apprécient le télétravail, la gestion des employés ne sera plus jamais comme avant 2020. Les programmes de MBA doivent donc s’adapter pour continuer à répondre aux besoins des entreprises.

« Mon employeur recommande à tous les employés de venir au bureau deux ou trois jours par semaine, puis je dois aller régulièrement chez mon client principal qui est à Mirabel, mais il reste que je fais beaucoup de télétravail », affirme Chaïma Ben Miloud, gestionnaire consultante dans le domaine de l’aviation chez Accenture.

Les atouts d’un MBA

Cette réalité du travail à distance, elle la vit comme employée, mais aussi comme gestionnaire lorsqu’elle va chez son client. C’était d’ailleurs pour développer des compétences précises en gestion qu’elle a décidé de commencer un MBA (Master of Business Administration) pour cadres à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en 2020, en pleine pandémie. Celle qui avait déjà obtenu un baccalauréat en génie chimique et une maîtrise en gestion de projets technologiques à Polytechnique Montréal voulait développer davantage ses connaissances et ses compétences en finance et en stratégie.

« Une grande partie de mon MBA s’est déroulée en ligne, ce qui est très différent du présentiel, notamment pour développer son réseau. Mais j’ai été chanceuse parce que j’ai eu une très belle cohorte et je faisais partie d’un petit groupe de la Rive-Nord qui a réussi à être assez proche malgré tout », explique la diplômée de 2022.

Elle réalise à quel point le développement de son style de leadership, de ses capacités à communiquer et à collaborer malgré la distance lors de son MBA font une grande différence aujourd’hui dans son quotidien.

Par exemple, j’ai appris à déléguer. Il faut faire confiance aux gens et accepter qu’on ne soit pas toujours à côté d’eux à regarder ce qu’ils font. Il ne faut pas non plus abuser des réunions en ligne pour chaque détail, parce qu’il faut que chaque personne ait du temps pour avancer dans son travail.

Chaïma Ben Miloud, gestionnaire consultante dans le domaine de l’aviation chez Accenture

« Comme gestionnaire, il faut faire la part des choses et trouver un équilibre », dit-elle.

Elle constate toutefois que même avec de bonnes compétences qui permettent de bien naviguer dans l’univers du télétravail, rien ne remplace la présence humaine. « Ça en prend quand même un peu et, d’ailleurs, je suis toujours étonnée de voir à quel point on peut régler rapidement en personne des choses qui traînaient depuis des semaines lorsqu’on est à distance. Le côté humain reste très important. »

L’importance du savoir-être

Toutes les compétences liées au savoir-être, comme la capacité à communiquer, à travailler en équipe, à développer une culture de proximité malgré la distance, sont d’ailleurs très recherchées par le milieu des affaires en ce moment. C’est ce que constate Marie Chantale Lortie, vice-présidente du conseil d’administration de l’Association des MBA du Québec (AMBAQ). « Ces éléments sont super importants, puisqu’ils sont au cœur de la culture organisationnelle et rien n’est plus important pour les entreprises actuellement, affirme-t-elle. C’est ce qui fait que le message passe ou pas, qu’on arrive à garder nos talents ou pas. »

Celle qui occupe le poste de directrice des partenariats à BDC précise que l’AMBAQ met d’ailleurs différentes initiatives en place pour créer des liens forts avec le milieu des affaires et avoir le pouls des entreprises pour ensuite faire le lien avec les universités qui offrent un MBA.

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C’est le nombre d’universités qui offrent un programme de MBA au Québec.

Source : AMBAQ

« Par exemple, en mai, nous avons rassemblé 50 grands leaders du Québec dans tous les secteurs d’activité pour connaître leurs préoccupations et leurs besoins, indique-t-elle. Les universités étaient aussi présentes. C’est important, parce que cela leur permet d’avoir une meilleure compréhension des enjeux et des tendances dans les organisations pour pouvoir ensuite s’adapter en conséquence. C’est ainsi que les programmes de MBA, conçus par chaque université, garderont leur pertinence malgré l’évolution de la réalité sur le terrain. »