Jeunes pousses, petites et moyennes entreprises, organisations du secteur public, grandes coopératives : Marie-Julie Turcot a une expérience variée comme analyste d’affaires et chargée de projets. Arrivée à la tête de la Coopérative Santé de Saint-Boniface il y a quatre mois, elle découvre encore ce nouveau défi, mais transmet quelques observations.

En quoi la coopérative se différencie-t-elle des autres types d’organisations dans lesquels vous avez travaillé ?

La coopérative est une petite entreprise, avec un budget très limité, mais qui a des besoins énormes. Les membres ont un intérêt pour la coop parce qu’elle peut leur permettre d’avoir accès à un médecin de famille, mais comme partout, nous avons une liste d’attente. Nous travaillons tout de même à diversifier notre offre de services pour répondre le mieux que nous pouvons aux besoins de nos membres.

Quel est le plus grand défi de la Coopérative Santé de Saint-Boniface qui dessert plus de 3000 patients ?

Le financement. Les membres payent leur part sociale une fois et après, nous leur suggérons de faire une contribution volontaire annuelle. Cette somme que nous recevons de nos membres est très importante parce qu’elle aide la coopérative à payer ses différents frais relatifs au bâtiment, comme l’électricité. Ce sont nos revenus les plus importants, avec les loyers que nous facturons aux médecins et professionnels de la santé qui pratiquent chez nous.

Par contre, c’est difficile financièrement en ce moment pour les familles avec l’inflation qui a beaucoup fait augmenter le coût de la vie. Et il reste que les gens s’intéressent à la coop dans la mesure où ils y reçoivent les soins de santé dont ils ont besoin. S’ils sont sur la liste d’attente pour avoir un médecin de famille, c’est plus difficile de les amener à payer la cotisation annuelle. Nous devons faire beaucoup de sensibilisation et garder leur intérêt en diversifiant les services que nous offrons pour leur montrer qu’ils ont d’autres avantages à être membre. Par exemple, le centre de prélèvement sanguin à tarif préférentiel. Et c’est certain que nous voulons ajouter des services, mais en même temps, nos locaux sont occupés au maximum de leur capacité.

Quel est votre plus grand défi comme gestionnaire ?

Le soutien administratif que nous offrons aux praticiens est quelque chose de complexe, parce que ce sont des travailleurs autonomes. Ils ont chacun leurs façons de fonctionner, par exemple pour la durée de chaque consultation. Nous devons essayer d’uniformiser certaines choses pour faciliter le travail des deux employés de la coop au soutien administratif, mais en même temps, en préservant l’autonomie des praticiens.

Quelle est la plus grande qualité dont vous devez faire preuve comme directrice générale ?

L’écoute. Il y a un grand aspect humain dans mon travail. Je dois bien comprendre la réalité de chacun pour ensuite bien faire le pont entre les employés du soutien administratif et les praticiens. Je dois aussi avoir un excellent sens de l’organisation pour assurer le bon fonctionnement de la coop. Je ne peux pas tout changer d’un coup. L’humain s’adapte de façon progressive et il faut avancer dans le respect de chacun.