Le mentorat en entreprise privée est connu et valorisé depuis plusieurs années. En coopérative, il l’est beaucoup moins. Un peu par manque de promotion, davantage en raison de certains préjugés tenaces. Explications.

« La perception du mentorat dans l’économie sociale n’est pas la même que dans l’entreprise privée », affirme Garry Lavoie, qui participe depuis plus de 35 ans au milieu coopératif et qui est mentor pour le Réseau Mentorat. « Dans l’entreprise privée, on a eu des gens très connus qui ont beaucoup contribué à valoriser le mentorat à un point tel qu’il y a même des gens qui se faisaient une fierté d’être mentorés. Ç’a beaucoup été valorisé, ce n’est pas perçu comme une faiblesse. Dans le milieu de l’économie sociale, je pense qu’on a eu un peu à combattre ce préjugé dans le sens où les directeurs généraux, peut-être dans certains cas, craignaient que ce soit mal perçu. »

Plus récent

Le mentorat pour les milieux coopératifs est plus récent, mais son essence reste la même : des rencontres privées et confidentielles entre un entrepreneur d’expérience (le mentor) et un apprenant (le mentoré). Comme le souligne M. Lavoie, « le mentorat, ce n’est pas quelque chose qui est nécessaire pour combler un déficit, non. C’est beaucoup plus pour permettre à un directeur général d’aller plus loin dans ses réflexions. Parce que le mentorat, ce n’est pas du coaching. »

Rina Marchand, directrice principale des contenus et de l’innovation pour le Réseau Mentorat, précise que malgré les similitudes avec le domaine privé, le mentorat pour coopératives a ses propres spécificités. Parmi les notions qui diffèrent : l’équilibre entre la mission et la rentabilité financière, la gouvernance démocratique et le processus de prise de décision. « Quand on parle de coopératives, nous, nécessairement, on va jumeler des mentors qui ont une expérience du monde coopératif. On ne va pas prendre n’importe qui pour les accompagner parce que ça a vraiment des particularités et c’est important que le mentor soit au courant de ces particularités », indique cette dernière.

Accroître la notoriété

Le bassin de mentorés de Réseau Mentorat connaît une croissance, incluant en économie sociale et collective, mais Mme Marchand affirme qu’il y aurait du travail à faire sur le plan de la promotion. « Je pense qu’on est encore un secret bien gardé », avance-t-elle.

En deux ans, ça fait peut-être une trentaine de mentorés qu’on a accompagnés qui viennent de coopératives. Alors que dans le réseau, bon an, mal an, c’est à peu près 3000 mentorés qu’on accompagne.

Rina Marchand, directrice principale des contenus et de l’innovation pour le Réseau Mentorat

Ces chiffres devraient être à la hausse dans les prochaines années parce que de plus en plus d’entrepreneurs se tournent vers une gestion collaborative. « On l’a vu dans l’indice qu’on a sorti au mois de mai : on a passé le cap de la moitié des individus qui veulent entreprendre ou reprendre une entreprise à plusieurs », révèle Mme Marchand. Même si entrepreneurs ne choisiront pas nécessairement de devenir des coops, la directrice principale des contenus et de l’innovation pour le Réseau Mentorat se réjouit de la popularité grandissante du modèle collaboratif.