Il existe près de 3300 coopératives et mutuelles au Québec et plus de 11 millions de membres et clients. Leur poids économique représente 13,5 % du produit intérieur brut (PIB) québécois et elles embauchent 125 000 personnes. Si elles partagent des principes et des valeurs semblables, leur façon de fonctionner diffère selon les besoins de leurs membres. Survol.

Coop de consommateurs

Alimentation, habitation, livres, services funéraires, câblodistribution, etc., les coops de consommateurs fournissent des biens et des services à leurs membres pour un usage personnel. Véritables remparts contre l’inflation, les 1532 coops de ce type s’assurent d’offrir des prix concurrentiels, car elles ne cherchent pas le profit à tout prix. « Il y en a partout au Québec, mais c’est un modèle fort en région parce que cela permet de maintenir des services de proximité. On peut penser par exemple à une épicerie de village ou une quincaillerie », explique Marie-Josée Paquette, directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité. Daniel P. Brunette, de Coopératives et mutuelles Canada, ajoute qu’elles doivent, à l’instar d’autres entreprises, faire face au défi de la main-d’œuvre. Les coops ont aussi été affectées par les aléas de la chaîne d’approvisionnement.

Coop de travailleurs

De la traduction à l’ingénierie en passant par la foresterie, l’architecture, les microbrasseries, les ambulanciers, etc., ils sont nombreux, les secteurs d’emploi où les travailleurs ont fait le choix de devenir à la fois patron et employé. « Souvent, ce sont des employés qui vont reprendre une entreprise pour éviter sa fermeture. C’est une manière de conserver le savoir-faire. C’est une belle solution quand on sait que des dizaines de milliers d’entreprises n’ont pas de repreneurs », constate Marie-Josée Paquette. La force de 272 coops est aussi leur plus grand défi puisqu’il n’est pas toujours aisé de porter les deux chapeaux. « La gestion n’y est pas toujours une mince affaire parce que la structure décisionnelle est démocratique », ajoute la directrice. « Autre défi : racheter une entreprise requiert des capitaux importants, et ce, même si plusieurs personnes sont partie prenante du projet, ce n’est pas simple », note Daniel P. Brunette. Par ailleurs, l’entrepreneuriat collectif est souvent une bonne occasion pour les nouveaux arrivants, soulignent les deux experts.

Coop de solidarité

Le modèle est en vogue en raison de sa flexibilité, mais il existe au Québec depuis 1997. On en retrouve 607 dans la province et elles sont composées de différentes catégories de membres comme des travailleurs, des utilisateurs et des membres de soutien. Ces derniers sont ceux qui appuient le projet de coopérative en raison de son utilité sociale, mais qui n’ont pas nécessairement recours aux services offerts. « Il peut s’agir d’une coopérative d’aide à domicile composée d’usagers, de travailleurs et de la municipalité, par exemple », explique Marie-Josée Paquette. L’enjeu est que les objectifs peuvent être différents selon le type de statut de membre dans l’organisation.

Tout le monde n’est pas toujours au diapason. L’administration peut donc être plus fastidieuse et le démarrage de la coop, plus long.

Daniel P. Brunette, de Coopératives et mutuelles Canada

Coop de producteurs

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Agropur

Contrairement à ce que son nom laisse supposer, il ne s’agit pas uniquement de producteurs agricoles. Cette catégorie concerne tant des personnes physiques que morales (artistes, pêcheurs, transport, immeubles...) qui se regroupent afin de partager des biens et des services nécessaires à l’exercice de leur profession ou à l’exploitation de leur entreprise. « L’objectif est le prolongement de l’entreprise individuelle. On peut penser à une mise en marché commune comme le sirop d’érable avec la Coop Citadelle, ou encore à la transformation comme Agropur. Il y a aussi l’exportation, le marketing, la chaîne d’approvisionnement, la gestion, etc. », explique Marie-Josée Paquette. Bien entendu, il n’est pas toujours simple de faire preuve de solidarité, car les décisions d’affaires peuvent avoir un impact individuel sur les entreprises qui sont membres. « Parfois, on est témoin de sacrifices pour le bien collectif. On compte 253 coops qui ont ce modèle et je les surnomme les PME du peuple », soutient Daniel P. Brunette.