La pandémie a mis en lumière l’importance des sciences de la vie et des technologies de la santé (SVTS), qui peuvent également compter sur l’expertise en intelligence artificielle et sur un bassin de talents dans la région de Montréal. Le secteur a aujourd’hui le vent dans les voiles, se réjouissent les intervenants du secteur.

Stéphanie Doyle ne cache pas son enthousiasme lorsqu’on lui demande comment se porte le pôle santé montréalais, répondant sans hésiter qu’il va « extrêmement bien ». « Le secteur a pris une place comme jamais auparavant à Montréal. C’est celui qui a attiré le plus d’investissements étrangers l’an dernier », précise la directrice principale, Europe et sciences de la vie et technologies de la santé chez Montréal International.

Celle-ci rappelle qu’en 2019, les SVTS représentaient 1 ou 2 % des résultats de l’agence de promotion économique, soit autour de 27 millions d’investissements étrangers. En 2022, cette proportion a bondi à 19 %, soit près de 700 millions de dollars.

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Stéphanie Doyle, directrice principale, Europe et sciences de la vie et technologies de la santé chez Montréal International

On savait déjà qu’on était forts en sciences de la vie, mais là, ça se concrétise. C’est du jamais-vu.

Stéphanie Doyle, directrice principale, Europe et sciences de la vie et technologies de la santé chez Montréal International

Montréal InVivo, la grappe des SVTS du Montréal métropolitain, fait le même constat. « Le secteur est en croissance, souligne son président-directeur général, Frank Béraud. Les emplois ont augmenté. En 2021, le Québec en avait 46 900. C’est une augmentation de 18,7 % depuis 2018. » Il ajoute qu’à 5,6 %, le taux de croissance annuel composé se compare favorablement à celui des autres provinces. Celui de l’Ontario, par exemple, se situe à 1,6 %.

Toute la chaîne

De la recherche fondamentale à la commercialisation en passant par la production, tous les maillons de la chaîne de valeur se trouvent dans la métropole.

Les SVTS regroupent plusieurs secteurs d’activité, mais Montréal se concentre surtout sur les technologies innovantes. L’intelligence artificielle (IA) en santé, l’acide ribonucléique (ARN) utilisé notamment par Moderna pour les vaccins, la médecine de précision, les thérapies cellulaires et géniques, ainsi que la biofabrication font partie des créneaux d’avenir.

L’accès au marché demeure toutefois un défi pour les entreprises. « On a parfois du mal à vendre les technologies d’ici au Québec. Le système d’approvisionnement basé sur les appels d’offres et le plus bas soumissionnaire ne favorise pas les innovations. C’est donc souvent plus facile de trouver preneur en Europe, aux États-Unis ou en Australie pour un produit. C’est regrettable », déplore Frank Béraud.

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Plusieurs éléments expliquent le succès de la métropole en SVTS, mais l’un d’eux revient sans cesse : le talent.

Du talent à revendre

Plusieurs éléments expliquent le succès de la métropole en SVTS, mais l’un d’eux revient sans cesse : le talent. « Moderna a carrément dit qu’elle avait choisi Montréal pour cette raison. Le Grand Montréal est aussi la capitale universitaire du Canada. On est reconnus pour ce bassin de talents qui se renouvelle, pour McGill et l’Université de Montréal », dit Stéphanie Doyle.

Plus de 32 000 étudiants universitaires et élèves collégiaux sont d’ailleurs inscrits dans des programmes reliés aux sciences de la vie et aux technologies de la santé.

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Frank Béraud, président-directeur général de Montréal InVivo

La force de Montréal se trouve dans la recherche et la science. On a des chercheurs de calibre mondial, entre autres en neuroscience, qui sont des sommités dans leur domaine. On a du personnel très qualifié grâce à un excellent système de formation.

Frank Béraud, président-directeur général de Montréal InVivo

Montréal se définit désormais comme un pôle en intelligence artificielle, un atout dont bénéficie grandement le secteur. « Près de 30 % des activités du MILA sont aujourd’hui en sciences de la vie », remarque Stéphanie Doyle. L’intelligence artificielle permet en outre aux entreprises du secteur de découvrir de nouveaux médicaments ou d’optimiser leurs processus.

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Jubilant HollisterStier, une filière de Jubilant Pharma, a annoncé récemment un agrandissement important de ses installations à Kirkland.

Expansion importante à Kirkland

Jubilant HollisterStier, une filière de Jubilant Pharma, participe à l’essor du pôle santé montréalais. L’entreprise a annoncé récemment un agrandissement important de ses installations à Kirkland.

« L’expansion, qui vise à moderniser les locaux et à acquérir de nouveaux équipements, a été conçue avant la pandémie, explique le directeur des opérations, Decebal Gheorghe. On veut doubler notre capacité de production et doubler notre personnel. » Ce projet de longue haleine, estimé à 100 millions de dollars, devrait voir le jour vers la fin de 2026. Environ 150 emplois seront créés.

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Decebal Gheorghe, directeur des opérations chez Jubilant HollisterStier

La pandémie a renforcé le besoin au Canada de devenir autosuffisant, avec une chaîne d’approvisionnement locale de A à Z. Jubilant veut être un partenaire de choix pour réaliser cet objectif.

Decebal Gheorghe, directeur des opérations chez Jubilant HollisterStier

« On veut être prêts à affronter la prochaine crise, en continuant à se spécialiser dans le remplissage et le conditionnement des préparations injectables stériles, des produits lyophilisés et des produits ophtalmiques stériles », ajout-t-il.

Montréal International travaille de son côté d’arrache-pied pour continuer à attirer de nouveaux investissements. Ce sera à suivre dans les prochaines années.