De l’inévitable technologie à la culture en passant même par l’agriculture, les incubateurs et accélérateurs ont poussé comme des champignons dans les dernières années. Les acteurs, petits et grands, se serrent désormais les coudes afin d’atteindre un objectif commun : créer de la richesse au Québec.

« Pertubé » par la pandémie, l’écosystème des incubateurs prend aujourd’hui du mieux. « On a dû s’adapter. On a notamment revu la façon dont on déploie nos services et réinventé notre accompagnement », précise Ghyslain Goulet, président-directeur général de l’ACET, l’accélérateur de création d’entreprises technologiques établi à Sherbrooke.

M. Goulet remarque qu’on retrouve aujourd’hui des incubateurs spécialisés aux quatre coins de la province, et qu’une panoplie de nouveaux ont vu le jour avant la pandémie. Au risque de ne pas se faire d’amis, il confie qu’il y en a eu « beaucoup trop », selon lui.

« Plusieurs phénomènes, comme la crise sanitaire et la rareté de la main-d’œuvre, ont affecté le taux de création d’entreprises et de jeunes pousses. On s’est retrouvé avec des incubateurs sans entreprises, sans clients. »

C’est pour cette raison que Ghyslain Goulet salue la décision du gouvernement d’appuyer un nombre restreint d’incubateurs et d’accélérateurs plus performants. L’an dernier, seulement une dizaine ont par exemple pu profiter de l’enveloppe de 25 millions de dollars provenant de la Stratégie québécoise de recherche et d’investissement en innovation, attribuée par appels de projets.

« Ça fait en sorte qu’on est dans une nouvelle dynamique depuis cette année. Il y a moins d’acteurs dans l’écosystème et une bien meilleure collaboration. On voit une synergie entre les incubateurs qui ont été retenus dans le cadre de cet appel de propositions », se réjouit-il. L’ACET fait d’ailleurs partie de la poignée de chanceux. La proximité entre les divers intervenants permet en outre de mettre des initiatives en commun, comme des missions commerciales.

Zoom sur la commercialisation

Ghyslain Goulet estime que les incubateurs possèdent de nombreuses forces individuelles au Québec. « On a développé des expertises très pertinentes, des offres de services très pointues, notamment en accompagnement et en développement des entreprises. » L’ACET, par exemple, propose un service d’intelligence de marché et ajoutera sous peu un volet quantique à son arc.

On essaie tous de bonifier notre offre de services d’année en année pour aider les entreprises à performer. Notre mission est de créer de la richesse au Québec.

Ghyslain Goulet, président-directeur général de l’ACET

Le défi commun ? La commercialisation. « On peut aider nos entreprises à trouver leurs premiers clients ici, mais on a besoin de travailler conjointement pour la commercialisation à l’extérieur du Québec », admet le PDG de l’ACET. Trop petits, les incubateurs québécois n’ont pas le coffre d’outils nécessaire pour compétitionner avec leurs pendants ontariens ou américains, qui ont une importante force de frappe à l’international.

Propulser les entreprises d’ici

Le Camp consacre justement la majorité de ses efforts à la commercialisation. En date du 31 décembre 2022, l’incubateur de Québec avait accompagné 507 entreprises depuis sa fondation en 2015, dont 122 l’an passé. Si la majorité vient de la Capitale-Nationale, entre 30 % et 35 % d’entre elles proviennent d’un peu partout au Québec. Quelques jeunes pousses étrangères – qui ont l’ambition d’installer une antenne ou de se délocaliser dans la province – campent aussi chaque année dans les bureaux du quartier Saint-Roch.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Sébastien Tanguay, directeur général du Camp, un incubateur de Québec

Plusieurs choses ont changé depuis la création du Camp, selon son directeur général. Le stade des entreprises accompagnées n’est plus le même, explique Sébastien Tanguay. « Au tout début, on était vraiment un incubateur. On prenait les entreprises dans leurs premières étapes de vie. Au fil du temps, on s’est spécialisé en commercialisation. Nos entreprises sont plus avancées. On part d’un projet, d’un prototype, et on essaie d’en faire un succès d’affaires. »

Le Camp ne s’arrête pas à un secteur. Il se concentre sur les produits technologiques, du jeu vidéo à la santé.

Sébastien Tanguay compare la jeune pousse à une fusée, que Le Camp propulse en alimentant trois réacteurs. « Le premier, c’est l’accès à l’expertise. Des coachs, des entrepreneurs en résidence et d’autres spécialistes accompagnent l’entreprise. Le deuxième, c’est l’accès à des réseaux. Pour réussir, il faut avoir des réseaux locaux, nationaux et internationaux pour trouver des clients, des employés et des partenaires. Et le troisième, c’est l’accès au financement. On a beau avoir le meilleur plan de match, si on n’a pas d’essence dans le réservoir, on n’arrivera pas à destination. »

Sébastien Tanguay et son équipe s’activent aujourd’hui à développer de la croissance à l’étranger. Le Camp a également modifié l’utilisation de ses espaces. « D’un modèle d’incubation, où les entreprises payaient pour avoir un espace dédié, on est passé à une formule par membership, plus flexible, pour répondre aux nouveaux besoins. » Déjà 25 entreprises en profitent.