En octobre 2024, Montréal sera la ville hôte de la 15e édition de l’International Conference on Advanced Lithium Batteries for Automobile Application (ABAA). Karim Zaghib, sommité scientifique en matière d’électrification des transports au Québec, est le principal instigateur de cette candidature victorieuse. Portrait.

Karim Zaghib travaille depuis 38 ans comme microchimiste et physicien dans le domaine des batteries. Né en Algérie, il a choisi de s’établir au Québec.

« Il faut tout relier avec la transition énergétique, lance-t-il en entrevue avec La Presse. C’est une affaire de tous, c’est ce que j’explique toujours à mes enfants. »

L’électrification des transports, pour Karim Zaghib, est une mission de vie. Il le sait depuis son adolescence. « J’avais 15 ans et moi, je suis asthmatique. J’étais dans le sud de la France en vacances avec mes parents. Il y a eu un gros bouchon de circulation, j’ai été très malade et même hospitalisé », raconte-t-il.

« Parfois, on l’oublie. Des chiffres de Harvard disent que 2 millions de personnes meurent chaque année dans des accidents de la route, mais que 8 millions de personnes meurent à cause des transports liés aux énergies fossiles. Depuis ce jour-là, c’est ma passion. »

Après avoir longtemps été directeur de recherche chez Hydro-Québec, il est désormais président d’Électrification de la société, un projet de recherche de l’Université Concordia ayant bénéficié d’un financement fédéral de 123 millions de dollars en avril dernier.

Ce projet s’étend sur trois axes principaux : le développement technologique, le bâtiment net zéro (pouvant produire autant d’énergie qu’il en consomme) ainsi que les laboratoires vivants, et l’impact social. Il s’inscrit dans un contexte encore plus grand, car au total, 11 initiatives universitaires canadiennes similaires ont été soutenues à hauteur de 1,4 milliard de dollars.

L’affaire de tous

Depuis 2022, M. Zaghib est professeur titulaire de génie chimique et des matériaux à l’Université Concordia. « Les jeunes, ils sont enthousiastes. Ils savent ce qui se passe. Ils savent qu’il y a des problèmes, mon rôle, c’est de passer le flambeau. Chaque fois que je donne un cours, moi, je suis enthousiaste », sourit-il.

Il a beau transmettre ses connaissances aux étudiants, le professeur croit fondamentalement que ça va plus loin. La voiture représente encore dans nos esprits un synonyme de liberté, ce qui nuit au développement des autres transports. Surtout que la voiture électrique n’est pas du tout la « seule solution », à son avis.

« Ce n’est pas normal qu’entre Montréal et Québec puis Montréal et Toronto, il n’y ait pas de TGV. [...] Le nerf de la guerre, c’est l’argent. Le tramway à Québec est un bel exemple, mais il faudrait que la prise de conscience touche vraiment tout le monde. »

C’est une question de société. C’est votre question, la mienne. Moi, l’électrification des transports, comment je la vois, c’est un ensemble.

Karim Zaghib, chercheur en électrification des transports

Progrès encourageant

Le principal intéressé se dit également heureux du progrès fait dans les quatre ou cinq dernières années, soutenant voir « des gens courageux » qui investissent dans des projets comme celui de Solutions énergétiques Volta Canada à Granby, dont on parlera encore « dans 10 ou 15 ans ».

Et c’est sans oublier qu’on trouve toutes les ressources naturelles essentielles au domaine – à l’exception du manganèse – sur le territoire du Québec : aluminium, graphite, cuivre, fer, cobalt, nickel, phosphate et lithium.

En 2026, la conférence International Meeting on Lithium Batteries se tiendra elle aussi au Palais des congrès de Montréal, ce qui n’aurait pas été possible sans les efforts soutenus de Karim Zaghib pour une représentation québécoise reconnue mondialement.