L’essor des véhicules électriques fait souffler un vent de changement dans la formation en mécanique automobile. Le contenu des formations est en train d’évoluer pour préparer le Québec à être capable d’entretenir les millions d’automobiles électriques qui circuleront sur ses routes dans quelques années.

En 2030, deux millions d’automobiles rouleront au Québec, selon la Stratégie québécoise sur la recharge de véhicules électriques, dévoilée par le gouvernement du Québec début septembre. Ce sera autant d’automobiles qu’il faudra entretenir grâce à une main-d’œuvre formée aux spécificités de ces véhicules électriques.

L’essor des véhicules électriques ne signe pas la fin des formations en mécanique automobile.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Patrick Vallée, enseignant de mécanique automobile et mécanique de véhicules électriques à l’École des métiers de l’équipement motorisé de Montréal (EMEMM)

Un véhicule électrique demeure un véhicule, avec des roues, des pneus, des suspensions qui nécessitent de l’entretien.

Patrick Vallée, enseignant de mécanique automobile et mécanique de véhicules électriques à l’École des métiers de l’équipement motorisé de Montréal (EMEMM).

Les composants de la motorisation sont bien différents de ceux des véhicules à combustion interne. Mais le programme du diplôme d’études professionnelles (DEP) en mécanique automobile date de 2005, quand les moteurs électriques étaient presque inexistants. « Le nouveau programme est attendu de façon imminente, et il devrait inclure l’assistance à la conduite et la conduite autonome », se réjouit Patrick Vallée. En attendant, les enseignants ont adapté leurs cours pour que les diplômés arrivent sur le marché avec des compétences en mécanique de véhicules électriques.

« La mission d’un DEP est d’amener le candidat au seuil de l’employabilité dans son domaine », rappelle Patrick Vallée. Or, être capable de diagnostiquer un problème et faire l’entretien sur un véhicule électrique sont devenus des compétences de base.

La mécanique des moteurs à combustion interne sera encore enseignée dans 10 ans, prévoit Patrick Vallée. La vente des automobiles à essence sera interdite en 2035 au Canada, mais de nombreux véhicules à combustion interne circuleront encore sur les routes.

En attendant, Patrick Vallée se félicite de la vague d’inscriptions qui remplit les formations depuis deux ans, alors qu’à la fin des années 2010, c’était « difficile partout dans les écoles de mécanique », dit celui qui en est à sa quatorzième année d’enseignement à l’EMEMM. L’enseignant attribue une large part de cet afflux à l’inscription de candidats étrangers et de résidents permanents. « Il n’est pas rare qu’ils représentent plus de la moitié des élèves d’un groupe. »

La situation est différente sur le marché du travail.

La pénurie de main-d’œuvre est chronique dans le milieu automobile. On recommande des diplômés, mais ce n’est jamais assez. La demande est tellement forte !

Patrick Vallée, enseignant de mécanique automobile et mécanique de véhicules électriques à l’École des métiers de l’équipement motorisé de Montréal (EMEMM)

Passion intacte

Le marché du travail lui-même s’apprête à évoluer au fur et à mesure des orientations que prendront les garages automobiles. À Montréal, certains se sont presque entièrement spécialisés dans l’électrique, pendant que d’autres songent à mettre la clé sous la porte, se sentant incapables de participer à cette révolution de l’automobile, explique Patrick Vallée.

Les concessionnaires et les garages indépendants sont à l’affût d’un grand nombre de mécaniciens, qui commencent dans le métier aux alentours de 20 $ de l’heure. Ils peuvent espérer entre 30 $ et 40 $ de l’heure une fois devenus compagnons.

Pour la main-d’œuvre, la passion est aussi intense, que ce soit en mécanique de véhicules électriques ou en véhicules thermiques. « Pour moi, qui ai toujours aimé la performance, qui suis un passionné, le véhicule électrique m’apporte quelque chose de stimulant, car c’est un défi technologique », témoigne Patrick Vallée. « Les passionnés se sont adaptés. Beaucoup apprécient la puissance de l’accélération des véhicules électriques. C’est une autre façon de voir l’automobile. » La passion est toujours là, différente, mais bien présente.