Corealis Pharma, un des chefs de file des organisations de recherche contractuelle (ORC) au Québec, a connu une forte croissance ces dernières années. L’entreprise privée, qui était indépendante financièrement, a alors attiré les regards de la Caisse de dépôt et placement du Québec, avec qui elle a finalement conclu, en 2022, une entente de partenariat. Survol.

ArchiMed, une société d’investissement d’envergure mondiale établie à Lyon et axée exclusivement sur le secteur des soins de santé, s’est également jointe à ce partenariat au même moment. Sa combinaison d’expertise opérationnelle, médicale, scientifique et financière permet à ArchiMed d’intervenir à titre de partenaire stratégique et financier auprès d’entreprises nord-américaines et européennes dans le domaine des soins de santé.

« Pour soutenir sinon accélérer notre croissance, il nous fallait rompre avec notre tradition d’entreprise privée et indépendante et nous lier avec des partenaires pouvant nous assurer les capitaux nécessaires à notre développement », explique Yves Roy, président de Corealis Pharma. Les deux autres collègues fondateurs, Patrick Gosselin et Yves Mouget, demeurent également des partenaires chez Corealis.

Des clients américains

Fondée en 2005 par ces trois scientifiques sans expérience en administration, et ce, sans aucun financement externe autre que des emprunts, Corealis s’est rapidement distinguée auprès de l’ensemble du secteur des biotechs, si bien qu’aujourd’hui, ses principaux clients ont pignon sur rue à Boston et en Californie, ainsi bien sûr qu’à plusieurs endroits au Canada.

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Yves Roy, président de Corealis Pharma

La firme de Laval s’est rapidement imposée auprès de petites et moyennes biotechs dont le fonctionnement consiste souvent à externaliser presque tout à partir du moment où elles font la découverte d’une molécule prometteuse, explique Yves Roy.

Avec ses 50 employés, pour la plupart des scientifiques spécialisés, Corealis Pharma part du principe actif, soit la molécule déjà testée sur des animaux, pour développer le remède adapté à l’humain. L’ORC s’occupe alors des principes de fabrication en testant plusieurs prototypes.

Le but est de forcer le principe actif à faire ce que l’on veut sur l’humain, explique Yves Roy. Par analogie, le principe actif est comme le moteur qui, laissé à lui-même, est inefficace. Le rôle de l’ORC est alors de développer tout le reste en trois phases. D’abord, elle l’administre à des humains pour en déterminer les effets secondaires. Ensuite à de petits groupes de patients afin de mesurer le succès de ses interventions et, finalement, à de plus grandes cohortes dont les résultats mèneront à l’approbation du médicament par les autorités concernées.

Le contrôle au Québec

Pour investir dans les secteurs comme les biotechs, le bas de laine des Québécois va généralement utiliser des fonds d’investissement. « Mais dans notre cas, la Caisse s’est intéressée à nous directement et en est arrivée à la décision de prendre une participation minoritaire dans l’entreprise », dit Yves Roy.

Forte de cet appui et de celui d’ArchiMed, l’ORC de Laval pourrait doubler, si ce n’est tripler, son chiffre d’affaires tous les deux ou trois ans, estime son président.

La firme a investi récemment 6 millions de dollars pour agrandir ses laboratoires. Elle a aussi acheté d’autres terrains dans la Cité de la Biotech à Laval en vue de se donner de l’espace pour augmenter sa capacité de production, ainsi que pour loger d’éventuelles acquisitions, car cela aussi fait partie du plan de développement. « Dans quatre ans, ce sera vraiment impressionnant », dit Yves Roy. Et la présence de la Caisse à l’actionnariat de Corealis Pharma permettra de garder le contrôle de l’entreprise au Québec, se réjouit-il.