L’innovation passe aussi par la gestion d’une entreprise. Selon KPMG, une forte majorité des PME canadiennes affirment être engagées à intégrer les normes et pratiques dites environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Le hic, elles ne savent souvent pas comment y parvenir.

Andrew Ross, directeur des pratiques ESG chez KPMG, estime que la majorité des PME québécoises a un fort engagement envers l’intégration des critères ESG. Seul bémol, peu passent à l’action : « Plusieurs n’ont pas encore une réelle compréhension des enjeux ESG qui ont une incidence sur leur entreprise ou ne savent pas par où commencer pour passer à l’action. »

Un nouveau sondage KPMG indique que 69 % des PME déclarent ne pas disposer des données pour mesurer ou évaluer efficacement leur empreinte carbone.

Pour Andrew Ross, c’est là que le bât blesse : « Les PME veulent agir, mais elles n’ont pas toujours l’information pour le faire. »

Il explique toutefois que les PME qui ne disposent pas de données concrètes vont tout de même agir, en misant d’abord sur les critères sociaux tels que la diversité et l’inclusion en embauche.

Le cycle de vie de l’emballage

Pour Jordan Mertz, qui emploie 15 personnes à la pâtisserie longueuilloise Ô Gateries, l’inclusion en embauche passe notamment par l’équité salariale et l’aplanissement de la hiérarchie : « Nous avons une grille salariale transparente qui permet aux nouveaux employés de savoir exactement où ils se situent et comment ils peuvent évoluer. Nous les invitons aussi à être autonomes et à participer aux décisions et aux solutions même s’ils travaillent à temps partiel. »

Sur le plan des initiatives environnementales à la portée des PME, Andrew Ross cite la réduction des plastiques et matériaux d’emballage.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Jordan Mertz emploie 15 personnes à la pâtisserie longueuilloise Ô Gateries.

Chez Ô Gâteries, on pense au cycle de vie de l’emballage en se demandant d’où il vient, de quoi il est fait et comment il va terminer : « Même si les sacs en papier ciré permettent une conservation un peu plus longue, nous privilégions le papier [ordinaire] parce qu’il est plus facilement recyclable. »

Outre les pressions gouvernementales, les critères qui poussent les PME à vouloir intégrer les normes ESG sont souvent en lien avec la difficulté d’accès au financement, la crainte de perte de revenus ou les attentes des clients.

Selon KPMG, les deux tiers des PME québécoises reçoivent des questions des clients relativement à leurs engagements ESG et craignent la perte de contrats si elles n’intègrent pas des pratiques alignées avec ces normes.

Jordan Mertz confirme que sa clientèle le questionne sur la gestion des pertes alimentaires, mais il est en mesure de la rassurer : « Nous créons des paniers avec la nourriture non vendue et les offrons sur des applications antigaspillage. Nous en donnons aussi à divers organismes. C’est notre façon de nous impliquer dans la communauté. »

Comparatif

Quel que soit le critère de motivation, Andrew Ross conseille aux PME d’établir où elles se situent par rapport aux tendances de leur secteur et de miser sur les facteurs qui ont un impact réel sur l’entreprise : « Est-on en phase avec son industrie et ses parties prenantes ? Une fois ces réponses identifiées, on peut cibler les questions ESG prioritaires pour sa stratégie d’affaires. On ne veut pas se lancer dans des pratiques qui n’ont pas d’impact sur la valeur de l’entreprise. Ça doit avoir du sens d’un point de vue commercial. »

Pour le propriétaire de la pâtisserie, la recette pour bien intégrer les normes ESG au sein des petites PME est de les piloter comme de grandes entreprises : « Pour que ça fonctionne, l’entièreté du fonctionnement de l’entreprise doit avoir été réfléchie. Les processus doivent être clairs et appliqués pour pouvoir ensuite aborder des problématiques complexes comme l’environnement et réaliser des projets qui nous tiennent à cœur. »