Alexis Cousineau est l’un des rares scaphandriers au Québec. Comme travailleur sous-marin de la construction, il peut être appelé à faire de la soudure, du bétonnage, de la photographie, de la menuiserie ou de la mécanique dans des conditions souvent dangereuses.

« Il faut avoir l’appel de l’aventure, du dépassement et d’une vie hors norme, dit Cousineau. C’est extrêmement exigeant physiquement. Les corps se blessent facilement. Comme le travail est toujours sur la route, c’est difficile d’avoir une vie de famille ou de couple. »

Environ 120 personnes exercent son métier au Québec. « Ça ne répond pas aux demandes du marché. En plus, les scaphandriers travaillent deux ans en moyenne avant de changer de carrière. Ce n’est pas payé très cher. »

Ça n’a pas de sens que ça se situe dans la fourchette médiane haute des métiers de la construction, alors que c’est le plus risqué et celui qui demande le plus de compétences. Il n’y a même pas de prime danger.

Alexis Cousineau, scaphandrier, comparant son salaire à celui d’un plombier

Quand on le questionne sur les risques du métier, Cousineau évoque les dangers de travailler près de la machinerie lourde. « Lorsqu’une pelle mécanique décharge des roches et que tu dois indiquer la direction, si la communication se fait mal avec la surface, les roches peuvent te tomber dessus et la pelle peut te fouetter. C’est arrivé souvent au cours des dernières années. »

PHOTO FOURNIE PAR ALEXIS COUSINEAU

Faisant partie des rares scaphandriers au Québec, Alexis Cousineau est appelé à faire de la soudure, du bétonnage, de la photographie, de la menuiserie ou de la mécanique dans des conditions souvent dangereuses.

Sur les barrages hydroélectriques, les scaphandriers doivent réparer des fissures en composant avec une pression intense. « Tu peux te faire aspirer dans une craque et ton corps va passer au complet dans un trou gros comme une pièce de deux dollars. »

Puisque son travail est effectué avec une visibilité de 60 centimètres en moyenne, il doit bouger lentement pour ne pas faire d’erreurs. « Il faut toujours garder son sang-froid et être concis dans ses communications avec la surface. »

Dans certaines situations, l’endurance est hautement nécessaire. « Tu peux faire du marteau-piqueur dans l’eau durant cinq heures, avec les vibrations qui pénètrent ton corps de manière vraiment intense. »

Ou même passer des heures à lutter contre un courant puissant pour faire des tâches déjà exigeantes à la base. « Ça demande un niveau de concentration très élevé et soutenu. Tu ne peux pas te reposer. »

Plus on l’écoute, plus on a l’impression que les scaphandriers sont des athlètes doués pour les travaux manuels et dotés d’innombrables connaissances intellectuelles.

Durant mes études à l’Institut maritime du Québec à Rimouski, j’avais des cours de tout : chimie, mathématiques, physique, plongée autonome, en plus des techniques de bétonnage, de soudure, de mécanique et de menuiserie. C’est beaucoup, et ça va vite !

Alexis Cousineau, scaphandrier

Dans leur industrie, les contrats abondent entre la mi-août et le temps des Fêtes. « Les contrats de trois mois au même endroit existent, mais c’est souvent une semaine par-ci et deux semaines par-là. »

Alexis Cousineau dit d’ailleurs que son horaire exige beaucoup de lâcher prise. « Une mission d’une semaine peut en durer trois, alors qu’un contrat de trois semaines peut se terminer après deux jours. »

Peu importe la durée, il doit s’adapter à de nouvelles tâches, de nouveaux outils et de nouveaux risques. Sans oublier les collègues. « On est toujours en équipe de quatre : un dans l’eau, un qui tient l’ombilical, un qui gère les communications et un qui aide aux différentes tâches. Donc, tu mets ta vie entre les mains de tes collègues quand tu es dans l’eau. Il faut se faire confiance rapidement. »

Les plongeurs peuvent également gagner leur vie comme plongeurs archéologues, plongeurs d’exploration, plongeurs scientifiques ou pêcheurs. Alexis Cousineau gagne également sa vie comme pêcheur d’oursins. « On ramasse les oursins au fond de l’eau à la gratte et on ramène ça sur le bateau. Je fais ma propre sécurité. Je ne suis relié à rien. Si j’ai un problème dans l’eau, je peux être emporté par le courant. »

En action à la libération des glaces (mars, avril) et à la formation des glaces (fin septembre au début novembre), il travaille pour les Malécites autour de l’île aux Lièvres, au milieu du Saint-Laurent.