Diriger une PME dans le secteur foisonnant des sciences de la vie et des technologies de la santé (SVTS) est un défi de taille. C’est pourquoi Montréal InVivo, la grappe des SVTS du Montréal métropolitain, a parmi ses missions de les accompagner dans leur développement. Entretien avec Frank Béraud, président-directeur général de l’organisme.

Faites-nous un portrait de la place des PME dans le domaine des SVTS. Qui sont ces entreprises ?

Les sciences de la vie sont d’abord un secteur de PME : il y en a de plus en plus au Québec et elles créent de l’emploi. L’an dernier, leur taux annuel composé de croissance du secteur était de l’ordre de 5,6 % dans la province, en comparaison avec 1,6 %, en Ontario. On peut diviser les SVTS en trois blocs différents. D’abord, les entreprises en biotechnologie, qui découvrent de nouveaux médicaments ou de nouvelles approches thérapeutiques. Ensuite, les entreprises de technologie médicale, qui développent de nouveaux instruments. Finalement, on a la santé numérique, qui inclut par exemple la télémédecine. C’est un tout nouveau champ qui est en train d’exploser depuis quelques années.

Quels sont les défis auxquels font face les PME avec lesquelles vous travaillez ?

Avec l’incertitude économique, on remarque actuellement une difficulté accrue à trouver du financement. C’est un problème cyclique, qui n’est pas nouveau, mais ça reste un enjeu. Plus concrètement, on remarque aussi un grand besoin de formation et d’accompagnement chez les entrepreneurs du secteur, car nos jeunes start-up sont souvent créées par des chercheurs qui ont une très bonne formation scientifique, mais qui n’ont pas nécessairement le bagage nécessaire pour gérer une entreprise.

Quelles initiatives avez-vous mises en place pour répondre à ce besoin ?

Il y en a plus d’une ! Par exemple, on a créé le Programme de développement de l’entrepreneuriat en sciences de la vie, en collaboration avec la faculté de pharmacie de l’Université de Montréal et le Centre des dirigeants John Molson de l’Université Concordia. C’est une formation immersive de 10 mois, à la fin de laquelle les entrepreneurs présentent leur projet d’affaires à un groupe de professionnels. On offre aussi aux jeunes entrepreneurs un réseau de mentorat d’affaires spécialisé en sciences de la vie, en plus de nos comités d’experts AccélérAction, qui réunissent des experts pour conseiller les PME lorsqu’elles rencontrent des défis. C’est sans compter notre projet « Offensive de transformation numérique », qui vise à éduquer les entreprises sur l’importance d’une meilleure utilisation du numérique dans leurs processus d’affaires.

Avant d’être le PDG d’InVivo, vous avez travaillé au sein d’une PME en biotechnologie. Comment cette expérience influence-t-elle votre approche ?

C’était il y a plusieurs années ! Mais une chose n’a pas changé : être PDG d’une jeune entreprise en SVTS, c’est être sur le fil du rasoir en tout temps. Il faut dépenser pour investir, mais il faut aussi être capable de se rendre jusqu’à la prochaine ronde de financement. Tu passes ton temps à chercher de l’argent, c’est un stress énorme. J’ai toujours ça en tête quand je parle à ces entrepreneurs-là, que je trouve absolument admirables. C’est très courageux de se lancer en affaires, mais se lancer en affaires dans le domaine des sciences de la vie, c’est construire l’avion alors qu’il décolle d’une falaise. D’où l’importance d’un bon accompagnement.