Après avoir fait l’acquisition d’Isobloc l’an dernier, alors que l’entreprise était « au fond du baril », Eric Dionne ambitionne maintenant de tripler son chiffre d’affaires d’ici cinq ans. Le fabricant de blocs structuraux isolés s’y prendra en courtisant les architectes, mais aussi les entrepreneurs.

Isobloc fabrique des blocs de construction isolés qui servent à fabriquer des murs de bâtiment. Ceux-ci sont particuliers en ce qu’ils servent non seulement d’élément structurel, soit les murs eux-mêmes, mais également d’isolation, de revêtement extérieur et de finition intérieure.

Avec un chiffre d’affaires actuel d’entre 1 et 5 millions, l’entreprise et son produit restent peu connus du milieu de la construction.

« On se donne deux ans pour faire connaître notre offre. Le Québec sera notre laboratoire », dit le président et propriétaire, Eric Dionne, qui vise à tripler ses ventes en trois ans.

Sa stratégie : charmer les décideurs dans l’industrie, en commençant par les architectes.

Ceux-ci n’achètent pas les produits directement, mais ils ont la liberté de spécifier des matériaux à utiliser pour la construction d’un projet, et le nouveau propriétaire veut leur faire connaître les isoblocs.

« Neuf architectes sur dix n’ont jamais entendu parler de nous, dit Eric Dionne. On va donc travailler fort pour aller à leur rencontre et réaliser des projets signatures. »

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Eric Dionne, président et propriétaire d’Isobloc

Dans la même visée, l’entrepreneur ira aussi à la rencontre des entreprises de construction. Plus spécifiquement, il compte cibler celles qui font de la conception-réalisation (design-build), c’est-à-dire des projets clés en main où l’entreprise s’occupe de toutes les étapes de la conception à la construction.

Des licences hors du Québec

Les isoblocs ont été développés en 1984 par un inventeur québécois, Jean-Louis Béliveau. Aujourd’hui installée à Mascouche, l’entreprise fabrique entre 100 000 et 200 000 blocs par année – un bâtiment peut prendre de 1000 à 20 000 blocs, selon sa taille.

Isobloc cible d’abord les projets commerciaux et industriels. Le résidentiel est moins attrayant pour diverses raisons, notamment un fini brique intérieur peu séduisant pour le client résidentiel moyen.

L’entreprise liste une série d’avantages pour son produit : propriétés coupe-feu, imputrescibilité, efficacité énergétique élevée qui répond aux exigences du Code national de l’énergie pour les bâtiments, rapidité de construction (trois étapes de construction en une), et coûts 25 % moins élevés associés à l’accélération de l’érection des murs et à la limitation des retards.

Jusqu’ici, le produit était vendu pour sa durabilité. Nous voulons maintenant faire un pivot, et mettre de l’avant ses vertus d’efficacité énergétique, un besoin qui se fait de plus en plus sentir.

Eric Dionne, président et propriétaire d’Isobloc

Si ses plans se déroulent bien au Québec, l’entrepreneur aimerait par la suite cibler d’autres marchés, comme l’Europe et le reste de l’Amérique du Nord. Plutôt que d’exporter les blocs eux-mêmes, l’entreprise aimerait créer un système de licence, plus respectueux des principes de développement durable, selon lequel des fabricants locaux produiraient les blocs près des marchés de consommation finale.

« C’est un produit de niche, mais mature, qui répond à de vrais besoins, et qui est encore plus pertinent aujourd’hui qu’à sa création, dit Eric Dionne. Je pense que c’est une occasion d’affaires. »