En juin dernier, la Fondation CHU Sainte-Justine a lancé « Voir grand », la plus importante campagne de financement jamais menée par un centre hospitalier au Québec. L’objectif ? Récolter 500 millions de dollars d’ici 2028. Delphine Brodeur, PDG de la fondation, nous entraîne dans les coulisses de cette campagne d’envergure.

La précédente campagne de la Fondation CHU Sainte-Justine, « Plus mieux guérir », qui s’est tenue de 2013 à 2018, avait pour objectif de recueillir 150 millions. C’est finalement 255 millions qui ont été récoltés. Avec cet impressionnant résultat, la Fondation pouvait se permettre de voir grand pour sa prochaine campagne.

Déterminer les besoins

« Les besoins que l’on soutient avec la philanthropie, ce n’est pas la Fondation qui les détermine, mais bien le centre hospitalier », signale Delphine Brodeur. Ainsi, depuis la fin de la dernière campagne, l’équipe de Sainte-Justine a travaillé sur ses valeurs, sa vision et ses priorités. « Ils ont élaboré les grands projets qu’ils vont vouloir mettre de l’avant, les initiatives qu’ils allaient vouloir faire évoluer, les projets de recherche qui devaient voir le jour. »

Évaluer les besoins financiers

Une fois que la vision et les besoins sont établis, l’étape suivante est de faire l’évaluation des besoins financiers. « Bien sûr que la philanthropie ne se substitue pas aux fonds publics. On est vraiment là pour pouvoir compléter les fonds publics, et j’ai envie de dire vraiment beaucoup tout ce qui est innovation, donc recherches et innovations. C’est probablement les deux plus grands piliers que la philanthropie vient soutenir », précise la PDG de la Fondation.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Delphine Brodeur

On ne sera pas là, par exemple, pour venir financer des pousse-seringues ou un lit d’hôpital. On est vraiment là pour financer ce qui nous permet d’aller plus loin.

Delphine Brodeur, PDG de la Fondation CHU Sainte-Justine

Dresser une liste de « prospects »

Anciens donateurs, donateurs actuels, donateurs potentiels : l’équipe de la fondation s’active ensuite à dresser une liste de « prospects ». « Avec toute l’information publique, on est en mesure d’avoir de nouveaux donateurs qu’on n’a pas encore avec nous comme donateurs actifs. »

Évaluer le montant des dons

À partir de la précieuse liste, « on fait l’évaluation du montant de la demande de chacun de ces prospects-là en fonction de leur capacité connue, en fonction des intérêts philanthropiques, en fonction de leur historique, en fonction des dons qu’ils ont faits ailleurs, en fonction des conversations qu’on peut avoir eues. C’est un travail d’étude de marché, si on veut, qui va vraiment nous permettre d’évaluer, nous, notre capacité interne. »

Rédiger un argumentaire de campagne

Après avoir établi qu’elle serait capable d’aller chercher 500 millions d’ici 2028, l’équipe de la fondation a rédigé un argumentaire de campagne. « On est parti de ce que le CHU a établi – les valeurs qu’on peut apporter à la société, quelles sont leurs grandes priorités, leurs grands projets, qu’est-ce qu’on va venir soutenir – et nous, on travaille un discours philanthropique, donc un argumentaire de campagne pour venir expliquer à la population ce que ça serait, ce grand projet de société. »

Faire une étude de faisabilité

Accompagnée d’un conseiller externe, Delphine Brodeur a ensuite, pendant plusieurs mois, travaillé à la validation de l’objectif de campagne. Au cours de ce processus, une variété de donateurs a été rencontrée afin de mieux cerner leurs inquiétudes et leurs intérêts. « C’est une étude que je recommande à tout le monde qui se lance dans une grande campagne parce que c’est vraiment révélateur. Cela nous a permis vraiment de réaligner le tir par rapport à notre discours philanthropique. »

Mettre sur pied le cabinet de campagne

Pendant les cinq années au cours desquelles s’échelonne la campagne, le besoin et le soutien bénévole sont très importants. Il est donc primordial d’avoir un bon cabinet de campagne, pilier qui est déterminé conjointement avec les membres du conseil d’administration, des bénévoles de première ligne qui sont aussi derrière la démarche stratégique de la campagne. « Évidemment, on commence avec nos coprésidents d’honneur et nos coprésidents de campagne. On détermine quel serait le meilleur leadership pour cette campagne-là, pour atteindre nos objectifs. Et ensuite, vraiment en collaboration avec nos coprésidents de campagne, on détermine qui seront les philanthropes, les bénévoles que l’on va solliciter pour se joindre à notre cabinet de campagne. »

Trouver le porte-parole

La sélection du porte-parole se fait de la même façon que pour chacun des membres du cabinet. « On cherchait des gens qui avaient des valeurs très concordantes avec les valeurs de l’organisation. On a d’abord et avant tout centré notre choix sur l’humain. Parce que parfois, entre deux personnes, il y a vraiment des individus qui collent davantage à l’institution, à ce que l’on souhaitait incarner. Voir grand, pour nous, c’est se dépasser, regarder en avant, s’entourer des meilleurs talents, avoir les meilleures équipes et puis tout naturellement Félix [Auger-Aliassime, joueur de tennis professionnel] s’est imposé dans notre tête. »

Depuis le début de la phase silencieuse de cette campagne historique, 50 % de l’objectif total a déjà été engagé. Il faudra attendre 2028 pour connaître le résultat final.

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  • Où en sommes-nous ?
    Depuis le début de la phase silencieuse de cette campagne historique, 50 % de l’objectif total a déjà été engagé. Il faudra attendre 2028 pour connaître le résultat final.
    Source : Fondation du CHU Sainte-Justine