L’inflation est élevée, les taux d’intérêt aussi. En conséquence, les budgets sont serrés et l’épargne, limitée. Cela vaut-il la peine d’économiser dans un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) même si on a peu d’argent à mettre de côté cette année ? Tour d’horizon avec Antoine Chaume Legault, planificateur financier chez Gestion de capital Assante, Équipe Major.

Commençons par le début. Les règles du REER prévoient-elles un minimum pour les dépôts ? Peut-on y placer n’importe quelle somme ?

On peut vraiment mettre n’importe quel montant dans un REER. Plus on peut épargner, le mieux c’est, naturellement. Mais il n’y a pas de minimum.

Cela dit, à votre avis, est-ce que ça vaut le coup d’épargner dans un REER si l’on a réussi à mettre de côté seulement de petites sommes cette année ?

Les petites décisions financières ont un grand impact à long terme. C’est ce que j’appelle l’effet billard : quand on vise une boule qui est très près, l’angle de frappe a moins d’importance. Mais quand on doit cogner une boule à l’autre bout de la table, une différence même très légère dans la direction de l’impulsion enverra la balle à deux endroits complètement différents. C’est semblable avec l’argent. De très petites sommes épargnées de façon disciplinée au fil du temps peuvent aboutir à des sommes considérables au bout du compte, même si à court terme, on ne réalise pas l’impact de ses décisions.

Avez-vous un exemple chiffré ?

Oui, bien sûr. Allons-y avec un exemple simple. Prenons un jeune de 35 ans qui est capable d’économiser seulement 25 $ par mois jusqu’à sa retraite, à 65 ans. Cela fait une période d’épargne de 30 ans. Si l’on suppose un rendement de 6 %, cela signifie que la personne aura accumulé 24 481,41 $ dans son REER à la retraite. Comme l’argent est à l’abri de l’impôt, la somme est plus élevée que si elle avait été placée dans un compte non enregistré : à ce moment-là, la somme ne serait que de 16 381,52 $.

On s’entend, 25 $ par mois, ce n’est pas beaucoup d’argent pour la plupart des gens. Et pourtant, la somme obtenue au final est significative. C’est un voyage par année pendant plusieurs années. Ça fait une différence sur le plan de la qualité de vie à la retraite. Les jeunes ont le privilège du temps, alors ils profitent de la magie des intérêts composés.

Quels seraient vos conseils pour ceux dont le budget est serré en raison d’un fort endettement ?

C’est sûr qu’il faut toujours s’assurer de ne pas travailler de façon contre-productive. Oui, de façon générale, c’est une bonne chose de mettre de l’argent de côté. Par contre, si l’on met 5000 $ dans un REER, ou même juste 1000 $, alors qu’on traîne des dettes à taux très élevé, comme des dettes de carte de crédit à 25 % ou même des prêts auto – j’en ai vu à 12 % –, c’est sûr que l’on ne s’enrichit pas. Dans des cas comme ceux-ci, je suggérerais plutôt de payer d’abord les dettes, et ensuite de mettre en place une stratégie d’épargne systématique dans son REER.