Quand on pense REER, on pense retraite. Et pour les jeunes, la retraite, ça peut être encore loin. Pourtant, les 18-30 ans qui investissent dans un REER peuvent en tirer profit dès maintenant. Explications.

En matière de planification financière, bien que chaque cas soit unique, une recette universelle s’impose : commencer à investir tôt. Et ça, Alexanne Duchesne l’a bien compris. « Mes parents m’ont toujours appris à compter. À 14-15 ans, ils me donnaient un salaire chaque semaine pour m’apprendre à faire un budget. » En visant les cotisations annuelles maximales dans son compte d’épargne libre d’impôt (CELI) et son régime enregistré d’épargne-retraite (REER), les placements de cette ingénieure mécanique de 27 ans pourraient rendre certains adultes jaloux.

Le REER permet d’investir en vue de la retraite, mais il comporte aussi des avantages fiscaux qui peuvent aider à réaliser certains projets personnels. Tout est une question de calcul – quelles sont les économies en termes d’impôts, de crédits, de bonification de certains avantages gouvernementaux ou subventions qui vont être générées – et, comme tout ce qui touche la planification financière, les situations varient autant que les individus. « Sur le plan du REER, le gros avantage c’est le report de l’imposition. Mais au bout du compte, ça va vraiment dépendre du projet de chaque épargnant », souligne Olivier Brunelle-Delorme, planificateur financier chez Desjardins Gestion de patrimoine.

Pour l’achat d’une première propriété

Le régime d’accès la propriété (RAP) permet de retirer jusqu’à 35 000 $ d’un REER pour financer l’achat d’une première propriété. La condition à respecter pour ne pas être imposé : remettre l’argent dans le REER dans un délai maximum de 15 ans, en commençant 2 ans après le retrait.

C’est une option qu’envisage Alexanne Duchesne. « On va voir si le RAP va être avantageux ou pas. Si le RAP n’est pas avantageux dans mon cas, on va les laisser là [les REER]. J’ai déjà un cashdown anyway. Ça serait un bonus. »

Pour financer un projet personnel

Le REER peut aussi être utilisé pour financer un projet personnel comme une année sabbatique.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Olivier Brunelle-Delorme, planificateur financier chez Desjardins Gestion de patrimoine

Selon les tables d’impôt, les premiers 14 000 $ peuvent être retirés sans imposition. C’est une [solution de rechange] au REER à laquelle on ne pense pas vraiment.

Olivier Brunelle-Delorme, planificateur financier chez Desjardins Gestion de patrimoine

M. Brunelle-Delorme donne l’exemple d’un jeune qui gagne un salaire annuel de 60 000 $ et qui prévoit de prendre une année sabbatique prochainement (pour voyager, se lancer en affaires, ou tout autre projet personnel). S’il investit 7000 $ dans un REER pendant deux ans, cela générera un remboursement d’impôt d’environ 5000 $, ce qui lui fait un budget de 19 000 $ pour son année sabbatique. Considérant qu’il n’aura aucune autre source de revenus pendant cette année sans emploi, les 14 000 $ qui ont été investis dans un REER pourront être retirés sans imposition.

Pour faire d’autres placements

Le planificateur financier chez Desjardins Gestion de patrimoine signale que le REER peut avoir un effet boule de neige intéressant pour les jeunes.

« Le REER génère une économie d’impôt qui peut être utilisée pour, peut-être, contribuer au CELI ou, quand on a des enfants, utiliser le remboursement d’impôt pour réinvestir dans le REEE [régime enregistré d’épargne études] et aller chercher d’autres subventions, donc utiliser plusieurs fois la même somme pour contribuer à une stratégie mixte et investir sur plusieurs projets ou plusieurs régimes », explique-t-il.